Le Pays d’Auge possède un patrimoine religieux exceptionnel. En effet, plus de cent églises du XII e et XIII e généralement d’une architecture assez simple, ont gardé cependant de véritables trésors du XVII e et XVIII e : les retables, situés dans le chœur, selon la réforme liturgique définie par le Concile de Trente en 1563.

L’enrichissement progressif dû à la transformation de l’économie agricole et un renouveau spirituel, ont permis leur expansion plus d’un siècle plus tard.
Le Retable (retro : derrière – tabula : planche) désigne le panneau vertical derrière l’autel. D’abord mobile, et à volets, il devient fixe et s’enrichit de décors au cours des siècles jusqu’à devenir monumental à l’époque baroque.
Sa réalisation est un acte religieux de foi et son financement est assuré par le Seigneur Châtelain du lieu, le prêtre qui, s’il le peut, participe de ses propres deniers, et les donations des fidèles qui nourrissent souvent les artistes.

Elle fait intervenir plusieurs corps de métier : menuisiers, sculpteurs, peintres et “maîtres doreurs”, enfants du pays qui travaillent selon des codes religieux rigoureusement respectés.
En effet le retable se compose de plusieurs parties :
– l’autel, point de rencontre de l’humain et du divin, surélevé de 3 marches et, souvent, en forme de tombeau. Le devant est décoré de façon symbolique (croix, cœur, épis de blé, raisins, etc..) et certains autels ont un parement amovible en tissu, cuir, broderie de verres colorés etc..
– le tabernacle : petite armoire fermée a clé, contenant le ciboire et les hosties consacrées et qui symbolise la présence de Dieu. Dorée à la feuille, c’est la partie la plus somptueuse et qui peut prendre diverses formes (petit temple, ou meubles aux formes droites ou arrondies …) et s’orner de divers décors (Christ Rédempteur, évangélistes, arche d’alliance, ciboire, ostensoir, etc..) A la fin du XVII e le tabernacle est surmonté de “l’Exposition”, sorte de dais triomphal dans lequel on expose le Saint-Sacrement à la vue des fidèles.
– au sommet de l’ensemble, le “Couronnement”, souvent triangulaire et s’ouvrant vers une vision céleste : Dieu le Père, Saint-Esprit (colombe) etc..
Tout est symbole dans ces éléments encadrés, juxtaposés ou superposés : colonnes torses suggérant le mouvement de conversion de l’âme qui monte vers Dieu, pots-à-feu (parole du Christ), Descentes de Croix, Adoration des bergers, Saint Patron de l’Eglise, tous sujets faisant appel à l’imagination, l’émotion et la méditation. Droits, renversés ou agenouillés, Anges et Chérubins deviennent aussi (sous forme de cariatides, consoles, etc..) des éléments de décor très répandus et symbolisent les messagers de Dieu.
La période des retables a duré plus d’un siècle en Pays d’Auge. Après un long abandon au siècle suivant, ils ont été restaurés plus ou moins bien au XIX e selon la mode du temps ou tout simplement détruits, et ils sont actuellement, pour un grand nombre d’entre eux, classés et protégés par les Monuments Historiques.

Madame Pellerin a complété son exposé par une belle projection de photos de retables qui nous donne, à toutes, l’envie d’aller les admirer et, grâce à elle, j’aurai certainement un regard plus attentif et intéressé.