Comment parler du Nord et de cette escapade à Lille quand on est soi-même originaire du pays? Comment dire son émotion et son plaisir à se retrouver chez soi? Ch’ti, pur « jus » (ainsi nomme-t-on le petit café) je vais essayer de vous raconter…
Sur 15 rescapées, (4 personnes ont dû déclarer forfait pour raisons sérieuses), la moitié des Grenobloises est originaire de « là-haut ». Finalement, ce n’est pas si loin, cinq heures de train, et le tour est joué!
Dès le quai de la gare de Lille, le ton est donné. Mi-Jo, notre guide-lycéenne, général-en-chef, et Véronique, son fidèle lieutenant, nous attendent de pied ferme. Pas question de batifoler, un programme d’enfer a été soigneuse-ment mis au point!
Un plongeon dans La Piscine :
Et là, c’est l’émerveillement avec La Piscine ! Nous plongeons directement dans la culture culinaire du pays: chicons, maroilles et la gourmandise du Général de Gaulle… les gaufres de chez Meert ! Temple art déco de la culture du corps, cette piscine édifiée en 1932 est devenue un musée. Elle recèle des trésors, mais en est un par elle-même. Construite comme une abbaye avec sa chapelle orientée, son jardin intérieur, elle surprend par sa nef, ses mosaïques et surtout ses vitraux. Elle apparaît d’une étonnante modernité sociale et esthétique. Elle conjugue à la fois, beauté, art, fonctionnalité et originalité.
Le Mongy, tramway local, dont le nom honore l’ingénieur qui l’a créé, nous ramène vers nos pénates. Chez d’accueillantes Lycéennes, des amis, en famille, ou à l’hôtel, nous apprécions l’hospitalité du Nord.
Lille fait la part belle aux femmes :
Parfaitement ponctuelles et disciplinées, nous remontons le cours du temps, à la rencontre du Vieux-Lille. Ville-carrefour, ville de culture, ville au passé agité, Lille fait la part belle aux femmes. Les trois Grâces surmontant l’édifice de La Voix du Nord, journal régional, et la Colonne de la Déesse témoignent du pouvoir de la gente féminine. Ce sont elles qui incitèrent les hommes à résister aux Prussiens par exemple.
Après la Vieille Bourse, nous sommes fascinées par le rang du Beauregard, la rue de la Monnaie et l’Hospice Comtesse ainsi que par Notre-Dame- de-la-Treille, cathédrale inachevée jus- qu’à ce qu’un audacieux architecte contemporain la pare d’une étrange façade de marbre, opaque à l’extérieur et lumineuse à l’intérieur, à l’image de la foi.
Un buffet flamand sur la Grand’place : la_grand_place.png
Malgré des influences diverses, l’architecture présente trois constantes : les matériaux et les couleurs, gris pour le grès, rouge pour la brique et blanc pour la pierre. Les décors abondent et on dit que « Lille a mis son buffet flamand sur la Grand-Place » tant les cartouches, les cariatides, les atlantes, les amours lillois sont présents.
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Mi-Jo a tant à nous montrer et à nous raconter et nous sommes si passionnées que nous n’avons même pas le loisir de papoter, ou si peu!
Un petit tour de métro nous permet de gagner rapidement Villeneuve d’Ascq et le LAM (musée d’art moderne). « Hasard objectif » ou
clin d’œil des Dieux et de la vie, je croise une cousine que je n’ai pas vue depuis plus de dix ans ! Lille réserve bien des surprises ! L’art brut, qu’une jeune guide nous fait découvrir avec passion, nous laisse un peu médusées, parfois touchées aussi, par ces « cousins » ch’ti du Facteur Cheval.
La soirée est consacrée au « Furet du Nord ». Jean-François Callens, le fils du fondateur, nous conte son histoire, celle d’une petite boutique provinciale deve- nue la plus grande librairie d’Europe. Quelques chiffres significatifs : née en 1936, elle accueille, grâce à ses 160 ven- deurs, sur 3 600 m2, 10 000 clients par jour. 25 000 personnes peuvent traverser le magasin les jours d’affluence. Ce « Furet » fait partie des lieux embléma- tiques de la ville et témoigne de son dynamisme. C’est le cas aussi de la pâtisserie Meert ou du restaurant L’Huîtrière.
Le lendemain, sous la houlette bien- veillante de Mi-Jo, nous arpentons le quartier Saint-Sauveur et découvrons d’autres trésors. Nous évoquons non sans nostalgie « les canchons dormoires » comme le célèbre « P’tit Quinquin », nous attardons devant l’œuvre du mura- liste, Pignon, qui représente les combats de coqs chers aux habitants, riches ou pauvres et pénétrons dans l’hôtel de ville, immense édifice de briques rouges au hall impressionnant, le fief de Martine Aubry. Il nous reste à découvrir l’Hermitage Gantois, ancien hospice
transformé en hôtel de luxe. Que dire encore de Lille ? On peut laisser aux vraies Grenobloises le soin d’en faire l’apologie, car même le soleil était au rendez-vous! Et pour maintenir les liens qui se sont tissés avec cette belle ville de drapiers et ses habi- tantes, nous lèverons désormais nos verres, en disant, comme Mi-Jo : «A l’amour, à l’amitié, que ça dure et que ça perdure ! »
Danièle Vandenbussche.
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