Sophie Rostopchine, comtesse de Ségur (1799-1874), femme de lettres française d’origine russe, passe son enfance dans le domaine de Voronovo près de Moscou, vaste propriété de 45 000 ha où travaillent 4 000 serfs. Elle y reçoit l’éducation des enfants de l’aristocratie russe, privilégiant l’apprentissage des langues étrangères, du français en premier lieu. C’est aussi une petite fille turbulente, souvent punie par ses parents. Sa vocation est très tardive car elle écrit son premier livre à plus de cinquante ans. Le thème récurrent des châtiments corporels (Un bon petit diable, Le Général Dourakine, Les malheurs de Sophie, Les petites filles modèles…), qui fait peut-être écho à sa propre enfance malheureuse près de sa mère, marque une rupture avec les modèles antérieurs de la littérature enfantine, notamment le modèle des contes de Perrault. Chez la comtesse de Ségur, la punition est d’autant plus crûment représentée que le réalisme des descriptions est sans complaisance.