Le développement du chemin de fer amène, à la fin du XIXe s. bon nombre de peintres parisiens sur nos côtes normandes.
Il est, en particulier, facile de venir séjourner à Deauville, Houlgate ou Honfleur mais on le sait moins pour Port en Bessin, lieu important de villégiature à l’époque et qui attire, en autres, les deux artistes néo-impressionnistes : Signac et Seurat.
Notre visite nous faire redécouvrir le port d’autrefois à partir de cartes postales anciennes permettant la comparaison avec le Port en Bessin actuel et, parallèlement, nous nous arrêtons sur les lieux où les deux peintres avaient posé leurs chevalets. Là aussi, à partir de reproductions des tableaux qu’ils y ont peints, nous admirons comment la magie de leur art a sublimé la réalité qu’ils avaient sous leurs yeux.
Port en Bessin prend, avec les harmonies novatrices (pour l’époque) des deux peintres, des couleurs très méditerranéennes (mauves, oranges, turquoises, bleus profonds de cobalt et d’outre-mer) et le ciel en oublie ses nuages dilués dans des pointillés juxtaposés de façon presque “scientifique”.
Opposés à la période artistique précédente des impressionnistes, ils basent leur technique sur les recherches optiques de Chevreul (prisme des couleurs) et forment, avec quelques autres, le groupe des “Impressionnistes scientifiques”.
La juxtaposition des couleurs, par petits points (d’où le sobriquet de “pointillistes”) s’appuie sur l’effet optique du mélange des tons qui se fait avec l’œil.
Ainsi les mauves utilisés abondamment par les peintres sont perçus avec des touches roses et bleues juxtaposées, les oranges avec des vermillons et des jaunes, etc.
A Port en Bessin, la Halle aux poissons (“modernisée” depuis), le Pont et les Quais, la Tour Vauban, les Falaises proches, le Port et ses bateaux de pêche, les Plages et leurs couchers de soleil, les scènes de la vie quotidienne (ramasseuses d’algues, filets de pêche, roulottes des forains, charrettes à bras pour transporter le matériel jusqu’aux bateaux, etc.), tout a été propice et prétexte pour nos deux peintres qui nous donnent, en plus de leur art, un beau témoignage sur les lieux à la fin du XIXe s.
Devenu président de la “Société des Artistes Indépendants” en 1908, Paul Signac, qui vivra 72 ans, inspirera beaucoup de peintres après lui (Matisse, Maurice Denis ..). Mais Seurat aura une vie beaucoup plus courte (il décède à 31 ans) malgré une œuvre déjà abondante.
Les deux peintres incarneront, après les impressionnistes, une nouvelle génération d’artistes et l’avènement de conceptions nouvelles
Quant à notre guide, adjointe à la culture à la Municipalité de Port en Bessin, elle travaille à la mémoire de ce passé glorieux avec beaucoup de passion et ses circuits de visite sont bien conçus. Marie-France JUHEL