Bref historique de la digue du port de Cherbourg et, d’une façon plus détaillée, récit reconstituant la destruction de la Batterie Napoléon lors de l’ouragan des 11 et 12 février 1808, par Monsieur Yves MURIE.
Journaliste aux Presses de la Manche, Monsieur MURIE, auteur par ailleurs d’un essai sur Louise Michel, entreprend de reconstituer son arbre généalogique et apprend, par hasard, qu’un de ses ancêtres a épousé en 1810 une veuve dont le premier mari avait “péri à la digue”. Intrigué, il approfondit ses recherches aux archives de la marine et aux archives municipales : c’est alors qu’il découvre l’ampleur d’un évènement complètement oublié et négligé des historiens. Il nous le relate dans son ouvrage.
C’est le récit des assauts répétés et dévastateurs des terribles tempêtes de la Manche sur un ouvrage qui symbolisait la gloire de l’Empereur Napoléon 1er : la digue sensée protéger Cherbourg des attaques incessantes de la marine anglaise.
Déjà Louis XVI, passionné par la mer, avait fait de Cherbourg un grand port militaire. Napoléon le complètera en créant, dans un chantier gigantesque, une digue de 4 kms avec, en son centre, une véritable petite ville fortifiée de 200 m de long : la Batterie Napoléon. Cet ouvrage militaire, destiné à résister à l’ennemi et protéger Cherbourg, a nécessité une importante logistique utilisant des centaines de familles vivant en partie sur les lieux.
Maintes fois les tempêtes ouvrent des brèches dans l’ouvrage fait de blocs de plusieurs tonnes mais non solidarisés ; puis, le 11 février 1808, une vague gigantesque balaie tout, précipitant hommes femmes et enfants à la mer. Un héros se distingue dans ce drame : le conducteur de travaux Pierre-François TRIGAN réussit à sauver, sur un caïque, 48 personnes au milieu d’une mer déchaînée. Tous les autres ont péris : au moins 229 personnes selon les actes de décès recensés. Ce grand courage lui vaudra le surnom de “Chevalier de la Tempête” et, devenu commandant d’une canonnière, il le montrera encore en battant les anglais à Arromanches en 1811.
Aujourd’hui la Batterie Napoléon n’est plus qu’un souvenir. Elle a été remplacée, au XIX° siècle par un ouvrage plus solide bénéficiant d’une technologie plus moderne et d’une surveillance régulière.