OUUUULU … un jour sans fin, sous le soleil exactement
Dès potron-minet ce lundi 25 juin, 40 lycéennes de France et leurs “escortes” se pressent au terminal 2F Gate 53 où le vol AF 1577 est annoncé pour Helsinki !
L’œil vif, elles et ils se réjouissent de découvrir Tallin puis le nord de la Finlande, pour les Rencontres Culturelles Internationales.
A peine atterri, une fois récupérés bagages et Cie, en route pour le ferry qui traversera hardiment la Mer Baltique en direction de l’Estonie.
Il fait beau, le soleil est déjà haut, et le ferry fend la Baltique aux tons changeants et laisse moutonner derrière lui l’écume du jour. Par endroit flottent quelques morceaux d’ambre gris, qui laisse imaginer quelque invisible cachalot.
Deux heures sur la mer, le temps s’étire au fil de l’eau et nos amis quittent le pont ensoleillé pour se retrouver autour d’un généreux buffet.
Mais voici que déjà se profilent le Port de Tallin, ses remparts du XIIIe siècle, la vieille tour Kiek in Kok et la rivière Pirita qui traverse la ville basse.
Autrefois dénommée Reval, elle apparait dans l’histoire au IIe siècle avant notre ère et, au Moyen Age, c’est déjà une cité commerçante importante, qui contrôle le commerce du sel.
Possession des Chevaliers Teutoniques elle connait une forte migration allemande avant de passer sous le joug de la Suède.
A leur arrivée, nos amis se pressent pour découvrir All-Inn la ville basse, l’imposant Hôtel de Ville de style gothique affirmé, et les rues typiques où se soutiennent les maisons médiévales parfaitement conservées, dominées par le clocher phare de Saint Olaf, haut de 47 mètres, et rassurant les navires en approche.
[*Mardi*], c’est Tompea et son château “rose” img_1073.jpgdu XIIIe siècle, flanqué de la Tour Pika Hermann qui a repoussé tous les assauts des envahisseurs. L’immense Palais du Parlement montre la puissance de la ville, son importance au sein de la Ligue hanséatique qui fait de Reval/Tallinn une place commerciale incontournable.
L’architecture des différents monuments, riche des influences des contrées voisines (et parfois rivales) ravit nos amies par les styles baroque ou moscovite, dont la cathédrale Alexandre Nevski est le plus bel exemple; c’est le moment de souligner l”œcuménisme de la ville qui, depuis les temps les plus lointains, accueille tout à a fois les diverses religions.
Deux heures de mer plus tard, c’est le retour à Helsinki, la visite de l’Ateneum, img_1153.jpg
la photo devant le monument à Sibelius, et un soir tardif qui laisse préfigurer les jours sans fin des lendemains.

Mercredi 27 juin ![**]
Voici Oulu où nos amies finlandaises toutes chapeautées de fleurs accueillent avec un chaleureux enthousiasme les participants des deux hémisphères, et s’assurent que chacun, chacune est bien installé dans le bon hôtel !
Le nôtre est bordé par la rivière Oulu, et le matin, car il y a un matin, ce n’est que bonheur de marcher le long des berges, au milieu des arbres, de traverser les petits ponts de bois blanc, de déranger les canards la tête encore sous l’aile, de s’arrêter contempler une iris jaune à peine éveillé !
Après l’harmonieux désordre de l’arrivée et les cadeaux de bienvenue, le soir, car il y aussi un soir rayonnant de lumière, nous découvrons l’Hôtel de Ville où le Maire nous accueille avec chaleur et compétence, nous faisant part de son admiration pour le Lyceum, les valeurs qu’il défend depuis plus d’un siècle, leur modernité dans la pérennité. mairie_jpg.jpgp1200699.jpg

C’est l’heure des retrouvailles des deux Hémisphères, à grand renfort de rires, de “hugs” et de joyeuses embrassades.
Le soleil un peu plus bas dans le ciel annonce bientôt le matin du …

Jeudi 28 juin [**] :
Hélas ! Il pleut ! Mais entre les parapluies, les ponchos et les chapeaux, tous, équipés et heureux, se retrouvent auprès des cars qui les emmènent aux quatre coins des proches environs.
[**1 – l’île d’Hailuoto*]
Les nostalgiques du ferry ont choisi de visiter cette petite île, accessible en bateau l’été, alors que l’hiver une route traverse la Mer de Glace, pour aller sur le continent.
L’ile est dotée d’infrastructures permettant aux habitants d’y travailler : école, hôpital y sont présents, mais le beau métier de pêcheurs ne fait plus recette : il reste 2 bateaux.
Bordée de dunes, Hailuoto attire les artistes, et surtout les amoureux de la nature : la visite de la maison d’Anni Rapionoja, artiste et biologiste, en est un parfait exemple. Elle crée des objets insolites à partir de matériaux naturels : feuilles, lichen et bois flotté auxquels elle offre une seconde vie à travers des sculptures, des chaussures, ou des sacs. ile_d_hailuoto_pres_d_oulu_1_.jpg
Dans un tout autre domaine, la visite d’une micro-brasserie tenue par un jeune Français nous permet de découvrir que la bière locale est faite d’une eau très pure, et mérite l’appellation “Bio” !
Après une soupe au saumon, la bien venue pour nous réchauffer, nous quittons l’île et son phare du Bon Secours.
[**2 – Oulu Ville*]
Visite de la cathédrale, dans laquelle une ravissante pasteure luthérienne, docteur en théologie nous accueille.
Bras droit de l’Evêque, pour une paroisse de 16000 âmes, elle nous détaille la pureté des lignes de l’édifice, ses vitraux contemporains qui reflètent la splendeur d’un soleil omniprésent, et la crypte où nous attendent de jeunes luthériens, attentifs et chaleureux. cathedrale_oulu.jpg
Sous la pluie nous traversons le parc Maria Silfan, derrière l’Hôtel de Ville, où la statue du “Temps qui passe”, œuvre de Sanna Loivisto, illustre les occupations des habitants.
Le Centre ancien abrite le Lycée – qui a formé 3 présidents !
Arrivée à l’île Pikissari, c’est la pause dans un restaurant typique en rondins de bois, où nous dégustons un plat de ???… saumon /pomme de terre.
Prêts à repartir, nous déambulons entre les constructions traditionnelles en bois où nous accueillent des artistes designers d’exception : pointillistes, maitres d’œuvres en trompe-l’œil (très prisées), coloristes puissants ou fondeurs, tous nous permettent de découvrir la multiplicité des talents et leur modernité.
Point d’orgue de la promenade : le port avec ses multiples bateaux aux couleurs vives, soulignées par la douceur de la brume et de la pluie.
[**3 – Les églises peintes*]
Une des grandes richesses du patrimoine finlandais : ces églises en bois, ornées de fresques colorées. eglises_peintes_e.jpg eglise_peintes.jpg
Églises luthériennes tradi-tionnelles, leur architecture a été inspirée par la Suède et la Russie, et s’ornent selon les cas de coupoles, bulbes et décors chatoyants. Toutes ravissantes et uniques, elles révèlent des peintures d’une grande fraicheur, parfois naïves, toujours exceptionnelles par leur intense vérité.
Dans certains cas, le clocher se situe à côté de l’église, car pouvant également servir de phare.
Ces lieux de culte sont pour la plupart entourés d’un petit cimetière accueillant uniquement les morts pour la patrie.
Et nous apprécions, dans la ferme-musée, avec bonheur et gourmandise… une soupe au saumon !
[**[**4 – By the Riverside*]*]
Source de richesse et de prospérité, la rivière Oulu est longue de 107 kms et ses bords étaient déjà occupés il y a environ 8000 ans.
Nous traversons la forêt, dans le bruissement des bouleaux plaqués d’argent, parfois enserrés dans les bras de hauts pins, attentifs à ne pas les étouffer !foret_lac.jpg Ah ! la vie secrète des arbres, leur complicité, leur attention aux autres habitants des forêts, leur organisation pour une meilleure cohabitation, tant de découvertes au long de cette route secrète, qui nous conduit à Turkansaari !
Au XIIIe siècle, la Baltique était contrôlée par les Allemands qui apportaient le sel aux populations du Nord, dont les deux principales richesses étaient le saumon et la résine. La rivière était le seul chemin utilisé pour l’ensemble des produits échangés et dès lors Turkansaari est devenu, au XVe siècle, le pivot incontournable des différents commerces.
Nous visitons le Musée de Plein Air, s’étendant sur plusieurs hectares (l’un des plus importants de Finlande) où nous découvrons à tour de rôle l’habitat des paysans au siècle dernier et, particulièrement, la fabrication du goudron à base de résine, le tar, img_5941.jpgqui fut la grande richesse de cette région de Finlande. Notre guide nous montre un puits servant à chauffer le goudron, transporté ensuite dans des bateaux longs et fins le long d’Oulu River. Dans cet espace où la pluie fine étouffait les rares bruits de la forêt, nous sommes imprégnés de ce silence ouaté, où les rares mots prononcés à voix basse semblent suspendus dans l’air.
Dans la ferme-auberge typique du XVIIIe siècle, nous découvrons, suspendus au plafond, une multitude de miches de pain sèches et gravées au nom des mariés miche_pain1.jpgqui recherchent ce lieu privilégié, son église peinte en jaune et ses environs préservés.
Repartant vers Muhos, nous suivons la rivière toujours présente et qui au cours des siècles a vu évoluer les différentes ressources du pays, du goudron au bois, du bois au papier, aux centrales électriques puis à l’électronique.
Comment ne pas admirer au plus haut point cette capacité d’adaptation au contexte historique, aux circonstances économiques, aux moyens proposés, dans le respect de l’environnement !
Après avoir visité rapidement la plus ancienne de leurs églises en bois (plus de 340 ans) et admiré les fresques naïvement colorées des prophètes, nous nous dirigeons vers la Centrale électrique de Leppiniemi, et son complexe architectural.
Bâtie par Aarne Ervi, célèbre architecte spécialiste de ce type d’ouvrage d’art, cette centrale fut la première édifiée en Finlande. Compte tenue de la durée des travaux tout un complexe de vie fut édifié autour pour les “bâtisseurs”. Aujourd’hui, les maisons des ouvriers s’arrachent à prix d’or dans un environnement sylvestre et bucolique, bercé par le bruit de l’eau.
La villa Leppiniemi conçue par Aarve Ervi lepiniemi.jpg fut entièrement aménagée par Alvar Aalto, jusqu’au moindre détail du mobilier. Ces deux artistes inventifs et visionnaires ont édifié une villa de béton, intemporelle, aux baies structurant le paysage comme des tableaux, dans des matériaux splendides alliant beauté et efficacité, et utilisant les terrasses couvertes en tant qu’effet dedans/dehors. C’est à ce jour le “must” pour accueillir les chefs d’état étrangers… et le Lyceum pour un brunch convivial.
Sur le chemin de retour, nous découvrons l’immense talent de la peintre-coloriste Terttu Jurvakainen qui s’empare des fleurs terrtu.jpget les “jette” en quelque sorte sur ses toiles en usant sans ménagement de couleurs violentes qu’elle juxtapose d’une manière unique : voir la nature devenir peinture …
A 19 h, le Gala Dinner nous réunit toutes et tous au bord d’une mer de “lait” reflétant les nuages que le soleil n’arrive pas à percer.
Dans la gaité, la bonne humeur, et la décontraction, nos amies finlandaises nous attendent pour un moment privilégié de partage et d’échanges : anglais, allemand, français, finnois, la barrière de la langue s’est envolée devant tant de joie et d’amitié rayonnante, qui est la langue universelle encore parlée ce soir par le Lyceum.
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Mi-nuit, mi-jour, il faut rentrer sous ce ciel voilé par l’absence d’un soleil pourtant toujours présent et nous traversons la forêt du retour, où, dans les arbres, ombres et lumières, les chatoiements des reflets s’expriment, comme les tons verts, d’une improbable symphonie en Fa majeur que Sibelius aurait peut-être voulu écrire.
Beauté de l’impermanence d’un instant éternel et fugitif ! soleil_miniuit.jpg

Nous sommes allés au bout de la lumière !

A nos amies finnoises, à toutes celles et ceux qui ont partagés avec nous ces moments uniques

KIETOS !

“et”, [*vendredi 29*]
le retour à la vie pratique, ordinaire et désorganisée : le vol … est retardé, la correspondance est … ratée , les valises … égarées, l’arrivée … loupée ! tout est … “paumé” sauf l’AMITIÉ !
V.M.
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