La tradition théâtrale à Caen remonte à la fin du XVe (1492) avec la mention d’un spectacle de tréteaux en plein air : “La Farce des pâtes ouîntes”, présentée sur l’actuelle place de la République et, probablement, annoncée selon la tradition dans les rues par les “aboyeurs”.
Mais ilfaudra attendre le XVIIIe s. pour voir à la place de l’actuel temple protestant, la construction d’un premier théâtre, “la Salle de la Comédie”, pour l’entrepreneur de spectacles François Crescent de Bernault.
Ce lieu, d’une capacité de 600 places, sera utilisé jusqu’en 1838 et deviendra ensuite un Entrepôt des Tabacs.
A l’emplacement du théâtre actuel sera construit et inauguré, en 1838, “le Grand théâtre de Caen” (par l’architecte M. Guy) avec une façade néo-classique et une salle à l’Italienne de 1000 places : il sera malheureusement brulé lors des bombardements de 1944.
Jo Tréhard, un jeune passionné de théâtre, fondera alors, en 1947, un “Centre Régional d’Art dramatique” avec un vrai lieu théâtral dans la ville en pleine reconstruction : ce sera ”Le Tonneau”, un grand baraquement militaire, en tôle ondulée, avec une capacité de 620 places et un décor réalisé par un de nos peintres régionaux connus :Yvonne Guégan.
On y jouera ”l’Avare”, ”le Cid” … et on y recevra des noms célèbres : Edith Piaf, Yves Montand, Maurice Chevalier, etc. Il sera utilisé jusqu’en 1962.
En 1963, on inaugurera le nouveau théâtre (TMC) confié aux architectes Alain Bourbonnais pou l’intérieur et François Carpentier pour l’extérieur.On y conservera l’esprit des théâtres, à l’Italienne, avec la forme en fer à cheval et Jo Tréhard en assumera la direction.
Une rénovation sera nécessaire en 1991 et réalisée avec une mise aux normes de sécurité contemporaines. On en profitera pour moderniser le décor (rouge et gris anthracite) et apporter plus de lumière, améliorer l’acoustique et réorganiser le hall d’entrée et les espaces de service.
Le plafond actuel comporte 1060 points lumineux, produits par des fibres optiques, et correspondant aux 1060 fauteuils spécialement dessinés pour le théâtre de Caen.
Ainsi rénové, ce dernier accueillera des productions de très haut niveau : une convention sera passée en 1990 avec le célèbre chef d’orchestre : William Christie (”les Arts Florissants”) et une collaboration sera engagée avec l’Opéra de Paris, le Théâtre du Châtelet, le Festival d’Aix en Provence, etc..
En 2009/2010, 105 000 spectateurs ont assisté à 100 spectacles variés où se sont mêlés danse, musique et théâtre, selon la politique pluridisciplinaire de son nouveau directeur, Patrick Foll.
La visite des coulisses du théâtre nous a fait percevoir toute la logistique, et la complexité technique, nécessitées pour chaque spectacle. Au dernier étage, c’est la Régie Lumière (avec une vue sur les fibres optiques du plafond) puis celle du Son avec ses tableaux complexes. Nous apprécions ensuite le système de cordes, poids et contrepoids qui permet de monter ou descendre, les décors (un rideau seul pèse 50 kg !). Nous visitons l’espace dédiée aux décors, la petite Salle des Costumes, la Loge d’Orchestre et ses 16 sièges de velours rouge, la Salle de Maquillage aux puissants éclairages analogues à ceux de la scène, puis les bureaux. Et nous terminons la visite par le sous-sol pour observer les dessous de la scène. Enfin, nous nous retrouvons, comme des artistes, sur la scène elle-même où notre guide nous fait prendre conscience du rôle très important du ”topeur” qui supervise, depuis le spectacle, sons et lumières.