Avec François SAINT-JAMES nous continuons notre découverte architecturale de la ville de Caen, dans le quartier de la Place Malherbe et de la rue adjacente, rue Arcisse de Caumont. Cette dernière cache des trésors dans ses cours où notre guide nous fait pénétrer avec sa curiosité et son assurance habituelles !
Comme d’habitude, nous apprenons à découvrir et reconnaître la succession des périodes historiques au cours desquelles les architectures se sont imbriquées et superposées. Selon les évènements historiques, l’évolution des goûts et des modes de vie l’accroissement de la population (et donc de l’urbanisme), les habitations ont été en partie démolies, modifiées, agrandies ou réduites, etc. Nous retrouvons le plus souvent des détails : pans de murs, fenêtres, lucarnes, tourelles et mansardes, … que notre guide-historien sait repérer et dater.
Au N° 1, c’est une maison dont le rez-de-chaussée a gardé des pilastres cannelés et rudentés, avec des chapiteaux ioniques de la fin du XVIIIe s. mais l’ensemble a été modifié au XIXe avec une “salle de bains” et un escalier. Au N° 6, c’est une maison du XVIIIe ; puis ce sont, du 9 au 13, des détails du XVIIe qui attirent notre attention : deux lucarnes datées de 1619 et 1671, une porte au sommet arrondi recadrée dans un rectangle pour pouvoir plus facilement fermer la boutique, des fenêtres agrandies au XVIIe s . etc. Dans la ruelle entre la rue de Bras et la rue A. de Caumont, nous repérons deux tours d’escalier, un nouveau logis construit à la fin du XVIIe entre celles-ci lorsque la population a augmenté. Sur ces tours, des arêtes chanfreinées du début du XVIe et un passage du plan octogonal au plan carré. Côté rue, la façade sera refaite en pierre en 1619 et une nouvelle aile sera construite en 1671 avec un escalier en colimaçon.
Nous nous sommes, bien sûr, attardés Place Malherbe sur l’observation de la maison de la fin Renaissance ou Malherbe est censé être né (ce qui est faux, mais il y vécut !). Cette dernière fut habitée par Aymé Lair, anobli, puis son fils qui fut secrétaire général de la Préfecture jusqu’en 1853. En effet, Pierre-Aymé Lair s’était passionné pour l’histoire de Caen et ilfit poser, en 1806, la plaque “Ici naquit Malherbe” car il avait le souci de rattacher sa famille aux vieilles familles normandes !! La maison fut restaurée par l’architecte François Poujol qui reconstitua, entre autres, les lucarnes à partir des dessins archivés à la Bibliothèque Nationale. Malheureusement, par manque de moyens des deux demoiselles propriétaires, il dut se contenter de faire peindre les blasons …
Au bout de la rue A. de Caumon, nous observons les restes d’une maison, du XVe s. abattue en partie en 1944, avec ses fenêtres gothiques typiques de cette période historique. Devenue, au XIXe la propriété de Charles Mutin, elle devint ensuite celle de Joseph Koenig qui a reconstruit l’orgue de Saint-Etienne.
Pour notre grand plaisir, d’autres rues qui ont échappé aux bombardements de la ville, lors de la dernière guerre, nous attendent pour une prochaine visite (rue de Bras, rue Froide ???) M-F. J.