SAODAT ISMAILOVA - DOUBLE HORIZON - Une exposition co-organisée par Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains et le Centre Pompidou, Parsis.

VISITE GUIDEE DE L’EXPOSITION DOUBLE HORIZON AU FRESNOY LE 6 AVRIL 2023

Exposition dédiée à SAODAT ISMAILOVA en lien avec les artistes d’Asie centrale de la collection du centre POMPIDOU PARIS.

Saodat est une cinéaste Ouzbèque. Après des études de cinéma à Tachkent, elle a étudié l’art de vidéos en Italie puis a été élève du FRESNOY en 2016-18 ou elle crée les vidéos STAINS OFOXUS et DOUBLE HORIZON. Elle a reçu de nombreux prix et a été montrée à Venise et Documenta de Cassel. Elle s’intéresse aux légendes, mœurs et croyances de ces pays d’Asie centrale avant la domination soviétique.

 Les vidéos de SAODAT sont projetées sur plusieurs écrans : STAINS OF OXUS : Les images de l’Amou Daria, fleuve qui traverse l’Ouzbékistan, sont belles et retracent les croyances véhiculées par ses eaux

DOUBLE HORIZON nous transporte dans les croyances chamanistes de lévitation et voyages dans l’espace : elle a filmé le site de Baïkonour (Kazakhstan) lieu d’envoi de la fusée soviétique qui jouxte un cimetière chaman.

ZUKHRA=VENUS femme en léthargie, symbole des femmes d’Ouzbékistan en attente de leur réveil.

HAUNTED vidéo du tigre de la Caspienne dont elle fait revivre la légende au son d’un harmonica de verre 

Des installations d’artistes du musée Pompidou agrément le parcours de l’exposition Dunes de sable, feutre, bois évoquent ces peuples nomades

AKHULOV. Et que dire de cette Yourte colorée prête à décoller dans l’espace de Serge Maslow ?   Envoûtante...

Puis nous avons admiré les broderies et les créations artisanales réalisées par une artiste Yougoslave sur des bâches d’échafaudages, l’autre sur un paravent d’un Chillahona, et les formes stylisées « putonas » crées avec le corps, enfin les portraits de famille de SAODAT avec l’écriture en surimpression.

Cette riche exposition nous a fait rentrer dans le monde des légendes et coutumes disparues, et leurs images nous restent en mémoire.


LA CONFRERIE DES CHARITABLES DE SAINT ELOI - BEUVRY/BETHUNE

  • Conférence sur la Confrérie des Charitables par Cécile Leurent

A l’époque des Rois maudits, en 1188, la peste fait des ravages en France, 70% de la population vont mourir. Deux maréchaux-ferrants, Gautier, de la ville de Beuvry, et Germon, de Béthune, ont tous deux une vision dans leur sommeil : Saint Eloi, patron des forgerons, leur demande de créer une « karité », une confrérie, pour soigner les malades, donner du pain aux pauvres et ensevelir les morts. Ils se mettent en route et se rencontrent à Quinty, à mi­-chemin entre les deux villes.

La première Karité se donne comme devise : « Union, Exactitude, Charité », ils sont vite rejoints par les habitants de Béthune et de Beuvry pour l’accomplissement de leur tâche, la peste recule et disparait. Mais les Karitaules continuent leur mission. Aucun de ces bénévoles n’est touché par la maladie, d’où nait une croyance en l’immunité des Charitables, croyance transmise oralement, les archives ne datant que de 1578.

Résumé de leur histoire : les deux premières confréries, nées dans l’urgence, sont reconnues officiellement par Louis XIV.

1789 est une année noire : la lutte contre la religion aboutit à une interdiction d’exercer, tous les biens sont confisqués. Pendant la Grande Guerre, les Charitables sont présents à Lorette en 1915. Pendant la Seconde Guerre Mondiale leur ville est ravagée par un bombardement en 1944, les Allemands veulent enterrer tous les morts dans une grande fosse commune, 500 habitants et Charitables se mobilisent et apportent des cercueils… Aujourd’hui la Confrérie compte 55 membres à Béthune, 11 d’entre eux participent à chaque cérémonie, ils assurent l’égalité absolue devant la mort : pour l’indigent solitaire comme pour le notable.

La confrérie est très hiérarchisée : en y entrant on devient « Confrère », le « Chéri » (ou cher et bien-aimé) est le chef d’équipe pour les services, les « Mayeurs » ont déjà quelques années de pratique, les anciens « Prévots », puis le « Prévot » en place, et enfin le « Vénérable Doyen ».

La tenue des Charitables est remarquable : chapeau bicorne noir, manteau cape noir, col, nœud papillon et gants blancs, petite bavette bleue. Ils arborent un bâton traditionnel en bois blanc surmonté d’un bouquet fait de thym et de 3 fleurs différentes qui symbolisent les termes de leur devise.

            De la levée de corps à la mise en terre le cercueil est l’objet de toute l’attention de la Confrérie qui l’entoure, l’accompagne, selon des rites séculaires. On se décoiffe au cimetière… A la fin de la cérémonie, une dernière prière est dite par le Prévot, puis le Chéri annonce : « Notre devoir est accompli, M. le Prévot ». A la fin du service tous les Confrères se mettent en cercle et forment le « Rond », le Chéri passe en revue chaque membre et propose une amende ou « bouquet » pour chaque faute, toujours vénielle (chaussures mal cirées, bouton manquant, gants absents…), le montant de l’amende est minime et le produit permet de financer le « jambon », repas convivial.

Les ressources de la Confrérie proviennent de dons, quêtes et subventions municipales. La quête des « petits plombs » a lieu en juin : les « méreaux », monnaie de plomb, sont échangés contre des petits pains.

Temps fort de la Confrérie : la Procession à Naviaux (navets) a lieu fin septembre, les confréries de Béthune et de Beuvry partent à la rencontre l’une de l’autre, portant les reliques, la chandelle de St Eloi (qui doit guérir les malades et les animaux), les couronnes centenaires, les bannières… Elles se retrouvent à Quinty.

Les Charitables mènent aussi une action sociale grâce aux dons de la quête des « petits plombs », toujours dans l’urgence et de façon ponctuelle ils veulent éviter la concurrence avec les associations caritatives.

Aujourd’hui 35 Confréries regroupent 700 Charitables.


Atelier du Livre d'art et de l'Estampe de l'Imprimerie Nationale

Le 21 MARS 2023, nous étions 13 pour la visite de l'Atelier du livre d'art et de l'Estampe de l'Imprimerie Nationale à AUBY.

L'Atelier du livre d'Art et de l'Estampe constitue un patrimoine vivant et matériel de l'Imprimerie Nationale. Considéré comme le plus ancien atelier d'imprimerie au monde encore en activité, l'atelier du Livre d'art et de l'Estampe incarne le savoir-faire d'excellence de l'Imprimerie nationale, héritière de l'Imprimerie royale créée en 1640. Dans cet atelier sont exposées des presses typographiques à bras comme celle mise au point par Gutenberg

Au cours des cinq derniers siècles, l'Imprimerie nationale avait occupé successivement le Louvre, puis l'Hôtel de Toulouse, l'Hôtel de Rohan, et, sous Napoléon 1er, des nouveaux bâtiments rue de la Convention à Paris, avant de déménager à Evry, puis à AUBY et bientôt dans de nouveaux bâtiments encore plus grands près de la gare de DOUAI pour le Parcours Muséal de 2026.

Notre guide, passionné par son travail, nous a permis de parcourir toutes les étapes de la fabrication, du poinçon jusqu'à l'achèvement d'un livre d’art.

Un poinçon est une tige d'acier à l'extrémité de laquelle un graveur dessine et grave, en relief et à l'envers, une lettre ou une vignette (dessin). Quand l'oeuvre est satisfaisante, le poinçon, durci par un traitement thermique, est enfoncé en force dans un bloc de cuivre. La lettre ou le dessin apparaît en creux. C'est la matrice. Elle est introduite dans une machine, d'abord à la main et, depuis le XIXème siècle, dans une machine à fondre mécanique


Dans la fonderie, nous avons assisté à la fabrication de quelques-uns des milliers de caractères typographiques produits par l’Imprimerie. Un mélange de plomb en fusion à 360°, de l'étain et de l'antimoine est versé dans une matrice, durcit très vite, puis est raboté à une hauteur de 23,56 mm exactement. Ces caractères appelés plombs sont ensuite rangés dans des « cases » (casiers) et permettent aux typographes de composer le texte à la main, lettre par lettre.

Toutes les écritures du monde sont représentées en poinçons dans cette imprimerie, dont rien que 40 000 idéogrammes pour les caractères chinois. Les plus anciens poinçons remontent à François 1er. Cette collection de 700 000 poinçons est classée monument historique.

Encore aujourd'hui, l'Imprimerie Nationale conçoit des polices de caractères identitaires pour les villes, les sociétés et des administrations. Dans la partie moderne de l'entreprise, on imprime entre autres des passeports biométriques et d'autres pièces ultra-confidentielles.

Nous avons également pu assister à l'impression d'une gravure en taille douce. Une œuvre gravée directement sur une plaque en métal par un artiste est badigeonnée d'encre, essuyée plusieurs fois soigneusement avec des tarlatanes (tissus ressemblant à du tulle), puis imprimée dans une presse sur un papier humidifié. L'atelier est équipé de trois presses de taille-douce dont l'une datant du XVIIIème siècle sur laquelle ont été imprimées les gravures de Corot, Millet et d'autres artistes.

Au fil de notre visite, nous avons pu admirer différentes réalisations conservées par le musée de l'Atelier du Livre d'Art, depuis un magnifique aigle dans un grand livre ancien du temps de la découverte de l'Egypte, en passant par le Sacre de Napoléon, jusqu'aux œuvres d'artistes contemporains qui font travailler l'Atelier du Livre d'Art actuellement.

Un repas excellent au BYSTROT GOURMAND de AUBY a clôturé notre excursion.
Christina et Béatrice


"Les Muses des Artistes" - "Derrière chaque grand homme, il y a une femme" par Marie Castelain - historienne de l'Art

"les Muses des Artistes" par Marie Castelain - historienne de l'art

« Derrière chaque grand homme, il y a une femme »

Telle a été l’introduction de Marie Castelain pour la conférence qu’elle a donnée chez Christine Astruc qui avait pour thème :

LES MUSES DES GRANDS ARTISTES

Suzanne, Dora, Louise, Marthe, Bella et bien d’autres ….

Toutes ces femmes ont ébloui et inspiré des grands maîtres à différentes époques de l’histoire de l’art.

Ces modèles inspirants ont su nouer un dialogue fécond dans le secret des ateliers.

Mais qui sont ces égéries d’exception qui se cachent derrière ces chefs d’œuvre ?

Souvent des femmes au destin tragique.

           

Suzanne Valadon posera pour Pierre Puvis de Chavannes et André Lotte avant de devenir la muse de Renoir (« Danse à la Ville », « Femme à la toilette »). Suzanne, la mère d’Utrillo, partagera ensuite, pendant deux ans la vie de Toulouse Lautrec. (« Gueule de bois », « Poudre de riz »)

Elles sont devenues immortelles mais sont pourtant méconnues. Derrière ces beautés figées se profilent des personnages bien vivants souvent restés dans l’ombre.

Louise Weber dite « La goulue » sera l’égérie de Henri Toulouse Lautrec mais  finira alcoolique et dans un  grand dénuement.

Jeanne Hébuterne, la muse  Modigliani, ne survivra qu’un jour à la mort de son amour… Le 24 janvier 1920, Modigliani meurt à l’hôpital, de trop de tuberculose et d’alcool. Le 25 janvier, sa jeune compagne se défenestre, enceinte de 8 mois.

« Kiki de Montparnasse »    de son vrai nom Marie Prin, fut recueillie par Chaïm Soutine avant de  devenir la muse de Man Ray et le modèle de nombreux peintres dont Amedeo Modigliani.  « Noir et Blanche, Portrait de Man Ray »

Marthe, la « femme mystère »  cachera longtemps sa véritable identité à Pierre Bonnard avec qui elle vivra pourtant plus d’une trentaine d’années. Elle mourra de la tuberculose  en 1942 (« Marthe dans son bain », « Nu à contrejour »).

Bella Rosenfeld, l’âme sœur de Marc Chagall, toute puissante et protectrice qu’il épousera en 1915 («Les amoureux »). Elle sera sa muse, sa complice pendant trente –cinq ans et par-delà la mort.

       

Enfin , les muses de Pablo Picasso : Fernande, Eva, Olga la ballerine russe qui lui donnera un fils,  Marie-Thérèse de trente ans sa cadette (« Nu, feuilles vertes et buste ») qui donnera naissance à Maya, Dora Maar, peintre et photographe qui aura une influence déterminante dans sa période cubiste (photo ci contre), Françoise Gilot (la mère de Claude et Paloma) et enfin Jacqueline Roque  avec qui il finira sa vie, en 1973 (« Jacqueline avec des «Fleurs »).

Parfois la muse peut être un homme ou un jeune garçon, très beau. George Dyer, l'amant de Francis Bacon s'est suicidé - Histoire d'un malentendu amoureux

Une conférence passionnante, magnifiquement illustrée qui nous permet de compléter la citation de Fabien Sullivan Grandfils mise en exergue :                                   

« Derrière chaque grand homme se cache une femme, mais pourquoi ne pas dire une grande femme ? Après tout si l’homme est grand c’est en partie grâce à elle. La femme doit être là pour épauler son homme et le propulser au sommet pour qu'il soit grand ».

Emmanuelle David


Médecine génomique, Médecine de demain ? espoirs et illusions

Médecine génomique, Médecine de demain ? espoirs et illusions

Conférence passionnante par le Professeur Sylvie Manouvrier- Département universitaire de Lille - Clinique de Génétique Guy Fontaine du CHU de Lille.

La médecine génomique

La génétique médicale est une discipline récente dédiée aux patients atteints de maladies génétiques (qui sont souvent des maladies rares mais touchent plus de 5% de la population) 

Rappelons que notre corps est constitué de cellules qui proviennent toutes de la première cellule, union de l’ovocyte et du spermatozoïde.

Au cœur de chacune d’entre elles se trouve le noyau qui contient les chromosomes. Ces derniers sont constitués d'ADN qui porte les gènes, qu’on peut comparer à des recettes nécessaires au développement puis au fonctionnement des divers organes et tissus du corps.

Les techniques d’analyse de la totalité de l’ADN du noyau d’un individu (son génome) sont de moins en moins couteuses.

La génétique médicale a pour objectifs le diagnostic des maladies génétiques et, grâce à l’expertise des généticiens, la prise en charge des patients de manière :

  • Prédictive : connaitre la(es) maladie(s) risquant de se déclarer chez une personne avant l’apparition des premiers symptômes ;
  • Préventive : prévenir des récidives (par diagnostic prénatal ou préimplantatoire en cas de maladie grave et non curable) ou mise en place des mesures de prévention de la maladie avant qu’elle n’apparaisse chez des personnes à risque ;
  • Participative (avec l’accord de la personne)
  • De précision, plutôt que Personnalisée.

Le généticien a également un rôle important dans l’information génétique au patient et à ses apparentés.

Cependant, les choses sont plus complexes qu’il n’y parait car :

  • Le génome nucléaire (l’ADN du noyau des cellules) n’est pas le seul que possède une personne : il y a aussi l’ADN contenu dans les mitochondries (petites structures contenues dans les cellules à qui elles fournissent l’énergie), celui des millions de bactéries qui colonisent l’intestin et dont les variations peuvent être des facteurs favorisants ou protecteurs de nombreuses pathologies et, en cas de tumeur maligne, l’ADN tumoral qui a subi des modifications par rapport à l’ADN constitutionnel de la personne ;
  • L’environnement interfère avec le capital génétique et certaines variations génomique peuvent être délétères dans un environnement ou constituer un avantage dans un autre ;
  • Être capable de séquencer la totalité des 3,2 milliards de paires de bases ATGC d’un individu ne signifie pas qu’on en connaisse pour autant la signification. En effet, d’une part les parties codantes de l’ADN (gènes = recettes) ne représentent que 2% de ce dernier, le reste portant les éléments régulateurs permettant aux gènes de s’exprimer au bon moment et dans les bonnes cellules (or ces éléments régulateurs restent très mal connus) ; d’autre part, il reste souvent très difficile de connaitre réellement les conséquences des milliers de variants identifiés chez chaque individu.

Si le séquençage est maintenant automatisé et réalisé en quelques jours, l’interprétation d’un génome nécessite le recours à une bio-informatique puissante et à l’intelligence humaine pour confronter les données obtenues et la clinique.

Il faut parfois des mois voire des années pour obtenir un résultat fiable. Et les analyses doivent être réinterprétées au fur et à mesure des progrès des connaissances.

  • Enfin, l’interprétation correcte du génome d’un individu nécessite de pouvoir le comparer à celui des ses parents, qu’il faut donc pouvoir prélever eux aussi.

Néanmoins, la médecine génomique a un intérêt majeur dans les maladies rares (et d’autres), que ce soit au niveau du diagnostic, car d’un diagnostic de certitude dépend souvent l’amélioration de la prise en charge et la prévention des complications (par exemple le diagnostic étiologique de la déficience intellectuelle est passé de 12% à 45 %) ; ou de l’information génétique du patient et de ses apparentés.

La médecine génomique permet aussi d’adapter les traitements : par exemple administrer la bonne dose d’un médicament en fonction de la sensibilité individuelle à ce dernier ; ou choisir la molécule adaptée au génome tumoral.

Si la médecine génomique comporte donc déjà d’importantes avancées et suscite beaucoup d’espoirs, il n’est pas inutile d’en connaitre aussi le revers de la médaille, notamment les questions éthiques soulevées par les découvertes dites additionnelles.

En effet, l’analyse complète du génome ne peut être ciblée sur les gènes potentiellement impliqués dans la pathologie justifiant l’analyse.

Elle risque donc d’identifier des anomalies sans lien avec le motif de la prescription et qui pourraient avoir un impact sur la santé du patient et/ou de ses apparentés, mais dont la signification réelle peut rester incertaine en l’absence d’histoire familiale ou personnelle.

D’autre part, certaines variations identifiées peuvent constituer un facteur de prédisposition (obésité, diabète, difficultés scolaires…) parfois très faible et toujours largement impacté par l’environnement.

La question du réel intérêt de le savoir versus l’impact délétère de cette révélation sur le regard que des parents peuvent poser sur leur enfant doit être posée.

Actuellement, en France tout patient présentant une pathologie pouvant avoir un caractère génétique peut bénéficier d’une analyse génétique ciblée sur sa pathologie (par exemple 80 gènes de surdité ; Plus de 500 gènes de déficience intellectuelle ; gènes de prédisposition aux cancers …) prescrite par un médecin quelque soit sa spécialité.

Ces analyses sont adressées dans un des laboratoires nationaux agréés experts de la pathologie.

En revanche l’analyse du génome complet ne peut être prescrite que par un généticien compte tenu de sa complexité qui doit être bien expliquée au patient.

Chez les patients qui ne sont pas eux-mêmes malades mais chez qui une analyse génétique est nécessaire soit parce qu’ils sont susceptibles d’avoir un enfant atteint d’une maladie génétique, soit parce qu’ils sont eux-mêmes à risque de développer une maladie identifiée chez un de leurs parents (médecine prédictive), l’analyse ne peut être prescrite que par un médecin généticien.  

Les analyses génétiques accessibles sur Internet : génétique récréative, mais pas que !

Malgré leur interdiction en France, de multiples propositions d’analyse génomique sont accessibles sur Internet à partir de pays étrangers (USA, Chine, Inde …).

Elles vous proposent parfois de connaitre vos ascendances (ce qui peut rester récréatif, même si assez peu fiable), mais aussi des tests de paternité, d’identifier le « bon » partenaire … et parfois vos éventuelles prédispositions aux maladies (cancers, pathologies cardiovasculaires etc.).

Ces analyses manquent de fiabilité et ne peuvent être correctement interprétées en l’absence de données médicales et familiales.

Ne vous laissez pas tenter !


Conférence sur LES MIGRANTS

Conférence sur LES MIGRANTS

par Odile LOUAGE ,historienne

"La question des migrations est devenue très politique. Mais avant de prendre parti et de savoir si les frontières doivent devenir des barrières ou des ponts, il est important de replacer le phénomène dans le temps et de comprendre les réalités démographiques, puis d’analyser sereinement un sujet complexe, de comprendre quelles sont les questions qui se posent et quelles sont les réponses administratives et politiques"

Les migrations ont toujours existé

1 - Colonisation de l’Europe au néolithique

2 - Expansion européenne au XIX° siècle

Demandes d’asile

Sur l’ensemble des dossiers  de demandeurs d’asile  en 2020 :

25,8  % ont obtenu l’asile ou la protection subsidiaire

 Les Lois de naturalisation  évoluent :


Conférence sur« l’Intelligence artificielle au service de notre quotidien et de la médecine » par Margaux Irondelle et Cédrik Delannoy , Sales Leaderschez Incepto et Nicolas Laurent, Chef de Pole du CHU de Valenciennes

Nous étions quelques-unes à participer à cette conférence intéressante, à l’initiative du Rotary Lille Vauban, qui abordait essentiellement l’avenir. La société Incepto médical, startup française, leader dans le domaine de l'Intelligence Artificielle (IA) en imagerie médicale, nous présente l'évolution de l’IA, de son apparition à son utilisation dans le domaine médical.

Peut-on avoir une totale confiance dans cet outil d'assistance ? Peut-il remplacer l'homme ? Quelle place prendra-t-il dans nos vies futures ?

D’un point de vue historique, le développement de l’IA s’étale de 1950 - avec le test de Turing qui permet de déterminer si une machine est "intelligente" - à nos jours .

Le terme Intelligence Artificielle (IA) est employé pour la première fois lors de la conférence de Dartmouth, atelier scientifique organisé durant l'été 1956.
Après des périodes « d’Hivers et de Réveils », c’est au cours des années 2010 à 2017 que le boom des assistants virtuels s’est produit (Apple Siri 2010, Google Now 2012, Microsoft Cortana 2014, Amazone Alexa 2015, DeepMind Google 2017 : apprend elle-même à marcher) et que l’IA est apparue dans nos smartphones et dans notre quotidien à travers différentes applications.
Le volocopter – taxi volant – qui utilise la technologie du drone sera commercialisé pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.

La puissance de l’IA permet la résolution de problèmes complexes : reconnaissance d’objet, processus de production, prise de décision en temps réel dans les centres de contrôle des aéroports, domaine médical, etc…

Dans le domaine médical, elle permet de soulager les tâches répétitives : compte-rendu d’imagerie, prise de rendez-vous (Doctolib, Kelldoc), optimisation des rendez-vous, réalisation semi-automatisée de planning médical…
Elle répond également au défi démographique et de l’augmentation des besoins en santé : vieillissement de la population, diminution du nombre de médecins (numérus clausus) .
Elle améliore la productivité des machines d’imagerie en augmentant le nombre de patients pouvant être pris en charge par équipement, en réduisant les délais en apportant des solutions d’aide au diagnostic en mammographie, et en améliorant les performances des dépistages.

Néanmoins, il y aura toujours besoin de médecins radiologues pour faire la synthèse des informations à exploiter dans les examens. Ce métier va changer et permettra de passer plus de temps sur les dossiers complexes.

L’IA préfigure de belles perspectives :

  • Homogénéisation des diagnostics et prise en charge, qualité des soins,
  • Médecine personnalisée pour mieux soigner,
  • Et médecine prédictive pour éviter l’apparition de maladies.

"L’intelligence reste néanmoins humaine et c’est rassurant"


Frida Khalo, par Marie Castelain, historienne de l’Art

Frida Khalo, par Marie Castelain, historienne de l'Art

C’est assurément l’artiste mexicaine la plus connue au monde et une des figures les plus influentes du XXème siècle.
Frida naît en réalité sous le nom de Magdalena Frida Carmen Kahlo y Calderón, dans la « Casa Azul » (« La maison bleue ») le 6 juillet 1907, d’un père allemand et d’une mère mexicaine ; cette date anniversaire, Frida la récusera toujours et choisira celle du 7 juillet 1910. Ce n’est pas là un hasard ! Une longue et douloureuse révolution mexicaine débute cette année là qui durera plus de 10 ans et que le romancier Graham Greene a décrit dans « la Puissance et la Gloire» Et Frida s’en veut l’héritière.

La petite enfance de Frida est heureuse mais à 6 ans la poliomyélite lui fait perdre l’usage de sa jambe droite. Les quolibets dont l’affublent ses compagnes (« Frida la boiteuse ») n’entament en rien sa détermination de devenir médecin. C’est sans compter sur la tragédie à venir : l’année de ses 18 ans, le bus dans lequel elle se trouve entre en collision avec un tramway : l’abdomen de la jeune fille est transpercé par une barre de fer ; une trentaine d’opérations seront nécessaires pour consolider sa colonne vertébrale. Contrainte de renoncer à la médecine, la peinture va la sauver. Ses parents lui installent un chevalet et un miroir au baldaquin de son lit qui lui permettent de peindre tout en restant couchée.

Sa peinture devient alors porte-parole de sa souffrance. « La colonne brisée » illustre de façon poignante sa douleur.
« Je n’ai jamais peint de rêves, mais ma propre réalité. »

En 1928 Frida s’inscrit au Parti Communiste mexicain et veut défendre l’émancipation des femmes mexicaines. La même année elle rencontre Diego Rivera, un colosse de vingt ans son ainé, célèbre pour ses fresques murales qui retracent l’histoire du Mexique. Elle l‘épouse en 1929. De lui, elle connaîtra toutes les infidélités jusqu’à leur divorce puis leur remariage.

« J’ai eu deux accidents graves dans ma vie. L’un à cause d’un bus, l’autre ce fut Diego. Diego fut de loin le pire », a écrit l’artiste.

Malgré tout, ils se vouent une extraordinaire admiration mutuelle. Inséparables.
Mais, en femme libre, Frida s’autorise elle aussi des aventures, notamment avec le révolutionnaire Léon Trotski et bien d’autres encore, hommes ou femmes. Avec Diégo elle découvrira Les Etats-Unis et la France. En 1953, son amie Lola Alvarez Bravo organise sa première exposition personnelle à Mexico. Lors du vernissage, son médecin lui ayant interdit de se lever, Frida arrive, au milieu de ses amis, sur son lit d’hôpital, parée de bijoux.

Elle assiste enfin à la reconnaissance de son travail. Elle meurt un an plus tard le 13 juillet 1954. Elle nous laisse une œuvre hautement autobiographique de 143 tableaux dont 55 autoportraits. La peinture a permis à Frida d’atténuer ses souffrances tout comme celles-ci ont nourri son art.


Conférence sur le syndrome d’Asperger par Marie Cécile et Vianney

Conférence sur le syndrome d’Asperger par Marie Cécile et Vianney

Ce fut un moment fort. Vianney, un beau jeune homme, d’une trentaine d’années, au sourire chaleureux est venu avec sa maman, Marie Cécile nous parler du long parcours, mené ensemble et avec le noyau familial pour surmonter les difficultés rencontrées – sociales, comportementales, intellectuelles et l’accompagner au mieux dans cette intégration.
Le syndrome d’Asperger a été pour la première fois décrit en 1943 par le Dr Hans Asperger, un psychiatre autrichien, et défini cliniquement par la
psychiatre britannique Lorna Wing en 1981.
Concrètement, le syndrome d’Asperger fait partie des troubles du spectre autistique, ou TSA. Les symptômes de ce type d’autisme sont bien particuliers. Les enfants diagnostiqués tels ne présentent généralement pas de retard du langage, ni de déficience intellectuelle. Ce fut le cas de Vianney. Pour autant, dans l’enfance, la communication s’avérait difficile, souvent limitée à l’expression des besoins primaires ; les gestes étaient stéréotypés et le besoin de routine dominait dans les jeux et les activités quotidiennes. La situation de Vianney n’évoluera guère en maternelle « ordinaire », la maltraitance s’ajoutant à l’hyper sensibilité sensorielle.
Après un bref séjour en Belgique Vianney va rejoindre un Institut Thérapeutique Educatif (ITEP) dans le Nord puis un établissement pour déficients visuels où il restera de la 5ème à la 3ème et enfin un lycée où il passera un bac technologie en 2013.
Que de chemin parcouru ! Que d’obstacles franchis ! Ensemble : Vianney et ses parents, ses frères et sœurs. Pendant toutes ces années Vianney a évolué, grandi, apprivoisé le monde extérieur ; il s’est enrichi d’expérimentations multiples. Les sciences l’attirent : il passe un DUT de physique générale puis une licence professionnelle MEB (Métrologie en Mesures Environnementales et Biologiques) .
Malgré les immenses progrès accomplis, certaines activités restent difficiles, notamment la manipulation d’objets et l’organisation des travaux pratiques. Plusieurs stages en entreprises vont enrichir sa formation. Aujourd’hui Vianney est ingénieur d’étude au Laboratoire d'Optique Atmosphérique qui est une Unité du CNRS située sur le campus de l'Université de Lille.

Grâce à l’association ISRRA, Vianney a pu bénéficier d’un logement encadré par des accompagnateurs. Aujourd’hui il vit dans un appartement totalement autonome avec des aides médico-psychologiques (courses, repas, entretien du logement). Certaines tâches restent encore compliquées: ranger ses affaires, savoir à qui s’adresser pour résoudre un problème, s’adapter aux changements, résister à certaines phobies notamment
sensorielles (en particulier le bruit) ou visuelles (les néons, les lampes qui clignotent).
Différentes aides ont permis à Vianney d’évoluer : séances d’ergothérapie, aides au repérage dans l’espace, tutorat pédagogique et méthodologique.
Aujourd’hui Vianney est vice-président de l’Association des Autistes Asperger, l’Ass des AS.
Créée par des parents en 2007 pour faciliter la vie des personnes Asperger l’association a pour objectif d’être un lieu d’échanges entre personnes Asperger, parents et professionnels.
Passionné de sport, Vianney nous a confié ses deux prochains défis : passer son permis et fonder une famille.
Un immense merci à lui et sa maman pour cette magnifique leçon de vie !


Visite guidée de l’Eglise Saint Joseph à Roubaix et de l’Eglise Sainte Thérèse à Wattrelos

Visite guidée de l’Eglise Saint Joseph à Roubaix et de l’Eglise Sainte Thérèse à Wattrelos

L’Eglise Saint Joseph. Cet édifice néo-gothique conçu en 1876-1878 par l’architecte J.B Béthune, à l’initiative des industriels du textile de Roubaix, restauré de 2014 à 2020 fait maintenant partie du patrimoine historique. Sa façade stricte, en briques et dans l’alignement des maisons, ne laisse en rien deviner la flamboyance de couleurs que l’on découvre en entrant. Vitraux somptueux épargnés par la guerre et statuaire sint une véritable cathéchèse ; le vitrail Saint Joseph une leçon sur les responsabilités des pères de famille. Sur les murs, reprise en clins d’œil des motifs utilisés sur les tissus.

Une guide bénévole, catéchiste et passionnante nous a appris le cérémonial de la dédicace du nouvel autel : il est lavé en rappel de l’eau du Jourdain. Cinq croix sont gravées dans la pierre d'autel rappellent les cinq plaies du Christ. Ces croix sont jointes avec le Saint Chrême et l’autel est recouvert d’un linge.

L’Eglise Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus fut construite en 1927 par l’architecte Charles Bourgeois, sur les fonds propres du curé de la paroisse, l’Abbé Delebart, issu d’une riche famille textile et grâce aux dons des paroissiens. Et ce à la demande des ouvriers nouvellement installés qui souhaitaient un lieu de prière. Elle a été inscrite au patrimoine historique en 2005 .

De style Art Déco elle a été bâtie en pierre reconstituée en aggloméré de ciment. La façade en céramique bleue est assez déconcertante. Le décor conçu autour du thème de la rose, symbole de Sainte Thérèse, est particulièrement homogène ; la rose est partout : mobilier, vitraux, céramiques, mosaïques, voutes, porche, carrelage, fonds baptismaux.

Bien que différentes, ces deux églises l’une néo-gothique, l ‘autre Art déco , ont un point commun : leur construction a été décidée dans un souci de rassemblement communautaire :

  • A Roubaix, dans le quartier de l’Alma pour unir et réunir ouvrier du cru et émigrés. Tous pratiquant la même religion, ce fut relativement facile et le projet généra beaucoup de solidarité dans ce quartier pauvre.

  • A Wattrelos, dans ce nouveau quartier du Laboureur, peuplé d’ouvriers, il fallait aussi un lieu de dévotion et de réunion.

Une des étymologies du mot religion est « religare » : lier, relier. La religion commelien, lien social. Ces deux édifices ont bien rempli leur mission. Mais qu’en est-il de nos églises aujourd’hui ?