Visite du Musée la Chartreuse et de la Collégiale Saint-Pierre à Douai

Le Musée « La Chartreuse » : Une collection d’art époustouflante,

Le 4 mai 2023, par une belle journée ensoleillée, nous avons débuté nos visites par ce magnifique musée de la Chartreuse installé dans un ancien monastère du XVIIème siècle et dans l’hôtel particulier d’Abancourt-Montmorency de style renaissance flamande.

Ses collections, riches de 10 000 œuvres, nous font entrer dans l’histoire de l’art du Moyen-Age à nos jours et de l’Extrême Orient à l’Europe, de quoi concurrencer les plus grands musées.  

Après avoir été accueillis par M. Pierre Bonnaure, Conservateur et Directeur du Musée », et sous la houlette d’un guide passionnant, nous avons admiré des chefs-d’œuvre du Moyen-Age, la peinture flamande et hollandaise (Jean de Bellegambe,  Jordaens, Ruisdael, Rubens) la peinture italienne (Véronèse, Vasari, Caracci), la peinture française (Le Brun, Nattier, Chardin, David, Delacroix, Corot, Boudin, Renoir, Sysley, Pissaro, Dufy, Bonnard).

Focus : nous nous sommes attardés devant cette « fille de pêcheur » peinte par Jules Breton en 1876. Commandé par la ville de Douai, ce tableau fera partie des 180 œuvres pillées par les Allemands durant la première guerre. Pendant près d’un siècle, elle passera de mains en mains jusqu’en 2011 où elle réapparait sur le marché de l’art et retrouve, après d’âpres négociations, les cimaises du musée.

L’ancienne chapelle des Chartreux, superbement restaurée et à la scénographie enchanteresse, sert d’écrin à des sculptures, à des objets d’art (dont l’orfèvrerie médiévale) et à une remarquable collection de bronzes (Rodin, Bra) et de terres cuites, notamment un buste réalisé par Carpeaux (une étude pour la figure de l’Afrique que l’on retrouve sur la fontaine de l’Observatoire dans le jardin du Luxembourg à Paris).

Des jardins monastiques…

Pour finir en beauté, nous nous sommes attardés dans les jardins monastiques. La balade nous a permis de découvrir de nombreuses plantes médicinales utilisées par les moines Chartreux, qui témoignent de leurs rapports privilégiés avec cette nature aux 1 000 secrets… Après un sympathique déjeuner pris dans un bistrot « cantine » des avocats de la cour d’Appel toute proche, le temps ensoleillé nous a permis un voyage dans le temps en effectuant une belle balade dans les ruelles du vieux Douai : la place d’Armes et l’hôtel du Dauphin (18ème), l’hôtel d’Aoust, siège de la cour administrative d’Appel, l’hôtel de la Tramerie (grès pour les fondations, briques pour le mur et pierre pour les décors). Ils illustrent l’influence flamande avant que Douai ne devienne française. On traverse la place du marché aux poissons d’époque médiévale, inscrite aux Monuments historiques avec ses 14 maisons qui la bordent pour atteindre le Palais de Justice installé dans un ancien couvent datant de 1714 (dont l’une des cellules fut occupée par le célèbre Vidocq).

Et puis, nous sommes entrés dans l’institution douaisienne : le réputé magasin « l’Homme de Fer » spécialisé en quincaillerie depuis 5 générations. L’Homme de Fer veille depuis plus de 170 ans à l’entrée du magasin.  Le propriétaire des lieux nous a commenté l’histoire de ce bâtiment « Art déco » avec sa haute façade en briques, son magnifique dôme en pavés de verre, son mobilier d’origine aux multiples tiroirs et son sol en mosaïques. Dans ce magasin atypique des batteries de cuisine, moules à pâtisseries, cadeaux utiles, rares ou insolites que l’on ne trouve nulle part ailleurs, jouets en bois … se côtoient pour notre plus grand plaisir.

Il était temps de visiter

La Collégiale Saint-Pierre

Photo Paul Maeyaert

Elle impressionne d’abord par ses dimensions monumentales : 112 m de long, 28 m de large, 26 m de haut.

Erigée en Collégiale elle fut construite entre 1735et 1750 à la demande des magistrats du Parlement de Flandre. Ce vaste vaisseau accueillait également le Chapitre des Chanoines qui occupaient des postes d’enseignement à l’Université comptant jusqu’à huit collèges, dix-huit refuges d’abbayes et vingt-deux séminaires, associés aux facultés des arts, théologie, droit civil et médecine. La renommée de l’Université de Douai attira de nombreux professeurs et étudiants français et étrangers. Cette université, seconde du royaume en 1744, était un véritable vecteur de la culture française.

Cette Collégiale, classée aux Monuments historiques, allie le style gothique flamand et le classicisme des XVIIème et XVIIIème siècles. Elle contient de nombreuses œuvres d’art, notamment une impressionnante série de toiles de Maîtres, un retable et des sculptures en marbre du XVIIe. Notre guide nous a encore permis d’admirer une magnifique chaire à prier  du XVIIIe siècle et un reliquaire de Saint John Southworth rappelant que pendant 125 ans Douai offrit refuge aux catholiques anglais qui avaient fui les persécutions d’Henri VIII et d’Élisabeth.   

Et surtout, un véritable bijou : le monumental et somptueux buffet d’orgues « Cavaillé-Coll » construit en 1910 pour le Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Jamais livré en raison du déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, puis de la Révolution russe en 1917, il fut racheté par la ville de Douai.

Cet instrument possède quatre claviers et 69 jeux ; c’est un des derniers grands représentants du style symphonique français. Il est classé aux Monuments historiques.  Avec ses 4 400 tuyaux, cet orgue de facture romantique peut se comparer à celui de Saint-Sulpice à Paris.

Marie-Claude et son binôme Dominique nous avaient réservé une surprise : l’organiste de la collégiale, venu tout exprès pour nous, nous interpréta un court et émouvant récital en la mémoire de nos amies disparues, Christine Castelain, Mi-Jo et plus récemment notre chère France Chevillotte.

Autre surprise : l’invitation de ce musicien à monter jusqu’au buffet d’orgues pour en découvrir les dessous de son impressionnante mécanique et le voir jouer au plus près.

Nous avons terminé cette journée en prenant le « pot de l’amitié » sur une terrasse avec vue imprenable sur le très célèbre beffroi classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO.  Géant de grès de 61 mètres datant du moyen-âge, fierté de la cité des Géants, son carillon de 62 cloches, unique en Europe, continue de sonner tous les quarts d’heure, rythmant ainsi le quotidien des Douaisiens.

                                                                                                   Marie-Claude Couture