Nous étions 6 à nous retrouver dans la Vallée aux Loups pour rendre visite à Madame Geoffrin.
Mais avant de parcourir ses salons, nous sommes allées nous promener dans l’Arboretum, un grand parc patiemment remodelé par le Conseil Général des Hauts-de-Seine. Le jardin des hortensias allant du blanc le plus pur au rouge le plus violent nous a suffisamment séduit pour que nous y posion notre pique-nique. Puis, un grand tour à la découverte des arbres centenaires (arbre à caramel, cèdres du Liban, cèdre bleu de l’Atlas, paulownia, séquoia géant, cyprès, tulipier de Virginie, chêne chevelu panaché, hêtre pleureur, hêtre pourpre, cerisier pleureur, cornouiller, pins sylvestre de Riga, sycomores …) nous a amené à découvrir un cèdre bleu pleureur qui nous a sidéré par sa surface de ramure (680 m2). Nous avons aussi trouvé sur notre chemin une grotte, un kiosque oriental, un petit pont charmant et une “glacière”, ancêtre du réfrigérateur. Et j’oublie le jardin des convolvulacées qui contient près de 500 espèces de liserons !
A 15 h, nous avions rendez-vous avec Madame Geoffrin et son salon littéraire installé dans la Maison de Chateaubriand. Mais pas un mot sur l’écrivain, simplement une explication sur l’escalier de bateau qu’il a ramené de Saint-Malo.
Notre hôtesse est née en 1699 et, grâce à la fortune de son mari (qu’elle a épousé à l’âge de 14 ans !) actionnaire de la Manufacture des Glaces, elle ouvrit un salon, le mieux établi qu’il y ait eu en France depuis leur fondation.
Le comte de Caylus, fidèle ami, lui conseilla de réserver le lundi aux artistes et le mercredi aux philosophes. Son amitié avec Diderot et d’Alembert fit qu’elle ne fut jamais reçue à la Cour. Mais le Roi de Pologne Stanislas Poniatowski l’appelait “ma mère” et entretenait avec elle une correspondance régulière. D’ailleurs, elle n’hésita pas, alors âgée de 67 ans, à se rendre à Varsovie pour le conseiller dans les décors de son Palais Royal.
A son retour, elle s’arrêta à Vienne où les souverains lui prodiguèrent des attentions qui témoignent avec éclat de sa renommée européenne. L’impératrice Marie-Thérèse la chargea officieusement de vanter, en France, les mérites de Marie-Antoinette. Ce qu’elle fit parfaitement ! Pour la remercier l’impératrice lui fit cadeau d’un somptueux service de table en porcelaine de Vienne que nous avons pu admirer. Il paraît que c’est la première fois qu’il est présenté au public !!
En amateur d’art éclairée, elle a su apprécier les talents des peintres tels que François Boucher, Joseph Vernet, Claude-Nicolas Cochin, Carle Van Loo …
Sa renommée traversa les années. L’Impératrice Joséphine commanda un tableau posthume dont on a pu voir l’esquisse.
La présence des tableaux, des gravures, des dessins, des manuscrits, des objets précieux et du fameux service de table contribue à rendre extrêmement vivante cette dame d’esprit du XVIIIe siècle. !