L’Odyssée de l’Endurance

 

CONFERENCE D’OLIVIER MIGNON

guide conférencier et auteur

 
Pour sa troisième conférence au Lyceum club du Limousin, Olivier  Mignon a fait salle comble pour l’écouter nous faire vivre avec son talent bien connu de conteur la passionnante odyssée de Sir Ernest Shackleton à bord de l’Endurance.
                                              
Trois ans après la conquête le 14 décembre 1911 du Pole Sud par le norvégien Roald Amundsen, l’explorateur irlandais Ernest Shackleton quitte l’Angleterre à bord de l’Endurance avec comme objectif la  traversée de l’Antarctique depuis la mer de Weddell dans l’Océan Atlantique, jusqu’à la mer de Ross dans le Pacifique en passant par le pole. C’est un explorateur aguerri aux explorations polaires. En 1912, il avait précédemment participé avec le capitaine Edward Wilson aux expéditions Nimrod et Discovery conduites par Robert Falcon Scott. C’est lors de l’expédition Terra Nova qui avait atteint le Pole Sud 4 semaines après l’expédition norvégienne que Scott et ses compagnons moururent de froid sur la route du retour. En aout 1914, la grande guerre éclate, mais Shackleton se lance dans une toute autre bataille  dont il ne sortira pas vainqueur mais il en fera une victoire : la plus stupéfiante épopée de toute l’histoire de l’exploration polaire.
Il prépare soigneusement un des meilleurs navires de l’époque l’Endurance dont la coque n’avait pas la forme arrondie des actuels navires polaires. Il était accompagné de 28 membres d’équipage soigneusement sélectionnés pour leurs diverses compétences sélectionnés à partir de l’annonce suivante : « recherche hommes pour voyage périlleux. Petits gages. Froid rigoureux. Longs mois de totale obscurité. Dangers permanents. Retour incertain. Honneur et reconnaissance en cas de succès ».
Le capitaine F Wosley et des marins expérimentés mais aussi des équipiers de compétences diverses allant du charpentier au cuisinier, en passant par un photographe australien Frank Hurley, en font partie.  Toute une meute de chiens de traineaux et des vivres abondants pour réaliser son objectif était d’être le premier à traverser l’Antarctique en traineaux à chiens. En janvier 1915, leur navire se trouve prisonnier des glaces en mer de Weddell. Quelques mois plus tard, devant le risque d’écrasement de leur bateau dans les glaces, Shackleton et ses hommes évacuent le navire et se retrouvent sur la glace par moins 45 degrés dans une des régions les plus inhospitalières du monde.  L’Endurance finira par être broyé par la banquise. Après de multiples mois pour survivre sur la banquise dans des igloos et en se nourrissant de phoques et de manchots cuits sur un fourneau alimenté par la graisse de phoque, ils finissent  par tirer les chaloupes à dos d’hommes vers l’océan tumultueux et prendre la mer. 
                                               
Ils doivent affronter sur de simples chaloupes, les creux immenses, les vagues scélérates et les vents tempétueux brulés par la soif et les embruns glacés. Une partie de l’équipage restera sur l’ile éléphantine. Shackleton et quelques hommes reprirent la mer sur une chaloupe recouverte et après 1500 Kms de navigation au travers des « 60emes mugissants », ils atteignent enfin leur terre promise la Géorgie du Sud, mais sur le coté opposé à la station baleinière. Ils doivent encore escalader des à-pics, dévaler les glaciers et les champs de neige entre les précipices avant d’arriver enfin, auprès d’hommes pouvant leur apporter secours.
 Au terme d’une série d’exploits inimaginables et illustrés par les photographies de F Hurley, les 28 membres de l’expédition, menés par un chef à la volonté inébranlable et aux qualités humaines et d’intelligence exceptionnelles, vont tous rentrer sains et saufs en Angleterre. Le sauvetage de l’Expédition Endurance reste à ce jour la plus incroyable histoire de survie pendant 22 mois en milieu polaire loin de toute civilisation. La découverte très récente de la carcasse broyée de l’Endurance, suite à la fonte des glaces a remis en lumière cet exploit.
 
                                                                                                Dominique Bordessoule