Une société en représentation : la mode sous le Second Empire

Conférence de monsieur Pierre BODINEAU Professeur émérite de l’Université Bourgogne Franche Comté

La mode se définit comme une manière collective de vivre à une époque donnée, ainsi que l’ensemble des vêtements, parures et toilettes.

La mode sous le second Empire se caractérise par :

- pour les femmes l’ampleur de la jupe augmente;

- le costume des hommes se simplifie.

La société dans son ensemble est en quête d’élégance, grâce à la stabilité politique. L’Impératrice Eugénie, brillante et toujours en représentation, est entourée d’une cour nombreuse, et sa dimension devient internationale.

L’Impératrice entourée de ses dames d’honneur. Franz Xaver WINTERHALTER 1855 (Musée du Château de Compiègne)

L’“image“ prend de l’importance. Eugénie est assistée de nombreuses personnes pour s’occuper de ses atours : coiffeur, couturier (Worth), modiste, …

L’industrie en plein essor provoque le développement des vêtements et accessoires : métiers à tisser, machines à coudre fabriquées en série.

Ces productions sont internationales et favorisées par le libre-échange. Ainsi les accessoires font marcher le commerce : écharpes, foulards, châles, chapeaux, voilettes, sacs, fourrures, gants, bas, jarretières et autres sous-vêtements. Les ouvrières se spécialisent : corsetières, ...

Mode féminine :

Les robes s’ornent de falbalas, dentelles (de Chantilly), noeuds. Pour les réunions de salon, la soie est privilégiée, ainsi que le crêpe de Chine, le taffetas, la mousseline et autres étoffes de luxe (alpaga, cachemire, ..)

La traîne revient à la mode (à la balayeuse), ainsi que la crinoline, et le pouf à tournure garnit les jupes.

La crinoline-cage permet le transport aisé des robes. Comme à chaque heure du jour correspond une tenue, il faut des robes facilement transformables : dédoublement pour changer de corsage.

Les corsets soutiennent les jupes (jupon baleiné). Les tissus subissent les influences espagnoles, chinoises ou japonaises, et le tissu écossais apparaît.

Les bottines vernies lacées commencent à être à la mode.

Mode masculine :

L’anglomanie gagne la société : redingote à longues basques, avec parements en astrakan en hiver. Les uniformes vivent leur grande époque : pantalons collants, bottes, chapeaux haut-de-forme, début des chapeaux melons. Le bicorne à plumes se porte pour la chasse.

L’exposition universelle aide à la diffusion de cette mode française.

L’offre commerciale :

Les grands magasins qui ouvrent à cette époque (Bon Marché 1852, Louvre 1855, Printemps 1865) révolutionnent le commerce : on y trouve tout, et les tentations d’achat sont nombreuses. Ils proposent des „nouveautés“, les prix sont affichés. Les catalogues saisonniers sont diffusés.

La boutique des couturières devient un salon. Le couturier Worth est le premier à présenter ses collections sur mannequins vivants.

Les journaux spécialisés voient le jour : „l’Illustration de la mode“ en 1869. Les patrons des modèles sont proposés pour que les femmes puissent coudre elles-mêmes leurs tenues.

Enfin, le début des bains de mer à Biarritz va modifier les habitudes vestimentaires estivales.

Bibliographie non exhaustive :

„Son Excellence Eugène Rougon“ E Zola

„Au Bonheur des Dames“ E Zola

„Chérie“ E Goncourt.

                                                                                             Marie Maire


Journée parisienne

Sous une pluie battante qui ne nous quittera pas de la journée, nous nous sommes retrouvées à l’Institut du Monde Arabe pour une visite guidée de l’exposition „Sur les routes de Samarcande – Merveilles de soie et d’or“.

Cette présentation permet de découvrir les trésors de l’artisanat de l’Ouzbékistan.

Ce pays, traversé par la légendaire route de la soie, est au carrefour des peuples d’Inde, de Perse et de Chine, et a profité de tous les héritages amenés par les marchands, principalement les villes de Samarcande et Boukhara.

L’histoire de l’Ouzbékistan est une suite de conquêtes et rivalités :

- XIII° siècle : les tribus nomades mongoles de Gengis Khan envahissent les oasis;

- XIV° siècle Amir Timour „Tamerlan“ crée un vaste empire dont la capitale est Samarcande;

- 1785 : la dynastie des Manghits est au pouvoir à Boukhara, l’émir y restera jusqu’en 1800.

A partir de 1868 le protectorat russe s’étend progressivement et le gouvernement général du Turkestan s’installe.

Le 2 décembre 1920 l’armée rouge entre dans Boukhara, et en 1924 le pays devient la République socialiste soviétique d’Ouzbékistan, jusqu’à la chute de l’URSS le 31 août 1991. Depuis cette date l’Ouzbékistan est indépendant.

L’émir de Boukhara Shah Murad (1785-1800) relance l’artisanat dans un pays très largement musulman : sériciculture, tissages de luxe pour une clientèle masculine.

Les premières vitrines exposent des caftans masculins ou chapan : manteau ample et long, qui recouvre plusieurs couches de vêtements.

Ils sont brodés d’or selon trois styles distincts :

- darkham

-buttador

- daukhor.

Ils sont offerts comme cadeaux diplomatiques, les hommes peuvent en porter jusqu’à sept superposés.

Les calottes ou doppi : formes et couleurs varient selon les régions, l’âge et le statut social. Elles sont ornées de motifs floraux et végétaux, en bleu, gris et pourpre.

La robe talismanique :

Dans le monde arabo-musulman, ces robes sont une protection contre le „mauvais oeil“. Elles sont en chintz, avec inscriptions de sourates, et ornées d’un médaillon. Les broderies d’or sont très recherchées, les brodeurs (uniquement masculins) très estimés et regroupés en guildes. Le matériau utilisé est soit de l’or filé doux, soit de l’or „dessiné“.

Les femmes ont aussi leurs costumes : une robe chemise, un pantalon, une camisole, un chapan. Le tissu et les ornements indiquent l’âge et le statut matrimonial. Les broderies d’or apparaissent uniquement sur les accessoires. L’ensemble des vêtements féminins est caché par un parandja, manteau long recouvrant la tête et le corps.

L

L’apparat équestre :

Le cheval est lié aux conquêtes de territoires et au développement du commerce, un artisanat spécifique lui est dédié :

- la tenue du cavalier

- les tapis de croupe

- les selles en bois peintes

- les harnachements (argent serti de turquoises, cornaline et émail).

La décoration d’intérieur :

Les Suzanis : ce sont des tissus brodés de fils de soie, destinés à la dot de la mariée, pour décorer les murs, servir de tapis de prière ou de couvertures de lit. Les productions de Samarcande montrent le ciel avec des motifs astraux rougeoyants, le style de Boukhara est orné de fleurs et végétaux luxuriants et colorés.

Les tapis d’Ouzbékistan :

La laine est abondante dans les régions montagneuses, et les femmes la tissent et la feutrent :

- tapis à poils courts ou longs (points noués);

- tapis tissés à plat, pliables et transportables par les nomades;

- tapis brodés;

- tapis feutrés, les plus anciens.

Les bijoux :

Le bijou est lié au vestiaire féminin, il fait partie de son costume traditionnel.

Un ensemble se compose de : diadème, frontal, temporal, pectoral, collier, bracelets, boucles d’oreilles, bagues.

Plus la femme est jeune, plus les bijoux sont flamboyants. Les amulettes et talismans y sont nombreux. Le métal le plus employé est l’argent, il peut être incrusté de cornaline, corail, turquoise, perles et verre coloré. Chaque ornement a une signification propre.

L’arrivée des Russes en 1868 apportera une esthétique plus chargée

Bijou de nuque Khorezm début XX°.

Les Ikats :

Cette méthode de tissage vient d’Asie (principalement d’Indonésie) et se développera en Ouzbékistan grâce à la route de la soie.

Seuls les fils de chaîne sont teints avant le tissage, selon le dessin final, ce qui demande un travail long et précis, et aboutit à un tissu aux motifs à l’aspect flouté.

Après cette magnifique exposition, parfaitement commentée par notre guide, nous nous dirigeons vers la Grande Mosquée pour un déjeuner réparateur.

A la suite de cette pause, nous visitons la Grande Mosquée avec une guide, et malgré la pluie persistante nous pouvons admirer les jardins fleuris de ce grand édifice hispano-mauresque.

Elle fut érigée en reconnaissance aux soldats musulmans morts pour la France pendant la première guerre. La première pierre est posée en 1922 à l’emplacement de l’ancien hôpital de la Pitié, sur un terrain de 7500 offert par le conseil municipal de Paris, et l’inauguration eut lieu en 1926. C’est la plus ancienne mosquée de France métropolitaine ouverte au culte.

Les architectes Marcel Mantout, Robert Fournez et Charles Heubès en ont réalisé les travaux, d’après des plans dessinés par Maurice Tranchant de Lunel: un patio dallé de marbre de 650 m2, un minaret haut de 32 m. La salle de prières de 500 m² comporte 56 colonnes. La bibliothèque est ornée d’un plafond en cèdre algérien.

Elle abrite un Institut de formation des Imams, et contrôle la certification halal.

Dans la salle de prières le minbar a été offert par le roi d’Egypte Fouad Ier.

Elle peut accueillir 1000 personnes. Une toiture amovible recouvre le patio face à la salle de prière depuis 2011.

Les zelliges qui l’ornent ont été réalisés par des artisans de Fès et Meknès de façon traditionnelle.

                                                                                              

Marie Maire


Naples pour passion

Le Musée Magnin présente 40 œuvres napolitaines de la collection De Vito, toutes peintes au cours du XVIIe siècle.

Découverte de la peinture napolitaine, des derniers feux du maniérisme à l’affirmation de l’art baroque dans la cité parthénopéenne.

Impressionnés par Caravage, les artistes apaisent leurs compositions sous l’influence des peintres romains . A partir de 1625, le marché de l’Art à Naples se développe grâce à des grands collectionneurs. Les amateurs se montrent plus friands pour les tableaux mettant en scène des figures féminines ou des peintures liées au naturalisme.


Marie Antoinette, une reine et.....une femme

Conférence d'Irina Regin

MARIE ANTOINETTE, la fille d’une impératrice d’Autriche

 La vie à la Cour d’Autriche

Marie Antoinette est née en 1755 , elle est l’avant dernière des 6 enfants de Marie Thérèse d'Autriche.

Elle reçoit une éducation où le maintien, la danse, la musique et le paraître occupent l’essentiel de son temps, ne bénéficiant, de ce fait, d’aucune éducation politique. Ainsi, à l'âge de dix ans, elle a encore du mal à lire et à écrire en allemand, parle peu et difficilement le français, et très peu l’italien — trois langues qui étaient alors parlées couramment dans la famille impériale, sans compter son apprentissage des rudiments de latin. Nonobstant son chagrin, Marie-Thérèse prend seule en main l'éducation de ses filles et s'attache particulièrement à conclure le mariage entre le dauphin Louis-Auguste — futur Louis XVI — et sa fille Marie-Antoinette, qui doit concrétiser la réconciliation des deux Maisons les plus prestigieuses d'Europe.

Le 7 février 1770 au soir, Marie-Antoinette, âgée de 14 ans et 3 mois, est « réglée », donc prête à être donnée en mariage et à donner un dauphin à la couronne de France. Les négociations en vue du mariage sont menées à un rythme  soutenu. Dès le 17 avril 1770, Marie-Antoinette renonce officiellement à ses droits sur les couronnes de la maison d’Autriche, et le 19 avril 1770, on célèbre son mariage par procuration.

Deux jours plus tard, le 21 avril, au petit matin, la benjamine de la famille impériale, âgée de 14 ans et 5 mois, quitte définitivement Vienne.

                                                  

Marie Antoinette à l'âge de 6 ans et à 12 ans

La vie à la Cour de France

Après la mort de Louis XV le 10 mai 1744, Louis XVI devient roi et Marie Antoinette Reine Consort

Marie Antoinette devient la 1ère égérie de la mode avec des robes de saison et des coiffures différentes. Elle aimait bien les demi-teintes, le rose, le bleu…, les fleurs, les dentelles de soie, les plumes. Mais elle fut moquée pour son accent, son comportement, ses dépenses.

Son mariage ne fut consommé qu’au bout de 7 ans, Louis XVI était très timide, on lui prêta des liaisons

L’art en France au XVIII

Le Rococo, le nouveau mouvement artistique et la peinture galante

                           

 

La peinture libertine et la scène de genre

Marie Antoinette : Une reine mais aussi une femme

C’est la reine la plus portraiturée de l’Histoire bien qu’elle ne fut jamais portée sur l’art. Se faire représenter était une tâche complexe pour elle, jusqu’à ce qu’elle rencontre Élisabeth Vigié le Brun avec qui elle eut de vrais liens d’amitié.  Élisabeth Vigié le Brun fit des portraits innovants, la représenta sans corset, avec un sourire qui laisse transparaître ses dents, on la voit avec ses enfants.

Marie Antoinette : La femme, le mythe

Une figure de la culture populaire Botero

Chantal Lapostolle


Les fortifications gallo-romaines de Dijon

DIJON GALLO ROMAIN

LES FONDATIONS DE DIJON

Visite guidée par Clément Lassus-Minvielle

L’ancienne enceinte urbaine gallo-romaine de Dijon, le castrum divionense, fut édifiée entre le troisième quart du III° siècle et le début du IV° siècle.

C Lassus-Minvielle nous a guidées dans les rues du centre ville à la recherche de ses vestiges.

Le départ se fait au musée Rude rue Vaillant, où on peut voir une partie de ce mur, d’une épaisseur de 4,5 mètres, et la portelle Saint Etienne.

Un plan y figure, qui indique son emplacement originel : d’une longueur de 2100 m il protégeait la ville de 10 ha à l’époque.

Sa hauteur a pu atteindre 9 mètres, il était constitué de 2 parements enserrant un blocage de pierres et mortier. 33 tours jalonnent son tracé, ainsi que 2 portes et 2 poternes. Le Suzon traverse le Divio de l’époque.

Son emplacement est indiqué dans certaines rues par des flèches dirigées vers le sol : rue Longepierre, rue Chabot Charny entre autres.

Il faut noter que, nulle part dans la ville actuelle, le castrum n’apparaît dans les rues. Il est visible dans des jardins particuliers ou des caves, et ses pierres ont malheureusement souvent été réutilisées pour des constructions plus récentes, son utilité défensive ayant disparu à partir du XI° siècle.

Nous allons rue Chabot Charny, en notant au passage que la porte fortifiée ouvrant sur la cour Chabeuf est le seul vestige du XIV° siècle, de l’abbaye de Saint Etienne.

Au n° 43 de cette rue, l’Hôtel des Barres est édifié à l’aplomb du castrum que l’on peut voir dans le jardin au-dessus des garages nouvellement construits.

Rue Charrue, on peut voir la tour du Petit Saint Bénigne ou de la Vicomté (située rue Amiral Roussin), qui est le lieu où Saint Bénigne fut emprisonné et est mort en martyr. Une chapelle y fut construite en 1430, et la tour qui subsiste est le seul vestige en élévation du castrum.

Enfin au 7 rue Hernoux, le mur de la cave intègre une partie du castrum, on en retrouve aussi des traces au deuxième étage.

Nous avons terminé là cette intéressante visite, nous promettant de faire d’autres découvertes sur les pas de C Lassus-Minvielle.

                                                                                       Marie MAIRE


Exposition Helena Vieira Da Silva

L’OEIL DU LABYRINTHE MBA DIJON MARS 2023

Cette exposition temporaire au Musée des Beaux Arts de Dijon est organisée en partenariat avec le musée Cantini de Marseille, et regroupe 80 oeuvres de cette artiste, issues de collections privées et publiques. Elle met également l’accent sur les relations privilégiées qu’elle a eues avec ses mécènes et amis, Kathleen et Pierre GRANVILLE, donateurs du musée de Dijon.

Maria Helena VIEIRA DA SILVA naît en 1908 à Lisbonne. Elle étudie la peinture, la sculpture et la gravure dès l’âge de 11 ans.

Elle s’installe en France en 1928, se marie avec le peintre hongrois Arpad SZENES en 1930 (elle sera plus tard naturalisée française).

Ils partiront au Brésil pendant la seconde guerre, et reviendront à Paris où elle restera jusqu’à sa mort en 1992.

Son parcours artistique commence par des oeuvres figuratives,

puis elle évolue vers l’abstrait avec une prédilection pour les lignes géométriques, les damiers, qui au début répétés à l’infini remplissent toute la toile, pour ensuite se perdre sans commencement ni fin.

Certaines oeuvres font penser à des villes labyrinthiques, ou des rayonnages de bibliothèque.

Elles reflètent un questionnement sans relâche sur la perspective, les transformations urbaines et la dynamique architecturale.

Elle sera la première femme artiste à être décorée de la Légion d’Honneur en 1979.

De nombreuses expositions eurent lieu de son vivant.

La fin de sa vie est marquée par des compositions plus blanches.

                                                                                            Mars 2023       Marie MAIRE


Grammaire des immeubles dijonnais du XIII au XIX siècle

Agnès BOTTE historienne de l’art et conservatrice du patrimoine.

Madame Botté, avec son érudition coutumière, nous a fait découvrir ou redécouvrir l’évolution architecturale des immeubles dijonnais, à travers leurs détails et leurs spécificités.

- La plus ancienne habitation de Dijon est la maison du Griffon au 13 rue Chaudronnerie, caractéristique du XIII° avec son rez de chaussée en pierre abritant les boutiques, surmonté de deux niveaux et de combles.

- La maison Aubriot rue des Forges est également du XIII°, remaniée par la suite.

- Puis vient au XV° siècle la période des constructions à pans de bois, redécouvertes après élimination des enduits qui les recouvraient. Ces pans de bois sont ornés (croix de Saint André, ange de l’Annonciation et Vierge, ..) On trouve ces maisons rue Amiral Roussin, rue Vauban et rue Auguste Comte.

Entre les pans de bois, des briquettes (rue de la Liberté) ou du hourdis (maison Millière rue de la Chouette) remplissent les intervalles.

- Au XVI°, les fenêtres sont caractéristiques : accolades et meneaux. Les frontons sont triangulaires ou curvilignes, des décors apparaissent sous appui, et les façades s’ornent d’échauguettes (hôtel Le Compasseur rue Vannerie). La maison Bénigne Malyon rue Chaudronnerie (1555-1560) est la réunion de deux maisons, aux façades ornées de pierres vermiculées et en bossage.

Le chou bourguignon est un ornement répandu, de même que les cariatides ou atlantes pour meubler les trumeaux (rue Chaudronnerie maison Pouffier ornée d’un chaudron).

- Au début du XVII° place Bossuet, l’hôtel Perreney de Baleure en pierre de taille est décoré différemment : éléments feuillagés, travées alignées et toit en pavillon.

La mairie impose des toits en ardoise à la Mansart : hôtel Burteur rue de la Liberté (1725).

Toute cette rue nouvellement percée doit avoir une unité architecturale, avec des arcades en rez de chaussée pour les boutiques. De cette époque datent également l’hôtel de Ruffey rue Berbisey, et l’hôtel Esmonin de Dampierre (actuelle Préfecture), caractéristiques par leur austérité néoclassique inspirée de l’Antiquité, les corniches marquées et les larges trumeaux.

- Puis l’augmentation de la démographie pousse à l’aménagement des rues plus éloignées du centre : maison Papinot au bas de la rue Chabot Charny, symétrique de celle qui lui fait face, et avec façades en pierres de taille uniquement côté rue.

- Rue des Godrans fin années 1880, cariatides décoratives et cornes d’abondance.

- Au XIX° les grands magasins apparaissent : Au Pauvre Diable, Magasins modernes (actuelles Galeries Lafayette), A la ménagère place du Bareuzai (1897) avec coupole et vitrail.

Place Darcy plusieurs constructions s’élèvent à cette époque : à l’angle de la rue Docteur Chaussier, l’ancienne Rotonde (avec pilastres, marquise et balcon filant), ainsi que l’hôtel de la Cloche (1881-1884, prolongation rue Devosge en 1925, avec aménagement d’un second niveau de combles, angle à pan coupé).

- L’art nouveau est présent à Dijon : rue du Château (1906-1909 oriels, lucarnes, treille décorative et gros travail architectural sur les combles).

Le même architecte Louis Perreau est à l’origine d’immeubles de rapport Place Grangier, carctérisés par des lucarnes à auvents.

- En 1926-1928, l’influence de l’art déco se fait sentir place Grangier toujours (actuel hôtel Central) : sobriété, géométrie, toit plat.

- Enfin quelques constructions plus récentes :

1938 rue Docteur Chaussier, un jeu de façades concave/convexe (mais qui cache la cathédrale)

années 1970 des façades rectilignes aux fenêtres en aluminium anodisé (rue de la Liberté et place Grangier).

De belles photos illustraient cette présentation, qui a passionné les nombreuses lycéennes présentes.

                                             Mars 2023                                              Marie MAIRE


Le dijonnais Vaillant : de Waterloo au Second-Empire

VAILLANT Jean-Baptiste Philibert, Maréchal du Second Empire

Conférence de monsieur Alain PIGEARD, docteur en droit, docteur en histoire en Sorbonne, grand historien du Premier Empire.

Jean-Baptiste Vaillant nait le 6 décembre 1790 15 place Saint Vincent à Dijon (actuellement rue Vaillant), d’un père avocat et député de la Côte d’Or.

Le Premier Empire

Il entre à l’école Polytechnique en 1807, puis à l’école du génie de Metz. En 1811 il est nommé lieutenant du génie et part à Dantzig. Il rencontrera l’Empereur le 7 juin 1812 à Marienwerder.

En 1812 il est capitaine en second, puis aide de camp du général Haxo en 1813. Cette même année il reçoit la légion d’Honneur. Pendant la campagne de Saxe, il est fait prisonnier à Kulm en Bohème, et rentre en France en 1814.

Pendant les 100 jours, il est employé aux travaux de la défense des fortifications de Paris en mai 1815. Puis il fait la campagne de Belgique, et sert à Waterloo le 18 juin.

De la Restauration au Second Empire

En 1826 il est chef de bataillon, sert pendant la campagne d’Algérie en 1830. Il est blessé et rentre en France où il est nommé lieutenant-colonel en 1831 (officier de la légion d’Honneur cette même année).

En 1832 il participe au siège d’Anvers. Colonel en 1833, il est renvoyé en Algérie en qualité de directeur des fortifications en 1837.

Au décès du général d’Empire Haxo, il épouse sa veuve Pervenche en 1843 (1797-1869).

Il est promu Maréchal de camp en 1838, puis commandeur de la légion d’Honneur (1841), et grand-officier (1844).

En 1845 il est lieutenant général, et appelé au commandement de l’arme du génie dans le corps expéditionnaire d’Italie en 1849.

Napoléon III

Il est nommé comte romain héréditaire pour son rôle joué pendant le siège de Rome, et devient maréchal de France en 1851.

Cette même année il est membre honoraire de l’Académie de Dijon.

En 1852 il entre au Sénat et devient grand maréchal du Palais.

1853 : membre de l’Académie des Sciences, et Président de la commission chargée de la publication de la correspondance de Napoléon.

1854 : Ministre de la guerre (campagne de Russie et prise de Sébastopol).

Il passe au Ministère des Beaux-Arts (aménagement des bois de Boulogne et Vincennes, liberté des théâtres).

Il est toujours ministre de la Maison de l’Empereur, et préside le Conseil général de Côte d’Or (1858-1870).

Il a toute la confiance de Napoléon III, il peut d’ailleurs se livrer à l’apiculture et l’horticulture dans un jardin qui lui est concédé à Vincennes.

Il recevra 26 décorations étrangères en plus des 5 françaises, ce qui lui vaut de nombreuses jalousies.

La fin de sa vie

 Chargé de la défense des fortifications de Paris, l’écroulement du Second Empire en 1870 le prive de toute fonction.

Il part tout d’abord dans les Deux-Sèvres, puis reçoit l’ordre de quitter la France en octobre 1870. Il se réfugie à San Sebastian, et obtient l’autorisation de revenir dans sa maison natale de Dijon (qu’il a rachetée) en mars 1871. Il s’installe alors au 58 rue de Varennes à Paris où il décèdera le 2 juin 1872.

Auparavant il a légué sa propriété de Nogent-sur-Marne à la commune, mais les bombardements prussiens la dévastent. L’actuelle mairie est édifiée sur ce terrain.

Les obsèques

Elles se déroulent à Saint Clotilde le 6 juin 1872.

Puis un train spécial transporte la dépouille à Dijon où se tient une cérémonie à Saint Michel le 10 juin.

Il est inhumé dans le cimetière de la ville, alors situé au début de l’Avenue Victor Hugo.

En 1885 le monument sera transféré dans le nouveau cimetière des Péjoces, où il se trouve encore.

Sans enfants, il lègue sa maison natale à la ville de Dijon,

et son portrait peint par Horace Vernet au Musée des Beaux Arts.

Sa soeur Victoire reçoit ses décorations, elle en fait don à la ville de Dijon en 1874,  qui les donnera à son tour au musée de la Légion d’Honneur. Le petit meuble conçu exprès pour les présenter est maintenant au musée de Compiègne.

Quelques exemples de ces décorations :

Grand-croix de la Légion d’Honneur (France) 

                      Grand-croix de l’ordre de Saint Etienne

                                                        de Hongrie

                                                                                                                   Grand-croix de l’ordre

                                                                                                                           dd’Osmanié de Turquie

                                                                           

Mars 2023                   Marie MAIRE


Le quartier du Vatican à Rome : du cirque de Néron à la basilique Saint-Pierre

Conférence de Chiara MARTINI-PICOT, guide conférencière.

Aujourd’hui, le Vatican (Etat de la Cité du Vatican) est la seule monarchie élective absolue de droit divin au monde. Ses 0,439 km²  abritent 825 habitants, au coeur de Rome. Cet Etat est dirigé par le Pontife romain évêque de Rome : le Pape. C’est l’emblème de la chrétienté.

Son histoire s’étend sur 3000 ans, après avoir été un cirque, une nécropole et une basilique.

Tout commence dans une zone marécageuse au pied de la colline Monti Vaticani, en bordure de Rome : Ager Vaticanus. Cette région sujette aux inondations est traversée par les voies de circulation en provenance de Rome, et occupée par des villas avec jardins et portiques, appartenant aux riches romains (entre autres Agrippine).

Deux ponts la relient à Rome : le „pons Neronianus“ et le „pons Aelius“ (actuel Pont Saint Ange, le seul qui subsiste).

1. Le fils d’Agrippine, l’empereur Caligula (37-41) y fait construire un cirque privé, d’une longueur de 540 m pour une largeur de 100 m. Un obélisque haut de 25,5 m en orne le centre, datant du XIX° siècle avant JC (12° dynastie égyptienne).

Cet obélisque est aujourd’hui au centre de la Place Saint Pierre (depuis 1586).

Néron utilisa ce cirque pour des courses en chars privées. Ce fut également un lieu de martyre pour de nombreux chrétiens après l’incendie de Rome (64). Saint Pierre y aurait été crucifié.

2. Ce cirque est abandonné, et la nécropole voisine l’envahit progressivement. Elle s’étend sous la colline, du Vatican à la Via Triumphalis, à une profondeur de 5 à 12 m.

Le culte des morts à cette époque consiste pour les païens en une incinération du défunt, accompagnée de sacrifices d’animaux. Un banquet partagé suit cette cérémonie après 9 jours de deuil. La fête annuelle des „parentalia“ réunit les proches autour des tombes.

Les fouilles effectuées en 1929, puis de 2003 à 2006 ont permis de découvrir 40 structures collectives, 250 tombes à incinération et 230 à inhumation individuelles. Les tombes sont appelées „monumentum“. Les „colombaria“ sont les niches destinées aux urnes funéraires.

La colline vaticane s’est éboulée par la suite sur la zone des tombes à incinération.

Certaines de ces tombes sont remarquables :

- tombe des Valerii : famille d’affranchis, décorations en stuc, statue dans une niche au-dessus de la cavité de réception des défunts. Une terrasse accessible par un escalier permet les célébrations funéraires et les repas rituels.

- une tombe à incinération est recouverte par des sarcophages plus récents, décorés de mosaïques : Jonas ? Le Christ vainqueur ? : preuves d’une décoration ajoutée par une religion nouvelle.

Lorsque la famille a peu de moyens, les urnes sont déposées dans des fosses primitives, les cols d’amphores affleurent le sol pour pouvoir partager le vin avec le défunt.

- tombe de l’apôtre Pierre : l’enduit intérieur est recouvert de graffitis dont l’un atteste „Pierre est ici“. Après sa mort en 64 ou 65, les ossements sont perdus et le doute subsiste sur l’origine des os retrouvés.

3. En tous cas, l’empereur Constantin décide, entre 326 et 333, la construction d’une basilique pour accueillir les pélerins, et proclamer Rome en tant que siège de la tombe de l’Apôtre.

La pente de la colline et toute la zone deviennent constructibles, une partie de la nécropole est rasée pour construire un mur de 7 m de haut. Le cirque disparaît, les matériaux sont réutilisés.

La basilique de 8000 m² (120 m de long) comporte 5 nefs, un transept et une abside semi-circulaire abritant le trophée de Gaïus : la tombe de Saint Pierre. Un peu en contrebas du sol de la nef, cette tombe est entourée de marbre aux colonnes torsadées.

On ajoute un quadriportique pour que les catéchumènes puissent suivre les cérémonies. En son centre se trouve la fontaine de la Pomme de pin (4 m de haut), évoquée par Dante Alighieri dans „l’Enfer“. Un baptistère a disparu.

La basilique abritait la „Rota porphyretica“, où les empereurs (dont Charlemagne) s’agenouillaient pour être couronnés par le Pape, et placée dans l’actuelle basilique.

Cette basilique de Constantin fut pillée par les sarrasins en 846. Léon IV fait ériger des remparts au IX° siècle.

Au Moyen Age, le Pape vit à Saint Jean de Latran, en sa qualité d’évêque de Rome. Après les papes avignonnais (1378), le Pape revient loger à côté de la basilique dans des palais ajoutés.

4. La basilique aujourd’hui :

Cet édifice constantinien de 1000 ans a besoin d’être reconstruit : Nicolas V (années 1400) puis Jules II en 1505 décident de bâtir un mausolée.

Un concours d’architecte est lancé, qui aboutira au bout de 120 ans.

Le lancement de ce projet est à l’origine de la scission protestants/catholiques, les indulgences devant être utilisées pour son financement, ce contre quoi s’insurge le moine Luther.

Divers projets ne verront pas le jour, mais serviront à la construction définitive :

Donato BRAMANE (1505), RAFFAELLO, Baldassare PERUZZI, Antonio da SANGALLO le Jeune entre autres proposent des plans mais meurent avant leur concrétisation. Finalement le Pape Paul II confie le chantier à MICHEL-ANGE en 1547. 600 travailleurs oeuvrent pour finir les travaux : une coupole à côtes amènera la lumière (la lanterne fut ajoutée postérieurement).

Le plan est celui d’une croix latine surmontée du deuxième plus haut dôme du monde (136,5 m, diamètre 41,47).

Il meurt en 1564, la basilique constantinienne est entièrement démolie, et Carlo MADERNO doit terminer le chantier : il ajoute une nef à 3 travées. Malheureusement la façade de Maderno est disproportionnée, et cache la coupole de Michel-Ange. Il n’y a pas de hautes tours pour les clochers en raison du poids qu’elles auraient représenté.

Cette basilique est consacrée en 1626.

Les papes Urbain VII et Alexandre VII aménagent l’intérieur pour abriter les reliques de Saint Pierre : le baldaquin de BERNINI en 1624, coulé à partir du bronze issu d’antiquités. Il est surmonté d’abeilles, ses colonnes torsadées sont copiées sur le monumentum de Constantin.

Les reliques de Saint André, Saint Longin, de la sainte croix et du voile du Christ sont abritées dans la nef.

Bernini construit également la chaire de Saint Pierre en 1653 : symbole de la filiation de Dieu au Pape („la gloire du Bernin“). C’est un trône reliquaire surmonté d’albâtre, 4 sculptures monumentales en ornent le pied pour symboliser les églises réunies par Saint Pierre. Une colombe marque le pouvoir du Pape qui vient directement de Dieu.

Une statue de Saint Pierre du XIII° siècle est habillée tous les ans pour le 29 juin (fête de Saint Pierre et Paul).

La porte Nord en bronze n’est ouverte que pour les années saintes.

La place devant la basilique est ornée de l’obélisque, et d’une fontaine installée dans le même axe.

Actuellement, le Pape n’a plus de pouvoirs temporels hors du Vatican, et les accords du Latran (1929) régissent les relations entre l’Italie et le Saint Siège.

Le palais de Latran (collections du Musée du Vatican) est en territoire italien.

A l’issue de cette passionnante conférence, nous n’avons qu’une envie, c’est de retourner sur place revoir ce monument !

                                                                           Marie MAIRE


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