En Janvier 1622 la Reine-Mère Marie de Médicis (1573-1642), fille de François 1er de Toscane et de Jeanne d’Autriche, veuve du roi Henri IV et mère de Louis XIII, commanda à Pierre-Paul Rubens ( 1577-1640), une suite de 24 tableaux. Il s’agissait d’un vaste cycle narratif illustrant “les histoires et gestes héroïques de la très illustre Marie de Médicis“, réalisé pour décorer la galerie occidentale, au premier étage du palais du Luxembourg (actuel Sénat), à Paris. Les peintures dont l’exécution débuta aussitôt dans l’atelier d’Anvers, furent livrées et mises en place en 1625 ; l’une d’elle déplaisant au Roi, fut aussitôt remplacée par Rubens, qui peignit “in situ“ La Félicité de la Régence. L’ensemble, resté volontairement secret, ne fut dévoilé qu’en mai, et dans son ensemble, à l’occasion du mariage d’Henriette de France et du Prince de Galles, futur Charles Ier d’Angleterre. L’inauguration, en présence des “grands“ des cours européennes venus assister à l’union des princes, fut un acte politique fort: bien davantage qu’un récit biographique, c’était un message politique qui montrait les qualités d’épouse et de mère de roi, mais surtout de Reine. Véritable outil de propagande d’une femme qui n’avait jamais renoncé au pouvoir, c’est l’unique exemple de cycle commandé par une reine de France pour mettre en scène sa propre gloire,…
A l’origine, il était prévu d’évoquer les batailles et triomphes du roi Henri IV dans la galerie de l’Est, mais Rubens en commença à peine l’exécution (2 tableaux inachevés sont conservés au musée des Offices de Florence, une esquisse est accrochée dans la maison de Rubens à Anvers).
La genèse de ce fleuron des collections du Louvre est assez bien connue; la Reine en fixa le contenu par contrat, et Rubens, extrêmement cultivé, échangea une correspondance fournie avec ses amis lettrés, le grand érudit Gevartius, qui connaissait tous les écrivains et philosophes d’Europe, et Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, magistrat aixois
Réinstallé au Louvre en 1815 ( la galerie avait été remplacée en 1803 par l’escalier d’honneur du Sénat), le cycle a été transféré dans un espace spécialement conçu pour lui en 1993. La présentation actuelle restitue la galerie à la Française du palais du Luxembourg: étroite, allongée, et à plafond bas. L’éclairage zénithal remplace les grandes fenêtres latérales. B. FIX
