C’est avec beaucoup de savoir et un brin de fantaisie que Suzanne, membre de l’association « Les Amis de  Mathurin Méheut », a reçu chez elle une vingtaine de lycéennes  pour leur présenter la vie et l’œuvre du peintre breton.

 Méheut nait à Lamballe dans une famille d’artisans et s’intéresse , très jeune au dessin. Peintre, dessinateur, illustrateur, graveur, décorateur, céramiste Méheut  travaille sur tous les supports et avec toutes les techniques.

 En 1902, missionné par la revue Arts et Décoration, pour laquelle le jeune Méheut travaille, il rejoint la station marine de Roscoff où il mène auprès des scientifiques des études sur la flore et la faune marine. Il réalise alors des milliers de croquis très réalistes de grand intérêt pour les scientifiques. En effet, son trait de crayon très précis permet de mettre en valeur des éléments non visibles sur une photographie. Un livre illustré, «  L’étude de la mer »,  et une première exposition au pavillon Marsan en 1913 sont un véritable succès. La puissance de son trait et la maitrise des couleurs suscitent des critiques très élogieuses. Premières acquisitions par le Musée océanographique de Monaco et le Musée du Luxembourg.

 Grâce à une bourse de la fondation Albert Kahn il part avec son épouse en 1914, d’abord aux Etats Unis où il s’attarde à peine, puis à Hawaï qu’il trouve sans intérêt et enfin au Japon. Là, il se passionne pour la culture nippone et acquiert la technique du cadrage auprès des peintres japonais. Technique qu’il n’aura de cesse d’utiliser tout au long de sa carrière.

 Il est rappelé en France et incorporé à Arras  en octobre 1914 . Affecté au service topographique  et cartographique des armées, il réalise des croquis de repérage pour l’état-major.

 Après la guerre, il enseigne à l’école Boulle et en 1921 il est nommé peintre officiel de la Marine.

 En 1921 une deuxième exposition au musée des Arts Décoratifs suivie en 1923 d’une exposition à San Francisco lui assurent une renommée mondiale.

 Avec un coup de crayon qui va à l’essentiel il évoque l’histoire d’une vraie Bretagne. En peignant  les pardons, les scènes de port, les belles sardines, il nous immerge au cœur de la société bretonne travailleuse et pieuse de la première moitié du XXème siècle. Par cette volonté d’observer le monde et de s’en faire le témoin fidèle et précis, il apporte un témoignage ethnographique. On dit de lui qu’il est le peintre des réalités quotidiennes.

La grande Troménie (détail)

 Reconnu également comme un artiste décorateur, il réalise de nombreuses commandes pour la faïencerie de Sèvres et Villeroy et Boch, pour des restaurants et notamment Prunier pour lequel il dessine des assiettes,  illustre le livre écrit en collaboration avec Colette «  Regarde par Colette et Méheut » en 1929 , réalise des panneaux décoratifs et des fresques : le hall des nations de l’immeuble Heitz à Pittsburg en 1930,  participe à l’exposition coloniale de Paris  en collaboration avec la Manufacture de Sèvres (1931), travaille à la  conception des décors de la villa Miramar de Albert Khan ( 1929),  aux décors des paquebots de la compagnie générale transatlantique, décore le pavillon de la Bretagne et celui de la marine marchande à l’exposition internationale de Paris en 1937, élabore le carton de la tapisserie Allégorie à la vie marine pour les Gobelins (1939) …

 La richesse de ses œuvres, la diversité des techniques expérimentées font de Méheut un artiste prolifique et inclassable . Il traverse imperturbable tous les mouvements picturaux de son époque et  se montre peu perméable à ceux-ci, que ce soit  l’impressionnisme, le surréalisme ou  le cubisme. Il a même un jugement très sévère sur certains peintres notamment Picasso.

 Mais s’il ne fréquente pas le milieu des peintres, il noue des liens importants avec les artistes des Arts Décoratifs dont il se sent proche et pour lesquels il a beaucoup d’admiration et de respect.

 Dès 1925, il se lie d’amitié avec Yvonne Jean-Haffen, également artiste peintre, graveuse, céramiste. Elle fait partie du groupe des Artistes Décorateurs et devient la collaboratrice et disciple de Méheut. Une longue correspondance entre les deux artiste commence en 1926 ; plus de 1470 lettres, véritables bijoux ornés de croquis rehaussés à la gouache. A la mort de Méheut en  1958, sous son impulsion et grâce à sa ténacité , un musée Mathurin Méheut est créé à Lamballe installé dans la Maison dite du Bourreau. Elle en sera la première directrice et le restera pendant vingt ans.

En juin 2022, ouverture du nouveau musée Mathurin Méheut à Lamballe dans un bâtiment des anciens haras nationaux.

Les informations et les documents photographiques utilisés par notre amie lycéenne sont tirés essentiellement de l’ouvrage intitulé :
Mathurin Méheut de Denise Delouche, Anne de Stoop, Patrick Le Tiec, publié aux éditions Ouest France en 2020