Durant près de deux heures, Christian Roy-Camille captiva son auditoire en retraçant l’histoire du Mythe d’Orphée et son lien avec l’opéra, l’agrémentant d’intermèdes musicaux.

Le mythe d’Orphée est un thème issu d’un mythe grec traversé par la littérature, la peinture, la musique, le cinéma. Il vient du plus profond de l’antiquité grecque. Les premiers textes le mentionnent au VIe siècle AC.

 

Orphée - L'influx

Orphée a le don de charmer les hommes, les bêtes, les étoiles, les pierres.  Par l’enchantement de sa lyre, il est présenté comme un passeur entre les mondes.

Il est le premier des poètes et des musiciens.

Christian Roy-Camille nous explique que l’opéra est l’alliance entre le verbe et la musique, appelé aussi “l’art lyrique”.

Son histoire : Orphée est le fils de Calliope, muse de la poésie. Il doit épouser la nymphe Eurydice. Le jour de ses noces, pour échapper à Aristée qui l’importune, Eurydice est piquée par un serpent en s’enfuyant et meurt.

Orphée poursuit sa bien-aimée et demande aux dieux d’entrer dans un monde interdit et de ramener Eurydice à la clarté du jour. Émus, les dieux acceptent à condition qu’il ne se retourne pas et ne la regarde pas. En revenant, sur le long couloir qui le ramène à la lumière, il ne respecte pas sa promesse et perd à jamais Eurydice. Il est inconsolable. Rejetées par Orphée, les Bacchantes se vengent, le décapitent et le démembrent. Il sera recousu par les muses et déposé au pied du mont Olympe où règnent les dieux. Sa lyre rejoindra les cieux et deviendra la “constellation de la lyre”.

On retrouve ce thème de la descente aux enfers dans les civilisations égyptienne et chrétienne. Tous les opéras le reprendront. La musique va sublimer le mythe.

La musique :

Le premier opéra  répertorié  est “Euridice“de Jacopo Peri. Il est créé en 1600 à  Florence au palais Pitti à l’occasion du mariage par procuration d’Henri IV et de Marie de Médicis.

C’est un chant déclamatoire, la musique accompagne le verbe , elle est ponctuée et passe au second rang.

 

Nous écoutons Les stances d’Orphée, c’est un déroulement de guirlandes d’arabesque et vocalises par le baryton Philippe Huttenlocher de l’ensemble Monteverdi de Zurich sous la direction de Nikolaus Harnoncourt.

Dans le dernier acte, Orphée n’est pas déchiré par les Bacchantes.  Apollon l’invite à le rejoindre. C’est le premier duo masculin de l’opéra entre baryton et ténor.

En 1647, “Orfeo“,de Luigi Rossi. Le premier à atteindre la France. Il sera donné au Palais Cardinal en l’honneur de Mazarin. Nous retrouvons toutes les étapes de la vie d’Orphée de sa naissance à son apothéose.

Au 18ème siècle, Gluck va faire la charnière entre l’école italienne à vocalises et l’école française plus solennelle et déclamative. En 1762, il crée à Vienne, “Orphée et Eurydice”. Il était le professeur de clavecin de Marie Antoinette qui lui demande  en 1774, d’en écrire  une version française.

L’air le plus célèbre “j’ai perdu mon Eurydice, rien n’égale mon malheur”, est interprété ici par Anne Sofie Von Otter avec l’orchestre de l’Opéra de Lyon sous la direction de John Eliot Gardiner. 


En 1791, “L’anima del filosofo ou Orphée et Eurydice ” est le dernier opéra de Haydn. C’est une œuvre de l’esprit des Lumières. La pensée et la raison sont supérieures aux amours terrestres. Elle ne sera jamais interprétée du vivant Haydn et ne sera créée sur scène qu’en 1951 à la Scala de Milan avec Maria Callas dans le rôle d’Eurydice.

Nous écoutons Cécilia Bartoli dans le rôle d’Orphée avec “the académy of 0ancient music” sous la direction de Christopher Hogwood.

En 1858, au théâtre des Bouffes parisiens, Jacques Offenbach, compositeur du second Empire, crée Orphée aux enfers. C’est un opéra bouffe irrévérencieux où l’on rit. En se moquant des dieux de l’Olympe et des grands mythes, il se moque aussi de la politique contemporaine.

Dans le livret, Orphée est un violoniste raté et ringard. Eurydice et lui se détestent. Pluton veut garder pour lui Eurydice mais Jupiter s’en mêle. Pour la séduire, il descend aux enfers et se métamorphose en mouche.

Tout finit par un galop final qui est repris en french cancan.

Nous écoutons le duo de la mouche interprété par la soprano Nathalie Dessay et le baryton Laurent Naouri sous la direction de Marc Minkovsky.


Au début du 20ème siècle,  Darius Milhaud, les malheurs d’Orphée

En 1993, Philippe Glass, maître de la musique minimaliste et répétitive, écrit un Orphée.  Cette œuvre fait partie d’une trilogie dédiée à Jean Cocteau (la belle et la bête, les enfants terribles, Orphée).

 

Le cinéma intervient aussi :

 

  •  L’homme à la peau de serpent avec Marlon Brandon et Anna Magnani adapté d’une pièce de Tennessee Williams.
  • Parking de Jacques Demy,
  • Orphée de Jean Cocteau avec Maria Casarès où Orphée est à la fois amoureux d’Eurydice et d’une femme qui symbolise la mort. Orphée traversera le miroir vers l’éternité.

Nous traversons les mers pour retrouver Orphée qui nous mène au Brésil.  Orfeu da Conceiçao, d’après une comédie musicale de Vinicius de Moraes, un des plus grands compositeurs brésiliens.

Cette comédie musicale a donné lieu au film Orfeo Negro, de Marcel Camus, palme d’or du festival de Cannes en 1959. A la fin du film, Orphée prend sa guitare et joue la Manha de Carnaval qui en est le thème central.


Nous terminons en écoutant les accords de la guitare d’Orphée interprétés par Carlos Jobim.

Le mythe d’Orphée traversera les siècles.  Tout est possible, l’amour humain mais aussi l’amour éternel, l’amour qui transcende tout.  Le mystère de l’amour est plus grand que le mystère de la mort.