VISITE du QUARTIER du VAUGUEUX

Ce quartier de Caen d’une centaine d’hectares, est celui qui recèle le plus de vestiges du Caen ancien.
Situé entre le bassin Saint Pierre et le château, donc en contrebas des "collines", ce val était au Moyen Âge fort malfamé, d’où son nom de "val des gueux", qui au fil du temps est devenu Vaugueux.
Notre visite débute par l’église Saint Pierre fondée au VIIIe siècle par les évêques de Bayeux.
Cette église reconstruite aux XIII et XIVe siècles présente la particularité d’être bâtie en partie sur pilotis, car il y avait de l’eau partout autour. Les canaux ont été bouchés en grande partie mais la Petite Orne, que l’on peut voir encore sur l’hippodrome, alimente aujourd’hui le bassin St Pierre en souterrain.
Une autre particularité de cette église est de ne pas être parfaitement axée : le chœur part légèrement sur la gauche par rapport à la nef. Plusieurs hypothèses ont été émises face à cet état de fait : choix délibéré de l’architecte pour rappeler la tête du Christ légèrement penchée sur la croix ? erreur de l’architecte ? contrainte du cours d’eau ? manque de vision globale lors de la reconstruction du chevet au XVIIe ? Une énigme non tranchée.
Enfin notons que cette église n’a pas de transept, des maisons étaient déjà construites à son emplacement éventuel. Côté architecture, l’église est majoritairement de style gothique flamboyant avec une partie de décor Renaissance : le Choeur. Le clocher, ajouré pour diminuer la prise au vent, a été détruit par un obus allié en 1944, et reconstruit entre 1957 et 1962. A l’extérieur nous admirons le cadran solaire "spécial" qui permet de régler sa montre car il donne l’heure de midi selon les saisons.
Notre visite se poursuit vers la tour Leroy (XIVe siècle) l’un des derniers vestiges de l’enceinte médiévale de Caen qui comportait 15 portes. Sur le mur on peut observer les anneaux qui permettaient l’amarrage des bateaux. On peut également observer quelques vestiges des remparts.
Pour découvrir les belles maisons, il faut faire abstraction des devantures des restaurants actuels et lever les yeux vers les étages. Il n’y avait pas de "cahier des charges" à l’époque où elles furent érigées, d’où une grande variété de styles. Nous admirons certaines balustrades et les quelques maisons à colombages dont notre conférencière nous explique les subtilités de construction et/ou de restauration. Le mot colombage vient de colonnes. Les poutres de chêne résistent au feu mais sont davantage menacées aujourd’hui par l’humidité et les champignons qui l’accompagnent. C’est un édit royal en 1560 qui interdit la construction à pans de bois, en raison de la pénurie de bois qui s’ajoutait au risque d’incendie. Un autre édit en 1667 interdit à son tour les encorbellements, pour des raisons de sécurité.
Il reste également de très belles maisons de pierre, des XVe et/ou XVIe siècles, à admirer. Sur l’une d’elles est gravée "Porte au berger". C’était l’entrée de la ville pour les visiteurs venant de Ouistreham, le port de mer. Notons le pavage qui date de Philippe Auguste. L’expression "tenir le haut du pavé" vient du fait que les puissants s’éloignaient de la rigole centrale qui était en fait un égout. Nous empruntons ensuite une ruelle dite passette, suivie d’une volée de marches qui nous emmène sur la "montagne du Sépulcre" (19 m au-dessus du niveau de la mer !). L’Église désaffectée aujourd’hui abrite des expositions temporaires. Elle a été érigée au XVIIIe siècle, en remplacement d’une chapelle Sainte Anne (XIIIe s.). Elle aurait abrité un morceau de la croix du Christ, rapporté de la 5ième croisade mais volé par les anglais lors de la Guerre de Cent ans. Bien mal acquis ne profite jamais ! Les voleurs périrent en mer.
Notre petit groupe d’une vingtaine de lycéennes a remercié chaleureusement Patricia LENGYEL pour cette très intéressante visite et pour sa capacité à s’exprimer clairement malgré le masque obligatoire, Covid 19 oblige ! M-P L.


VISITE du FRAC

Exposition "RUFUS" de Florentine et Alexandre LAMARCHE-OVIZE
[**Mathilde Johan*], responsable du pôle du public, nous accueille au FRAC (Fonds Régional d’art Contemporain Normandie Caen). Le FRAC, 4ème collection publique française d’art contemporain, anciennement rue Vaubenard, est installé depuis mars 2019 au 7 de la rue Neuve bourg l’Abbé, dans l’ancien cloître de la Visitation devenu Bien national en 1789 et occupé ensuite par l’Armée. Rudy RICCIOTTI, le concepteur du MUCEM de Marseille, en a été l’architecte. Une deuxième tranche de travaux est prévue ultérieurement.
[**Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize*] sont un couple français dont l’atelier se situe à Aubervilliers. Ils travaillent ensemble depuis 2006 et utilisent le dessin, la peinture, les sculptures en céramique et l’art décoratif pour se réapproprier différemment les grands sujets académiques ; ainsi dans l’exposition, des références à Rufus, l’album de Tom Ungerer édité par l’École des loisirs, ou à deux tableaux du Musée du Louvre : Les Noces de Cana de Paolo Véronèse et le Saint Michel de Raphaël. Le point de départ est le carnet de dessins de Florentine. Elle y croque sans cesse d’après des œuvres d’art, des objets, des livres ou des faits de société, dessins dont le duo s’inspire, qu’il transpose, mêle et agrandit. Les techniques des tableaux sont variées et juxtaposées : peinture, fusain, craie grasse, stylos-feutres etc. ; les supports différent : toiles, lés de tissu suspendu, céramique etc. Les animaux jouxtent des hommes politiques, des faits, une nature exubérante…
L’exposition s’ouvre comme le chapitre d’un livre d’images en noir et blanc, formant des paysages où Rufus, la chauve-souris de Tom Ungerer, les chiens du tableau de Véronèse ou l’ange vainqueur de Raphaël sont les sujets principaux. Ils sont là pour révéler combien la relation entre l’homme et l’animal est puissante, proche, voire affective ; sans être dans l’anthropomorphisme, ils croquent par exemple des chiens qui nous regardent, témoins de notre vie domestique.
Le duo allie art et artisanat dans la lignée du mouvement Arts & Crafts, initié en Angleterre mi XIXème par William Morris devant l’inquiétude soulevée par les bouleversements sociaux et esthétiques provoqués par la révolution industrielle. L’exposition se veut être sur le mode de l’éphémère ; de grands panneaux muraux dessinés au fusain directement sur les murs disparaîtront à la fin de l’exposition, les sculptures en céramique qui forment une forêt colorée devront, si les artistes suivent les idées japonaises, être détruites pour passer à autre chose car elles représentent une histoire.
A travers cette exposition, nous percevons l’approche militante, politique de ces deux artistes qui travaillent en duo et, par leurs œuvres chatoyantes, nous entrainent à réfléchir sur la liberté de création, et la résistance à toute sorte de cadre M. W-L

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CONQUETE de l'ANGLETERRE par GUILLAUME le CONQUERANT

[**Edith au Col de cygne retrouvant le corps d’Harold après la bataille d’Hastings.*]

Un héritage controversé. Quel écho hier et aujourd’hui ? Par Danielle Férey
Notre conférencière s'attache à présenter les conquêtes normandes du point de vue anglais, très différent du nôtre.
L'histoire commence avec la bataille d'Hastings menée le 14 octobre 1066 par Guillaume Le Conquérant. Il n’est pas vraiment "conquérant", c’est celui qui, dans la crise de succession ouverte par la mort du roi d’Angleterre Edouard le Confesseur (1042-1066), revendique un trône pour lequel il se sent légitime en raison de sa place dans la généalogie du roi mort sans descendance. Cette dernière, extrêmement compliquée, mêle les destinées de trois branches pouvant prétendre au trône : la [**branche anglo-saxonne*] d’Harold Godwinson liée à Emma de Normandie, fille du duc de Normandie Richard 1er, d’abord épouse du roi d’Angleterre Aethelred II (roi de 978 à 1016) et mère d’Edouard le Confesseur (roi de 1042 à 1066) ; [**la branche danoise*] de Sven Estrihsson, qui ne perd jamais une occasion de tenter de récupérer le trône occupé par Knut le Grand, roi d’Angleterre (1016-1035), de Danemark (1018-1035) et de Norvège (1030-1035) après son mariage avec Emma, veuve d’Aethelred II, puis par ses fils ; [**la branche normande*] de Guillaume, issue en droite ligne de Richard Ier.
C'est bien Guillaume qui est le légitime héritier de ce trône. Harold y prétend aussi car lui et sa sœur Edith sont les enfants de Godwin, très puissant comte du Wessex et de Kent ; en épousant Edith, Edouard le Confesseur a fait d’Harold Godwinson son beau-frère. La tapisserie de Bayeux relate qu’il a juré sur des reliques ne jamais prétendre au trône d'Angleterre et pourtant il va se faire sacrer roi.
Considérons la géographie physique et sociale de cet épisode de l'Histoire : la Manche étant très facilement traversée, les échanges sont nombreux entre l’Angleterre, pays très peu peuplé (1,5 millions d'habitants), et la France (environ 10 millions d’habitants). De plus, la Normandie est une contrée présentant unité et véritable dynastie alors que l'Angleterre est formée d’une constellation de comtés très autonomes et divisés.
Dans ce contexte, le sacre d'Harold, vu comme une trahison du côté normand, est beaucoup mieux considéré du côté anglais car le parjure a obtenu la consécration de l'évêque Stigant puis l'approbation du peuple.
L'expédition organisée par Guillaume est un acte audacieux, très méticuleusement préparé et ayant nécessité des trésors de logistique. La bataille d'Hastings et la victoire incontestable des Normands s'explique par cette parfaite stratégie mais aussi par l'éparpillement des Anglais menés par Harold, obligés de défendre le nord de leur pays des incursions danoises pour aussitôt rejoindre le front du sud et faire face aux farouches troupes normandes qui useront de la ruse à deux reprises en faisant mine de s'enfuir pour mieux décontenancer l'ennemi. La bataille fut un carnage dont la Tapisserie de Bayeux donne une idée. Si, du côté français, les pertes furent importantes (la moitié des troupes), ce fut pire du côté anglais, "dies fatalis Angliae", toute la jeune élite anglaise y perdit la vie. Guillaume marcha aussitôt sur Londres pour s’y faire sacrer, toute opposition fut écrasée, la civilisation anglo-saxonne fut étouffée et la noblesse dépossédée en 20 ans par un ennemi implacable réprimant toute révolte dans le sang. Peu à peu, l’apparente soumission des Anglais cacha le développement d’un sentiment national ; dans les années qui suivirent, l'opposition se fit jour et les Anglais restèrent marqués à jamais par une rancune tenace contre l'envahisseur normand, même si l’alliance des deux civilisations fut la source de l’évolution de l’Angleterre vers la modernité.
Le récit se termine sur les traces que laisse cet épisode dans l'imaginaire britannique et sa mémoire collective : le sentiment très fort qu'un peuple raffiné et cultivé s'est retrouvé sous la coupe d'un envahisseur beaucoup plus fruste, ce qui n’est pas exact. Ainsi durant le XIXe, siècle de l’éveil des Nationalités, bien des thèmes remontant aux temps anciens, en particulier la légende du roi Arthur, furent repris, magnifiés et replacés dans un cadre romantique propre à glorifier ce fier peuple qui a retrouvé sa langue et conservé ses traditions. À Bayeux, sur le monument honorant les soldats britanniques morts durant le Débarquement en Normandie et la Seconde Guerre Mondiale, est gravée cette phrase : "Nos, a Guillelmo victi, victoris patriam liberavimus" (nous, vaincus par Guillaume, avons libéré la patrie du vainqueur)…
On peut tempérer ce discours au vu des incontestables apports de cette conquête normande, au delà de la profusion extraordinaire de fortifications semées sur cette île : droit foncier et institutionnel, art, techniques d’architecture de chasse ou d'élevage, littérature, cuisine etc. C.C.


La PESTE NOIRE

"Une pandémie au Moyen-Âge : la Peste noire" par Mr Alain Jéhan Pneumologue Honoraire du CHU de Caen.
Au milieu du XIVe s., 1347/1352, cette nouvelle maladie apparut en Europe. Rappelons à l'occasion que Louis IX est mort en 1270 de ce que les médecins de l'époque ont nommé "la typhoïde".
[**Définition de la Peste*], qui peut être aviaire-porcine-brune
En grec ce mot signifie épidémie de typhus ; en latin, fléau ; en Français, peste bubonique (1460)
[**Environnement*] :
Au XIVe s., deux grandes puissances économiques règnent en maitre : Venise, championne de l'expansion économique et qui voit son empire maritime s'étendre de l'Adriatique à la Méditerranée et à la mer Noire, pour le commerce de la soie. Gênes implantée dans la Ligurie actuelle, commerce avec l'Espagne, la Flandre, et la Crimée (route de la soie). En 1346 la ville de Caffa, comptoir génois de la mer Noire, subit l'assaut des Mongols. Les malades sont jetés par dessus les remparts de la ville et leurs cadavres pourrissent en plein air. Ils sont tenus pour responsables de la réapparition de la peste noire. Les survivants poursuivent leurs combats jusqu'à Messine, enfin bloqués par les Génois, mais ils transmettent la maladie par les galères.
Deux formes pour la Peste, cette "mort noire" du XIVe s. qui frappe sans distinction d’âge, de race, de sexe ou de richesse :
La Peste bubonique, transmise par la piqûre de puce, avec bubons, fièvres, masses purulentes, nécrose. La mort frappe en quelques semaines.
La Peste pulmonaire, transmise par voie aérienne. La mort frappe en 3 jours.
[**Les faits*] :
Le Pape Clément VI, qui réside en France, fait jeter les cadavres dans le Rhône, à Avignon. Les cimetières sont pleins à Paris (la Ste Trinité) et, faute de place, les corps sont évacués sur des bateaux nommés "corbeillards". Certains métiers, comme les bouchers et les boulangers, sont très impactés, d'autres moins, comme les artisans travaillant le fer et le bois. La pandémie, en 1348, est favorisée par la concentration de population, l'insalubrité, le manque d'hygiène et par les nombreux pèlerinages.
En 1347 la peste noire se répand en Crimée, Hollande, Angleterre, Espagne, Italie, Groenland et Russie. On pense que l'on vit l'Apocalypse comme annoncé dans les Evangiles.
1346 marque également le début de la Guerre de Cent ans. Les petites gens sont écrasés sous les impôts par Edouard III d’Angleterre et Philippe de Valois pour financer la guerre ; en France c’est le "fouage" ou le "focage". Philippe de Valois est fait prisonnier par le "Prince Noir", fils aîné d’Edouard III, à Poitiers.
Il faut rappeler que la population s'accroit considérablement entre le XIe et XIIIe s. Au XIVe la nourriture fait défaut, on assiste à des changements climatiques considérables ; le froid et la pluie ne favorisent pas les cultures et conduisent à la famine. On note l'apparition de maladies nouvelles comme la grippe, la variole, la scarlatine et la dysenterie.
L'Eglise considère cette épidémie comme le Châtiment de Dieu. Un Franciscain témoigne "Dieu se venge de la méchanceté des hommes", la notion de Purgatoire apparait alors. Il préconise de faire des offrandes à la Sainte Vierge, à St Sébastien et à St Roch.
On cherche des boucs émissaires ; les responsables seront d’abord "les Juifs". Rappelons que ceux-ci sont les seuls à pratiquer l'usure en France, ce qui est strictement interdit par la loi. Plus de 500 Juifs sont brulés, puis les lépreux (retour de la 1ere croisade), les mendiants, les pestiférés, les animaux et les chats. On assiste à une véritable répression sociale. Des processions de flagellants et de fanatiques religieux s'organisent pour rendre grâce car certains réussissent à en réchapper, comme le médecin de Clément VI, Guy de Chauliac.
Les traitements couramment pratiqués sont les saignées, les cautérisations, le venin de vipère, les pierres précieuses en poudre, ou celle des cornes de licornes. L'épidémie de Marseille en 1720 a fait 100 000 morts.
Le bilan humain est de 40 à 60 % de décès dans les villes italiennes, et plus de 50 % de la population en Angleterre. À Londres la peste s'arrête avec le grand incendie de 1666. En France il est de 7 millions de victimes sur une population totale de 17 millions d'habitants. Entre un tiers et une moitié des habitants de l'Europe disparaît.
C’est le médecin militaire français Alexandre Yersin (1863-1943), formé à l’Institut Pasteur, qui réussit en 1894 à isoler le virus de la peste (Yersina Pestis) et met au point à Paris, en 1895, avec Calmette et Roux, un vaccin et un sérum contre cette maladie. Dans sa tâche il est aidé par Paul-Louis Simond (1858-1947) qui met en évidence le rôle de la puce du rat dans la transmission de la peste bubonique.
En France, les derniers cas ont été signalés en Corse, en 1945. La dernière pandémie en Orient date de1891, dans le Yunan et à Hongkong.
La peste, bacille le plus virulent du monde, sévit encore. Elle est soignée de nos jours par les antibiotiques.
22 000 cas humains sont déclarés aujourd’hui à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). 1612 malades se trouvent essentiellement dans les 26 pays d’Afrique, au Pérou, à Madagascar. M.N. B


LABORATOIRE LABEO

Visite de LABÉO, 1er laboratoire en Europe pour le diagnostic et la recherche équine; Situé à Saint-Contest (Communauté urbaine de Caen la Mer, Calvados)
LABÉO est le Pôle d’analyse et de recherche créé en 2014 par le regroupement des laboratoires départementaux du Calvados (ancienne structure du laboratoire départemental Frank Duncombe créé en 1974 et spécialisé dans les pathologies équines), de la Manche (ostréiculture et radioactivité), de l’Orne (pathologies bovines). Avec environ 400 collaborateurs, dont des pharmaciens, des biologistes, des cadres vétérinaires, des techniciens d’analyse, LABÉO constitue l’un des GIP, Groupements d’Intérêt Public, les plus importants de France. Les équipes réalisent chaque année des milliers de dosages et de recherches pour des milliers de clients en France et à l’étranger, dans le domaine de la santé équine (35000 clients) mais aussi dans le domaine agroalimentaire, dans celui de l’aquaculture (étude des mortalités ostréicoles, par exemple) et de l’environnement (suivi de la qualité de l’air, de l’eau etc.). Deux importants chercheurs, Stéphane PRONOST (Directeur adjoint du Pôle Recherche de LABÉO, chef du service Virologie/Biologie Moléculaire Pôle Recherche) et Romain PAILLOT (Responsable de la Recherche en Santé Équine de LABÉO et Directeur du GIS Centaure), nous accueillent et nous présentent, à l’aide d’un diaporama explicatif, une très importante spécialité du laboratoire en santé animale : les équins.
La Normandie est l’une des plus grandes régions européennes d’élevage de chevaux avec 115 000 équidés sur son territoire, 18 000 emplois directs, 1 pôle de compétitivité Hippolia, 5 centres de recherche de renommée internationale, 1,3 milliards de chiffre d’affaires. L’activité de biologie équine du laboratoire est ainsi l’une des plus importantes en Europe avec celles de Newmarket en Grande-Bretagne et de Hanovre en Allemagne. La nouvelle plateforme de recherche en santé équine a été inaugurée à St Contest le 4 novembre 2016 en présence de Monsieur Gérard Larcher, Président du Sénat, ancien vétérinaire. D’une superficie de 700m2 elle jouxte le LABÉO Franck Duncombe. La plateforme de recherche se décline sur deux sites : celui de St Contest, où les travaux de recherche concernent les maladies infectieuses équines (qui peuvent se propager rapidement à cause du transport aérien de chevaux de course, par exemple) et les maladies inflammatoires respiratoires, celui de Goustranville, qui héberge notamment le CIRALE-EnvA, site unique en Europe pour l’imagerie et la recherche sur les pathologies locomotrices équines de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, devenu mondialement connu pour l’étude des troubles locomoteurs et des causes de contre-performances chez les chevaux de course.
Le site de St Contest accueille aussi deux start-ups : Equiways, arrivée en 2018, spécialisée dans la biosécurité en milieu équin, et Equibiogènes, depuis 2019, spécialisée en recherche génétique. Les chercheurs d’Equibiogènes ont par exemple élaboré un panel de tests qui déterminent à quel degré le cheval est porteur d’une sensibilité génétique à l’origine de certains problèmes musculaires. Sur le site de St Contest travaillent également des doctorants de l’université de Caen qui effectuent des recherches sur la myopathie atypique des équidés, les problèmes de cartilage, l’asthme du cheval etc…Ces scientifiques français partagent leurs compétences avec un réseau international de partenaires, une collaboration s’est établie entre LABÉO et l’INTA de Buenos Aires, Gluk Equine Research Center (USA), Animal Health Trust (GB), l’Irish Equine Center (IRL) qui travaille sur les souches du virus de la rhinopneumonie, les écoles vétérinaires, les universités, les industriels etc..
Nous visitons rapidement le secteur du laboratoire accessible au public. LABÉO consacre 6 % de son budget à la recherche, il doit constamment trouver des financements pour l’achat de matériel et le salaire des chercheurs. Les premiers financeurs sont la Région et le Fonds Eperon, l’Union Européenne, l’Etat et le département du Calvados, l’IFCE (Institut français du cheval et de l’équitation), l’AVE (association vétérinaire équine française). Nous regardons à travers des vitres des scientifiques penchés sur leurs microscopes ou réglant des machines et rencontrons un doctorant originaire de Liège qui travaille sur la myopathie atypique du cheval, maladie sévère qui affecte des chevaux séjournant en pâture, généralement en automne et au printemps ; elle résulte d’une intoxication aiguë par ingestion d’une toxine contenue dans les plantules de certains arbres de la famille de l’érable, en particulier de l’érable sycomore .
Le Centre International de Deauville, palais des congrès, a été choisi pour accueillir la 11ème édition de l’IEIDC (International Equine Infectious Diseases Conférence), le Congrès mondial des maladies infectieuses équines qui aura lieu du 28 septembre au 2 octobre 2020. Ce choix atteste de l’excellence, au niveau international, des équipes françaises de recherche en santé équine. Nous sommes honorées d’avoir pu visiter dans des conditions optimales le site réputé de LABÉO. M.S.


ASPIRINE

"Les bienfaits et les méfaits de l’aspirine" conférence par Jean-Claude Dauguet
A l’origine de l’aspirine nous retrouvons l’écorce de saule et la reine des prés. Le nom aspirine signifie a spiraea, c’est-à-dire qui provient de la spirée, spiraea ulmaria ou reine des prés. L’aspirine est héritière de la théorie des signatures, qui est un mode de compréhension du monde dans lequel l’apparence des végétaux est censée révéler leur usage et leur fonction. Cette théorie a été développée pendant la Renaissance par des figures marquantes comme le Suisse Paracelse (1493-1541) et l’Italien Della Porta. La chélidoine, par exemple, était utilisée dans le traitement des ictères en raison de la couleur jaune de son latex. Cette théorie des signatures est reprise au XVIIIe siècle par l’Anglais Edward Stone, qui pense que si le saule pousse les pieds dans l’eau il doit pouvoir servir au traitement des maladies causées par l’humidité et le froid, et donc les fièvres. Le XIXe siècle est marqué par le développement de la chimie et des laboratoires. On commence l’étude des principes actifs : à partir des molécules naturelles, on prépare des produits chimiques. Un Français, Pierre-Joseph Leroux, isole le principe actif de l’écorce de saule, c’est-à-dire la substance qui possède des propriétés thérapeutiques, la salicyline. Puis des scientifiques allemands et italiens développent l’acide salicylique, dont l’usage se répand pour traiter douleurs, fièvre et rhumatismes, mais provoque des brûlures d’estomac. Hoffmann, chimiste allemand, qui travaillait depuis 1894 dans le service de recherche pharmaceutique de Bayer, synthétise pour la première fois dans une forme stable, utilisable à des fins médicales, l’acide acétylsalicylique. Bayer commercialise le produit en 1899 sous le nom d’aspirine, d’abord sous forme de poudre, puis en comprimés. Les premières utilisations de l’aspirine en France datent de 1908. En raison de la première guerre mondiale, l’approvisionnement en aspirine par Bayer est interrompu. Les frères Nicholas mettent au point une nouvelle forme d’aspirine et obtiennent un droit d’exploitation du nouveau médicament "Aspro". La petite boîte rose connaît un vif succès : "Aspro bloque rhumes et grippe en une nuit". L’aspirine est couramment utilisée en cas de douleurs (action antalgique), en cas de fièvre (action antipyrétique), en cas d’inflammations, même si de nos jours, on lui préfère souvent le paracétamol et l’ibuprofène qui présentent moins d’effets secondaires. Par ailleurs, l’aspirine est très utilisée pour son action anticoagulante, par exemple en prévention de problèmes circulatoires lors de l’immobilisation d’un membre par un plâtre. En traitement préventif, à faible dose, il a été démontré que l’aspirine est efficace pour prévenir certaines pathologies, telles que les infarctus, les accidents vasculaires cérébraux, mais aussi le cancer, en particulier le cancer colorectal. Selon certaines études récentes, la prise régulière d’aspirine pourrait retarder l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer.
L’aspirine n’est pas dépourvue d’effets secondaires. L’aspirine a tout d’abord des effets indésirables sur les cellules de l’œsophage, de l’estomac et du duodénum. Elle peut entraîner des hémorragies, des ulcères gastriques, voire une perforation de la paroi. Pour diminuer les risques de lésions il vaut mieux utiliser l’aspirine en comprimés effervescents à délitement rapide ou du paracétamol. Lors de traitements au long cours, les risques d’accidents hémorragiques ne sont pas négligeables, l’aspirine est déconseillée aux hémophiles et aux personnes devant se faire opérer. Un autre effet secondaire est le risque allergique : des réactions cutanées, comme de l’urticaire peuvent survenir, mais aussi des réactions beaucoup plus dangereuses, comme de l’asthme, un œdème de Quincke (forme particulière d’urticaire caractérisée par un gonflement du visage, du cou et des muqueuses buccales et ORL, pouvant réduire le diamètre des voies aériennes supérieures, voire les obstruer) ou un syndrome de Reye (ictère aigu très grave avec encéphalopathie convulsive qui survient chez l’enfant après un traitement à l’aspirine suite à une infection virale). Il faut donc utiliser l’aspirine avec modération pour éviter les accidents dus à une automédication excessive.
En conclusion, l’aspirine est l’un des médicaments les plus connus, les plus courants et les plus populaires, qui a rendu service comme antalgique et antiinflammatoire. Pourtant, si elle était découverte de nos jours, obtiendrait-elle l’autorisation de mise sur le marché nécessaire à tout médicament pour être commercialisé, eu égard à ses effets secondaires ?
Mr Dauguet laisse la parole à Jean-Pierre Bernard, cardiologue, qui nous parle plus précisément de l’usage de l’aspirine dans la prévention et le traitement des maladies cardio-vasculaires, mais uniquement pour les personnes à risques. Au milieu du siècle dernier, des médecins ont reconnu les propriétés antithrombotiques de l’aspirine. On sait aujourd’hui que l’aspirine empêche l’agrégation de plaquettes sanguines et par conséquent la formation de caillots. Les plaques d’athérome, dépôts graisseux dans les artères, constituent un terrain favorable à l’apparition de ces caillots sanguins, notamment dans les coronaires qui irriguent le muscle cardiaque. En effet, quand ces plaques de cholestérol accumulées sur la paroi interne d’une artère se brisent, les plaquettes sanguines s’y agrègent et bouchent le vaisseau. En fluidifiant le sang, l’aspirine réduit leur formation qui est à l’origine de l’infarctus du myocarde et de l’accident vasculaire cérébral. Le fait est que, prescrite après un infarctus, une embolie ou un AVC, l’aspirine réduit la mortalité et le risque de récidive des patients. L’aspirine est aussi prescrite à vie aux patients auxquels on a posé un stent, une prothèse métallique qui permet de maintenir la circulation sanguine dans les artères bouchées pour empêcher la formation de caillots. Dans ces cas de traitements à vie, l’aspirine est prescrite à faible dose, à cette basse posologie, les effets indésirables sont rares. M.S


ROLLON

Rollon le chef viking qui fonda la Normandie Conférence de monsieur Pierre BOUET maitre de conférences honoraire
Rollon (Ralf), premier duc de Normandie (911/933) n'est pas le premier chef viking venu dévaster l'ouest de la France. Nous disposons de peu d’informations sur lui et les sources sont pour l'essentiel en latin : L’Historia Normannorum, (994 et 1020) de Dudon, chanoine de St-Quentin, texte, commandé par le duc Richard 1er et achevé sous Richard II. Difficile à traduire, il est seulement accessible aux fins latinistes. Les sagas islandaises, de forme poétique, elles ont été rédigées aux XIIIème et XIVème siècles. Considérées comme tout à fait fiables, elles reposent sur la tradition orale transmise de génération en génération. Celle du roi Harald à la Belle chevelure (v.850-933), a été écrite plus de deux siècles après sa mort.
Les raids vikings : Le terme "viking" signifie tout homme, marin, qui part en expédition. Ils ont atteint d’autres pays que la France. Les Suédois ont suivi les grands fleuves russes jusqu’à Constantinople devenant protecteurs de l’empereur. L’empire byzantin a désigné sous le nom de "Varègues" ces hommes qui ont fondé l’Etat de la Russie, la ville de Novgorod. Les Norvégiens sont allés vers l’ouest, l’Islande, le Groenland qu’ils ont peuplé et la Baie du St-Laurent. Les Danois ont envahi l’Angleterre puis nos côtes ; rejoints par les Norvégiens, ils ont atteint les villes côtières puis remonté les fleuves et pillé de grandes villes comme Orléans. Aucune n’est sortie indemne d’un siècle de raids.
Trois grandes phases : De 790 à 850 : intérêt exclusif pour les esclaves, l’or et l’argent des églises (ostensoirs, calices, vaisselle…fondus pour en récupérer le métal précieux. De 850 à 890, ils cernent une abbaye ou une ville le métal précieux ayant disparu, ils exigent le versement de tributs contre leur départ. De 890 à 930 ils cherchent des terres pour s’établir et coloniser la région.
Pourquoi ces raids ? Pour l'appât de l’or et du gain : Le contenu des trésors cachés, retrouvés aujourd’hui, renseigne sur leur parcours. Ils utilisaient à leur profit les esclaves mais en vendaient aussi aux émirs arabes d’Afrique du Nord (c’est le cas de l’évêque de Lisieux). À cause du renforcement du pouvoir central en Scandinavie : l’objectif est, pour ces hommes épris de liberté, de revenir plus forts et plus riches, avec le pouvoir de récupérer leurs domaines. Le sentiment des pays scandinaves d’être agressés par les Francs de Saxe est fort : au IXe s. les Danois construisent pièges et muraille pour se protéger des Francs. Raids terribles face à la violence de Charlemagne. Mais aussi ils profitent des guerres intestines entre les petits-fils de Charlemagne, après le partage de Verdun en 843. Charles le Chauve reçoit la Francia occidentalis. Lothaire la Francia Media, Louis Le Germanique : la Francia orientalis. S’ensuivent cinquante années d’opérations militaires. Ils pensent être "les bras armés de Dieu" ; les Francs sont châtiés car "ils ont suscité la colère de Dieu pour n’avoir pas respecté les préceptes d’une vie authentiquement religieuse". Ils fuient la surpopulation La liberté des mœurs (libido) est considérée comme l’origine de la surpopulation. "Les fils se révoltent contre les pères et exigent leur part d’héritage". Pratique migratoire du "Ver Sacrum" issue de l’Antiquité italienne : Lors d’une calamité, pour regagner la bienveillance des dieux on leur consacrait les enfants nés au printemps suivant. Devenus adultes ces enfants, placés en dehors de la communauté, devaient créer un nouveau peuple ailleurs.
Caractéristiques des raids : le 1er est documenté en 841, mené par Oskar. Jumièges est détruite, Paris brûle. De 15 jours ils prennent 2 ans et plus. De 13 navires et 1000 hommes ils passent à 700 navires et 40 000 hommes au 4ème siège de Paris (885-887) dont Eudes, comte de Paris (père d’Hugues Capet) et l’évêque Gozlin furent les héros. Les zones de pillage sont élargies. Les seules villes fortifiées sont alors Lens, Reims, Saint Quentin et Orléans mais pas Paris dont le siège va durer plus d’un an.
Rollon, né en 860, fils d’un duc de Dacie et surnommé "Ralf Gagner", "le marcheur", car aucun cheval ne pouvait supporter sa taille de géant, est chassé de Norvège par jugement du roi pour actes de pillage. D’une île il passe en Angleterre puis les Flandres pour rejoindre nos côtes. Tout ce qu’il a fait avant d’être converti est vu différemment après sa conversion. Par Dudon on sait qu’il mène des raids en Frise et en Hainaut, arrive dans la vallée de la Seine, s’établit à Rouen en 876 et devient le protecteur du peuple de cette ville. Il participe au siège de Paris, assiège par 3 fois Bayeux où il "rencontre" Poppa, fille du comte Bérenger, qui devient sa "frilla", épouse "more danico" en 890. Après un séjour en Angleterre, il pille le centre de la France pendant 30 ans puis subit une défaite devant la ville de Chartres le 20 juillet 911.
Le roi carolingien Charles le Simple décide alors de lui envoyer Francon, archevêque de Rouen, pour négocier le traité de Saint-Clair-sur-Epte (911) : Le roi donne aux Vikings une terre qui s'étend "de l’Epte à la mer", Evreux, Rouen et Lisieux sont données à Rollon, à qui le roi propose aussi sa fille Gisèle en mariage mais aussi demande le lien d’amicitia, sorte de serment de vassalité avec soutien militaire. Rollon qui veut l’indépendance apprécie peu cette clause et demande plus : une terre à piller ; après son refus du comté de Flandres, inondable, il accepte la Terra Brittanica (de la Touques au Quesnon), sur laquelle lui et les siens, profitant des autres invasions vikings déstabilisantes, vont accroître leur territoire vers Avranches et Coutances et s’étendre dans le Bessin jusqu’à Bayeux.
Rollon fait face à des chantiers considérables pour une intégration rapide. Il comprend que pour garder cette terre lui et ses hommes doivent se faire baptiser, abandonner coutumes et croyances ancestrales, ne plus s’exprimer en Norrois (Dudon rapporte qu'à Rouen en 930, on ne parlait plus cette langue des Danois et des Norvégiens). Pour l’abandon des croyances ce ne fut pas si facile : L’évêque de Reims répondant à celui de Rouen : "N’oublie pas que les grands convertis ont eu besoin de temps. Et c’est vrai aussi pour les Vikings. Il faut que tu considères les vikings comme des petites fleurs fragiles"
Vocabulaire vestige : vague, flot, nez, raz, crabe, crique, varech, flotte, quille, hauban etc.…noms et mots terminés en mare, delle, londe, acre etc.
La paix de la charrue : La loi s’impose, la justice ducale est fulgurante et impitoyable. La défier, c’est la mort. En imposant l’autorité absolue du duc au peuple normand composé de populations différentes (Viking, indigène, Bretons, Frisons, Saxons etc.), Rollon, ou son fils après lui, proclame la Paix de la Charrue. Grâce à ce souci d’intégration, rétablissement de la paix publique.
Indépendance du «"regnum" : Dix ans après le traité de Saint-Clair-sur-Epte, la Normandie, havre de paix, redevient riche. Plus aucun viking n’ose s'y aventurer, cela mène à son expansion. Sous l’influence de l’évêque Francon, création des évêchés de Bayeux/Sées en 924, et de Coutances/Avranches, en 933. Mais, en ayant perdu Coutances, Avranches et Sées, Rouen n’est plus archevêché et cela va le pousser à la reconquête…
Rollon mort vers 932, à 70-75 ans est inhumé dans la cathédrale de Rouen mais, dès 927, son fils Guillaume Longue épée a rendu hommage au roi.
Questions diverses :
A propos de l’origine de Rollon : Danois ou Norvégien ? En 911 le débat n’était pas clos et toujours très animé. Aujourd’hui on prend plus au sérieux les Sagas et on le pense norvégien.
Le titre de Rollon ? Il est duc dans son pays, ce que Dudon traduit par le terme dux, Dux Normanum. Quand il arrive en Normandie il est encore duc, puis devient comte de Rouen, puis comte de tous les normands. Il ne peut pas devenir duc au sens français du terme, il est "comes". On pense aujourd’hui que l'archevêque Francon n'a pas existé en tant que tel. Dudon aurait fait le choix d’appeler tous les archevêques du nom de Francon, qui signifie l’archevêque Franc. A.L’H


LE COACHING

Par Françoise Robin
Le coaching, un "truc" à la mode ?
Non, le vrai coaching est un métier d'accompagnement comme le sont ceux des professionnels de la santé. L'origine du mot illustre bien la raison d'être du coach qui ne se met pas en avant, qui n'est pas dirigiste mais qui accompagne la démarche du "coaché". Ce mot vient du français "coche" ou du hongrois "kocsis" avec le sens de conduire. Mais la méthode remonte à l'Antiquité si l'on se réfère à la maïeutique de Socrate ou aux préceptes de Platon ou d'Aristote. Rousseau lui-même prônait cette démarche.
En France, le coaching concerne au départ le milieu sportif : on pense à Aimé Jacquet qui, pour améliorer les performances de l'équipe de France de football, a développé cette pratique.
Il s'agit de repérer les forces et les faiblesses, les blessures et les dysfonctionnements du sportif, de gérer chaque athlète au cas par cas, d'élaborer un système reproductible.
Plus généralement, le coaching se base sur l'éducation dans le but de faire évoluer le sujet. C'est un moyen de développement personnel et l'accent est mis sur l'acquisition de la confiance en soi et la fixation d'objectifs plus ou moins ambitieux à atteindre. Gains attendus en matière de bien-être, de canalisation des émotions, d'aisance à parler en public.
Le coach ne doit pas avoir de lien hiérarchique avec le coaché.
Le coaching est maintenant très fréquemment utilisé dans le développement professionnel. La notion d'organisation apprenante suppose qu'une équipe bénéficie d'un suivi qui va lui permettre d'atteindre des objectifs individuellement et collectivement dans un environnement évolutif. Un coaching réussi va s'appliquer tout à la fois aux dirigeants, aux équipes, aux réseaux et dans l'organisation pour amplifier les résultats. Le coaching peut aider à réussir une prise de poste ou anticiper une mobilité professionnelle.
Il repose sur la signature d'une charte entre l'entreprise, le candidat et le coach fixant l'objectif à atteindre et sur le volontariat du salarié. De part et d'autre, la confidentialité doit être totalement respectée et le coach lui-même doit se faire superviser par un "super coach". Le coach ne doit porter aucun jugement et doit garder une distance critique avec le coaché. Le candidat doit adhérer au projet et désirer progresser tout en devenant acteur de cette progression.
On connaît les "chasseurs de têtes" qui débauchent des salariés repérés en entreprise pour leur proposer un poste alléchant dans une autre structure. Avant 1990, les chasseurs de têtes ne s'intéressaient guère aux salariés licenciés pour motif économique. C'était les consultants en "out-placement" qui assuraient la tâche d'accompagner ces salariés jusqu'à leur réembauche. Ces consultants avaient élaboré une méthodologie consistant à établir un bilan de compétences (capacités, compétences, talents), demander au candidat une auto-évaluation, rechercher les écarts entre perception et réalité jusqu'à construire un projet professionnel et faire la promotion de cette personne. Avec la crise de 1990 et les nombreux licenciements qui s'en suivirent, la méthodologie des consultants en out-placement fut copiée par des chasseurs de têtes en manque de salariés à débaucher qui lancèrent des cabinets de coaching.
Rappelons que les coachs sont formés à ce métier. Bien souvent, ils ont un passé de psychologues ou de personnels médicaux. Il existe une centaine d'écoles privées, des formations universitaires dans ce domaine, l'ensemble étant sous le contrôle de la société Française de Coaching. Un syndicat professionnel des Métiers du Coaching a également été créé.
Pour conclure, il est essentiel de garder à l'esprit que le coach ne pense pas pour vous mais vous apprend comment mieux penser. Il ne domine pas le candidat mais l'épaule dans sa démarche. C.C


NORMAN ROCKWELL

"Roosevelt, le discours des quatre Libertés" au Mémorial de Caen
A l’occasion du 75ème anniversaire du Débarquement du 6 juin 1944, le Mémorial de Caen s’est associé au Musée Norman Rockwell de Stockbridge (Massachusetts) pour présenter une exposition exceptionnelle en France.
Norman Rockwell nait à New York le 3 février 1894. Très jeune, il rêve de devenir artiste et entre à la New York School of Art à l’âge de 14 ans. Grâce à la formation en illustration qu’il y reçoit, il connait vite le succès et débute une carrière de peintre indépendant en illustrant des publications pour la jeunesse. A 21 ans, il s’installe à New Rochelle (état de New York) où réside une communauté d’artistes et travaille pour plusieurs magazines. En 1916 N. Rockwell peint sa première couverture pour le Saturday Evening Post, qu’il considère être "la plus grande vitrine de l’Amérique pour un illustrateur". Au cours des quarante-sept années suivantes, il réalise 320 illustrations, publiées à la une du Post.
Notre conférencière nous guide vers un tableau aux couleurs éclatantes, peint en 1939, "la championne de billes". La scène rend hommage au monde de l’enfance cher à Rockwell : une petite fille à la robe bleu turquoise domine une partie de billes, au grand désespoir de deux garçons dont l’un, aux cheveux blonds, est le fils du peintre. Son sac débordant de billes contraste avec celui de ses adversaires, vide, son visage exprime une grande détermination, on la sent concentrée, décidée à gagner la partie. Agenouillée, le dos courbé, les chaussures éraflées, son attitude "à la garçonne" diffère des standards de l’époque. Rockwell aime représenter des figures féminines autonomes et sûres d’elles, à l’opposé de celles représentées par ses confrères. Le 2ème tableau "retour de vacances", illustre la couverture du Saturday Evening Post du 13 septembre 1930. Malgré l’effondrement dû à la crise économique de 1929, le magazine continue de publier des images positives et réconfortantes, donnant l’espoir en des jours meilleurs. En dépit de ces temps difficiles, une famille est parvenue à prendre des vacances. La scène est si réaliste que ce pourrait être une photo : les trois personnages, avachis sur un banc de bois, semblent si fatigués par leur voyage qu’ils se sont assoupis ! Ils rapportent des souvenirs de leurs vacances, contenus dans l’appareil photos posé aux pieds de la femme. Le seau, la pelle et les fleurs témoignent des moments agréables vécus par la famille. Nous faisons halte ensuite devant le" quatuor du salon de coiffure". Dans cette scène où trois barbiers interrompent leur travail et entament avec leur client un chant a capella, Rockwell s’inspire des Barbershop Quartets (quatuors amateurs ou professionnels) qui sont ses modèles. Les expressions des visages et la gestuelle donnent vie à la scène, tout comme le rasoir, le bol de rasage et le peigne usé.
Au printemps 1940, les nouvelles de la guerre en Europe parviennent jusqu’à la famille Rockwell installée alors à Arlington, petite ville du Vermont. En septembre 1940, Roosevelt signe une loi obligeant les hommes de 21 à 35 ans à s’inscrire en vue d’un recrutement militaire. Rockwell souhaite illustrer cette situation et en faire une couverture pour le Post. Il prend son voisin comme modèle et crée un jeune homme simple et sympathique : Willie Gillis. Le succès est immédiat, connu de tous les Américains ce personnage dédramatise la guerre. Sur le 1er tableau on le voit tenant serré contre lui un colis de nourriture envoyé par sa mère, sous les regards envieux de ses camarades. Le visage enfantin de Gillis et sa silhouette juvénile contrastent avec l’allure virile des autres soldats. Sur les tableaux suivants, il est peint dans un camion militaire, porte-bonheur au cou, regardant rêveusement au loin, ou assis recueilli sur le banc d’une église. La série des Gillis faisait les couvertures du Post mais s’affichait aussi dans les bâtiments publics, les gares, les terminaux de bus …. Le 6 janvier 1941 Roosevelt, réélu pour la 3ème fois en novembre 1940, prononce le discours des quatre Libertés. Il appelle à rompre l’isolationnisme de son pays, insiste sur la dimension mondiale du conflit et demande une augmentation de la production d’armement au nom de la défense des valeurs démocratiques. A la fin du discours il résume ces valeurs en énonçant le principe des quatre Libertés : Liberté d’Expression, Liberté de Conscience, Liberté de vivre à l’abri du besoin, Liberté d’être protégé. Rockwell, convaincu par le discours, travaille durant 7 mois, de sa propre initiative, afin d’illustrer ces quatre Libertés. Il s’inspire de son quotidien, prenant pour modèles ses voisins d’Arlington.
C’est la première fois que ces quatre tableaux sortent du territoire américain. "La Liberté d’être protégé" fait la couverture du Post en mars 1943. Dans une chambre, confortable et rassurante, des parents se penchent sur leurs deux fils endormis. La scène serait tout à fait paisible si notre regard n’était attiré par le journal, tenu par le père, qui titre sur les bombardements de Londres alors que la poupée, qui gît au sol, symbolise les victimes civiles de la guerre qui sévit en Europe. Avec cette œuvre, Rockwell veut transmettre l’idée que des parents devraient pouvoir coucher leurs enfants chaque soir sans craindre pour leur sécurité. Ce tableau fera la couverture du New York Times après les attaques du 11 septembre 2001.
Le tableau "La Liberté de vivre à l’abri du besoin" met en scène une famille en plein repas de Thanksgiving. Autour de la table on reconnait plusieurs proches du peintre, sa cuisinière qui sert le plat de dinde, sa seconde épouse, mère de ses 3 enfants, et sa mère à droite. Cette œuvre illustre la maîtrise de Rockwell dans la représentation des reflets de la porcelaine blanche et de la transparence de l’eau dans les verres. Lors de sa publication, en mars 1943, des lecteurs critiquent cette abondance de nourriture au moment ou une grande partie de l’Europe est affamée, d’autres apprécient néanmoins la mise en valeur de la vie de famille et de la convivialité qui se dégage de l’œuvre.
Représenter "La Liberté de Conscience" est un défi pour Rockwell en raison du caractère abstrait du sujet. Il choisit de représenter des personnages de profil, en plein recueillement. Le tableau est pratiquement monochrome, afin de renforcer l’impression d’unité. Rockwell a concentré son travail sur l’expression des visages, sur les regards et sur les mains jointes. Les mots "chacun selon la voix de sa conscience" écrits en haut du tableau, expriment ce que pense Rockwell de la religion.
Lors d’une réunion du conseil municipal à laquelle assistait Rockwell, son voisin, un fermier, s’est levé pour exprimer son désaccord sur le projet de construction d’un lycée, craignant de ne pouvoir assumer une augmentation de ses impôts. Personne dans l’assistance ne l’a interrompu. Sur l’œuvre, l’homme, debout, porte un blouson usé et une chemise ouverte, sa silhouette domine le tableau et se détache nettement sur l’arrière-plan sombre. Les autres personnages assis se retournent vers lui, les vêtements de ville qu’ils portent traduisent la différence d’échelle sociale. Malgré tout l’homme est écouté attentivement. Ce tableau demeure l’une des œuvres d’art les plus célèbres de l’histoire américaine. Plus de 4 millions d’affiches représentant les quatre Libertés ont été diffusées dans tout le pays, visibles dans tous les bureaux de poste, avec les inscriptions" À nous de nous battre pour la liberté d’expression, de conscience etc…". Rockwell a tenu à montrer le rôle tenu par les femmes pendant la guerre, en l’absence des hommes partis au front. Il aime représenter des figures féminines fortes et indépendantes. Sandwich à la main, riveteuse posée sur les genoux et pied écrasant le "Mein Kampf" d’Hitler, Rosie est une femme déterminée, au corps musclé par le travail en usine.
En 1963, Rockwell met fin à 47 ans de carrière au Saturday Evening Post et réalise des illustrations pour le magazine Look. Son art devient plus engagé et il représente désormais des sujets de société. "Le problème qui nous concerne tous" parait le 14 janvier 1964 dans le magazine Look, pour commémorer les 10 ans de la fin officielle de la ségrégation dans les écoles publiques américaines. Rockwell s’est inspiré de l’histoire de Ruby Bridges, petite Afro-Américaine de six ans, escortée jusqu’à l’école publique réservée aux Blancs jusqu’alors. L’artiste ne fait pas le portrait de Ruby mais d’une autre fillette. Vêtue d’une robe blanche immaculée, encadrée par les agents fédéraux dont on ne voit pas le visage, la fillette apparait vulnérable et fragile dans un environnement qui porte des traces de violence : insultes racistes sur le mur où dégouline le jus de tomates écrasées, projectiles dont elle est sûrement la cible.
Look charge Rockwell de représenter l’assassinat, en 1964 dans le Mississipi, de trois militants pour les droits civiques par des hommes du Ku Klux Klan. Sobre et monochromatique, l’œuvre est d’une tonalité inhabituelle. Rockwell choisit de focaliser l’attention du spectateur sur le sort des militants, alors que les agresseurs sont suggérés par des ombres menaçantes s’avançant vers leurs victimes. Ce tableau "Meurtre dans le Mississipi" ne sera pas publié, Look préfèrera l’étude préalable, plus impressionniste.
En 1968 Rockwell peint "Le Droit de savoir". Il y exprime le droit des citoyens américains de comprendre l’action de leur gouvernement engagé dans la guerre du Vietnam. Le tableau met en scène un groupe de personnes d’origines diverses, debout face à une table et une chaise vides, le regard fixe et déterminé, attendant une réponse à leurs questions. Rockwell attache tant d’importance à ce sujet, qu’il se représente à droite du tableau, fumant sa célèbre pipe.
Norman Rockwell est le peintre le plus populaire de l’histoire américaine. L’exposition présente l’aspect le plus engagé de l’œuvre de cet artiste exceptionnel de 1930 à 1970. M.S


MONASTERE de la VISITATION

par Catherine Pollin
L’ordre de la Visitation a été fondé par François de Sales et Jeanne de Chantal le 6 juin 1610 à Annecy. C’est un nouvel ordre moins austère, plus souple ; l’humilité envers Dieu et la douceur envers le Prochain sont les bases de la vie spirituelle des moniales. Primitivement établi à Dol en Bretagne, le monastère est transféré à Caen en 1631, où les sœurs ont acquis un terrain rue Caponnière, dans le quartier Lorge, et fait construire de grands bâtiments et une église. En 1792, suite à la suppression des ordres monastiques (13 février 1790 lors de la Révolution française) les religieuses sont expulsées et le monastère transformé en caserne. En 1805 l’ordre de la Visitation est rétabli par Napoléon Ier à la demande de sa mère, Laetitia Bonaparte. En 1810 les sœurs s’installent de nouveau à Caen, acquièrent un nouveau terrain sur lequel elles font construire de nouveaux bâtiments. Après avoir fait édifier deux chapelles, les sœurs décident en 1889 de faire appel à l’architecte caennais, Edmond Hébert, pour réaliser une troisième chapelle, consacrée en octobre 1893.
La façade du portail principal de l’église actuelle s’inspire de l’architecture de l’ancienne chapelle XVIIe du quartier Lorge, détruite en 1944. Le porche central est encadré de colonnes à chapiteaux ioniques, que l’on retrouve au 2ème niveau. Au-dessus de la croisée du transept, le clocher a la forme d’un dôme.
L’église est dédiée à Léonie Martin, 3ème des filles de Louis et Zélie Martin, sœur de Sainte Thérèse, née à Alençon en juin 1863. De santé fragile et de caractère instable et irritable, elle fut longtemps le souci majeur de ses parents. En dépit de cela, Léonie déclare très jeune vouloir être religieuse, provoquant le doute de son entourage. Elle tente une première fois d’entrer au couvent mais ne peut persévérer. En juillet 1886 elle franchit la porte du monastère des Clarisses d’Alençon et le quitte quelques mois plus tard. Après ces deux échecs, Léonie franchit pour la 3ème fois le seuil du monastère de la Visitation, revêt l’habit des sœurs et devient pour toujours Sœur Françoise-Thérèse. Au monastère, elle vit dans la simplicité et l’humilité. Elle meurt en 1941, laissant aux Visitandines le souvenir d’une religieuse pleine de gaieté et d’humour qui avait vaincu les aspérités de son caractère. Depuis le début des années 60, les pèlerins viennent du monde entier prier sur sa tombe, les courriers et les demandes d’intercession auprès de Léonie sont si nombreux, que l’ouverture de sa cause de béatification est décidée par Monseigneur Jean-Claude Boulanger, évêque de Bayeux et Lisieux. Le 24 janvier 2015 l’évêque annonce l’ouverture du procès en vue de la béatification et canonisation de Léonie Martin, sœur Françoise-Thérèse. Son corps, qui reposait dans la crypte, est exhumé ; le très bon état de conservation du corps, comme momifié, est si surprenant que des examens médicaux sont faits pour essayer de trouver une explication.
Après la crypte nous pénétrons dans la chapelle. Elle abrite, depuis 2017, le tombeau de sœur Françoise-Thérèse, une chasse en verre où repose le corps de Léonie revêtue de son habit de Visitandine. Notre guide nous fait remarquer le joli chemin de croix à quinze stations, ce qui est une particularité, la XVème station représente la Résurrection. Au fond nous pouvons admirer un magnifique retable entouré de colonnes en marbre noir, mais aussi des vitraux aux couleurs chatoyantes : l’un représente Saint François de Sales, fondateur de la Visitation et Sainte Jeanne de Chantal agenouillée devant lui ; le très joli plissé et les fines dentelles du vêtement de Saint François sont remarquables. Les sujets représentés sur les vitraux sont variés : la bataille de 1870, la peste de Marseille, Jean Eudes…
Nous entrons ensuite dans l’oratoire des Visitandines où est accroché un grand tableau de Pierre Mignard (1612- 1695) représentant la Visitation : Marie vient annoncer à Elisabeth qu’elle est enceinte, on reconnait, derrière Elisabeth, son mari Zacharie.
Puis nous commençons notre promenade dans l’ancien Bourg L’abbé. Il dépendait de l’abbaye aux Hommes et occupait approximativement le quart nord-ouest de l’actuelle ville de Caen. Y vivaient beaucoup d’artisans, de tailleurs, drapiers, tanneurs, pelletiers et forgerons. Nous découvrons d’abord une cour située au 46 rue Caponnière, datée de 1553. Au fond de la cour, une tête de mort formant médaillon figure sur le pignon de la maison ; on remarque aussi au premier étage une pierre sculptée, figurant des tibias ou fémurs en sautoir et cartouches, et la légende "hoc est speculum hominis". Puis nous passons sous un autre porche et découvrons la belle cour pavée et arborée de Thierry Verdrel, entourée de maisons du XVIIème siècle. Dans la cour du 17 rue Caponnière, on peut admirer une maison du XVIIème siècle avec une aile à pans de bois et une tour à encorbellement. Au fond de la cour, porte du XVIIème au fronton chargé d’un écusson représentant un oiseau sur une branche. Peut-être une bergère est-elle encensée ici ? On sait que les premiers habitants de Bourg L’Abbé étaient des artisans mais aussi des prayers de moines, c’est à dire des agents chargés de l’exploitation des prés des trois communes avoisinantes : Louvigny, Venoix et Caen. Nous rejoignons la place de l’Ancienne Boucherie : une boucherie y fut construite vers 1685, aux frais de l’abbé de Saint Etienne ; c’était une halle d’environ trente mètres de long, dont la toiture en tuiles était soutenue par onze piliers en maçonnerie. Pour avoir le droit de vendre à la halle, il fallait être reçu maître ; pour y parvenir on devait présenter une requête au procureur fiscal et faire un chef d’œuvre devant les gardes du métier de boucher. La visite se termine sur cette place où nous pénétrons dans une étroite et longue cour abritant des bâtiments à pans de bois et soubassements en pierre. Avant de nous séparer, nous avons le plaisir de boire dans ce beau décor, les jus de fruits qui nous sont gentiment offerts. M.C.S