Cette exposition recrée le panthéon artistique de Picasso, et trace des parallèles entre les maîtres qui l’ont inspirés et ses toiles qui composent une relecture majeure de l’histoire de la peinture :
Riche de prêts souvent exceptionnels-« La maja desnuda » de Goya n’était pas venue à Paris depuis un demi-siècle-, l’exposition ambitionne de plonger dans les ressorts les plus secrets de la création picassienne. De rappeler, documents à l’appui, comment le jeune peintre, gavé de références dès l’enfance, dépasse le père, peintre et professeur de dessin, pour devenir l’un des géants de la peinture.

La peinture espagnole, dans ce défilé de confrontations, est évidemment au premier rang. Vélasquez-on devine bien qu’on n’a pas déplacé les trop précieuses « Menines »-s’efface au Grand Palais devant Zurbaran. Datée de 1633-1634, une précieuse composition de ce contemporain de Vélasquez, « Saint François d’Assise dans sa tombe », montre en effet de quelle façon il peut être considéré, lui aussi, comme l’une des sources du cubisme. Gréco n’est pas oublié pour autant : son « Saint Martin partageant son manteau avec un pauvre » va trôner sur la même cimaise que le « Meneur de cheval » du MoMa. Un rapprochement qu’on est curieux de voir, tant il est peu évident.
Le second volet de cette confrontation concerne les rendez-vous de Picasso avec la peinture française. L’exil parisien s’explique d’abord par la situation particulière de Paris, ville qui a pris le relais de Rome, régnant largement sur les arts plastiques au début du XXe siècle. De grands chefs-d’oeuvre de l’art français sont donc revenus dans l’Hexagone pour être accrochés à côté d’une oeuvre de Picasso qu’ils auraient inspirée. Le sujet est délicat : de nombreux rapprochements donneront lieu à polémiques. Il est difficile, par exemple, de voir une influence directe entre le « Matador saluant » de Manet et les matadors géométriques peints par Picasso dans les années 70. C’est tout le risque de cette manifestation. Où commence et où finit une influence ?