Le thème de “l’évolution du bijoux au XXe s.” nous a été présenté par M. Quentin Labelle-Loisillon, neveu d’une de nos amies lycéennes, Anita Crescent (ancienne troyenne). Ce gemmologue a un brillant parcours professionnel : étudiant en langues à Oxford, puis en droit à Paris ; il poursuit son expérience chez Christie’s où il participe à l’expertise des bijoux dans les vente, puis chez les diamantaires d’Anvers. Actuellement, il se déplace dans de nombreux pays, tels que l’Inde ou l’Afrique du Sud, pour acheter des pierres précieuses et semi-précieuses qu’il revend ou transforme lui-même en superbes bijoux : quelques uns nous ont été présentés à titre d’exemples dans ses coffrets.
Après avoir établi la distinction entre joaillerie (travail des métaux et pierres précieuses) et l’orfèvrerie qui créé des pièces moins rares et moins onéreuses. Il nous fait un rappel des différents poinçons apposés sur les bijoux afin de renseigner sur la qualité du métal : la tête d’aigle pour l’or, une Minerve pour l’argent, une tête de chien pour le platine (ou une tête de vieillard pour les fabrications à l’étranger).
En ce qui concerne plus précisément l’or, celui-ci peut être mélangé à l’argent, au cuivre, au nickel, au palladium, etc. Sa teneur en or pur peut varier de 9 à 24 carats pour obtenir des qualités et des couleurs différentes (blanc, jaune, rouge, gris …)
Le bijou a existé dans toutes les sociétés primitives et plus évoluées, telles que la Mésopotamie, l’Egypte, les Mayas et Incas d’Amérique, mais il a pris une dimension internationale, en France, à la fin du XIXe s. avec les premières grandes maisons de joaillers : Cartier, Boucheron, Chaumet, Van Cleef et Arpels, etc. encore réputées de nos jours.
Il a évolué en fonction de plusieurs paramètres que notre conférencier nous détaille avec des documents projetés :
– le bijou est le reflet d’une époque
– la mode est initiatrice de styles dans la joaillerie
– l’émancipation de la femme permet une grande vulgarisation du bijou
– les matériaux se diversifient et les techniques évoluent.
A la fin du XIXe jusqu’en 1920, les bijoux de style “Belle époque” ou “Art nouveau” sont créés exclusivement pour l’élite et l’aristocratie ;
Puis apparaît une nouvelle clientèle (la riche bourgeoisie) qui veut aussi se distinguer, et la femme orne ses vêtements de motifs floraux, rubans, nœuds, broches, sautoirs, épingles, etc.
A partir de 1920, de nouvelles techniques permettent un style très novateur (Art Déco) avec des motifs géométriques, asymétriques, et des supports nouveaux (émail sur fond d’or ou non, par exemple).
Après la première guerre mondiale, une nouvelle période d’opulence s’ouvre pour le bijou dans les années 30 et on assiste à une véritable folie des créateurs en réaction contre les mouvements précédents.
Le style vestimentaire de la femme découvre bras et jambes, que le bijou va “habiller” avec de nouvelles pierres (jade, cristal de roche, citrine, onyx, corail…) de nouveaux motifs très géométriques et d’inspiration architecturale, et de nouvelles tailles telles que celle du diamant “baguette”.
Après la deuxième guerre mondiale et la disparition du platine utilisé dans le domaine militaire, l’or redevient une valeur sûre. Des innovations techniques permettent de nouvelles tailles et de nouveaux sertis, invisibles, pour mettre la pierre en valeur (“le serti mystérieux”).
Puis dans les années 1960/80, avec la période hippie et son retour à la nature, on créé des bijoux peu onéreux à base de motifs végétaux, et qu’on peut porter tous les jours. Mais, parallèlement, des stars hollywoodiennes vont médiatiquement arborer des créations de grands joaillers.
Un marché florissant se poursuit dans les années 1980/2000 avec des diamants colorés, montés avec ou sans facettes, selon des sertis nouveaux (par ex. double rail chez Van Cleef et Arpels) et des tailles très variées (baguette, marquise, triangle, poire, princesse, émeraude, etc.).
Au XXe – XXIe s. les pierres de synthèse mettent le bijou à la portée de toutes les bourses. M-F. J.