L’Egypte s’affiche partout dans Grenoble sur les trams, dans les kiosques, au coin des rues, car son musée nous propose une magnifique exposition, centrée sur la ville de Thèbes (Karnak ou Louksor), à un moment bien délimité, la Troisième Période Intermédiaire, de 1069 à 655 avant Jésus-Christ.
En quelques lignes, car le sujet est gigantesque, que retenir de cet événement culturel ?
A l’image des quatre espaces bien délimités par des couleurs profondes, et dont les photos nous emmènent au cœur de cette civilisation qui nous tient à cœur, je vous propose quatre pistes de réflexion qui caractérisent cette exposition.
egypte-2.jpgTout d’abord elle est le fruit de deux grandes rencontres. A l’origine celle du Comte Louis de Saint-Ferriol avec notre ville. Dans la vague de l’égyptomanie du XIXème siècle, cet aristocrate d’Uriage revint d’un voyage en Egypte avec une très riche collection que son fils Gabriel donna au musée de Grenoble en 1906. Cette donation a fait du fonds égyptien grenoblois le troisième de province. Un siècle plus tard notre exposition met en scène la rencontre de cette richesse dauphinoise avec les collections bien connues du Louvre : extraordinaire échange qui réjouit les principaux partenaires. En effet l’équipe de Grenoble a bénéficié du large engagement des sommités parisiennes en la matière : tant Florence Gombert-Meurice, conservateur en chef du patrimoine au Département des Antiquités égyptiennes et commissaire scientifique de cette exposition, que Frédéric Paraydeau, maître de conférences à l’université Paris IV, accompagnés de leurs collaborateurs.
egypte_2.jpgCes rencontres ont permis de repenser, reconsidérer, restaurer les collections de Grenoble et trouver son centre de gravité autour de trois unités : la ville de Thèbes, le premier millénaire avant J-C, le dieu Amon et la vie dans l’enceinte du temple.
Les nombreux échanges ont apporté de nouveaux éclairages aux deux collections, pour la grande satisfaction des deux équipes qui ont travaillé très étroitement.
Par ailleurs tout ce travail prépare l’année 2022 où sera célébré le bicentenaire du décryptage des hiéroglyphes par Champollion, événement qui verra, à Vif, l’ouverture de la maison de cette figure fondamentale de l’égyptologie.
Ainsi tout est mis en place pour faire vivre Thèbes sous nos yeux. Cité de la haute Egypte, cette ville est le royaume du dieu solaire, roi des dieux, souverain tout puissant, toujours accompagné de la déesse Mout, son épouse et mère. Thèbes est le lieu des pouvoirs religieux, politique, économique où vivants et morts ont besoin les uns des autres. Cette théocratie fait vivre une multitude de personnes qui participent à ces cultes. Ce qui nous fascine est l’égalité d’importance entre hommes et femmes, au service de ce couple royal et divin. La charge d’adoratrice du dieu Amon est occupée par la fille du roi, épaulée par un très grand nombre de chanteuses et de musiciennes. Selon leur importance, ces femmes bénéficient de personnel masculin, agriculteurs, scribes à leur service.
Enfin, venons-en au cœur de l’exposition, les 270 objets qui témoignent de la richesse de cette société et des cultes qui en rythment la vie. Objets de rites funéraires comme les cercueils en cartonnage finement peints, leur couvercle de bois, les papyrus dessinés, les stèles en bois peint, les vases canopes, les ouchébis, petites statuettes qui doivent servir le mort dans la vie de l’au-delà, et bien d’autres objets.
egypte_3.jpgDes bijoux, dont un magnifique collier en or et lapis-lazuli, de ravissantes statuettes en bronze, des statues-cubes en granit, ou différents instruments de musique comme les sistres agités par les chanteuses pour accompagner le voyage des morts nous ouvrent les portes de ces temps anciens qui, il y a 3000 ans, accordèrent des rôles complémentaires et harmonieux aux hommes et aux femmes, dieux et humains.
La scénographie très sobre, qui présente ces objets dans de vastes salles organisées spécifiquement pour cette exposition, comme les qualités de notre guide nous ont ainsi fait voyager au cœur d’une Egypte, non pas pharaonique, mais plus humaine, toujours fascinante.
‘’ L.B ‘’