Notre conférencier, Monsieur NOVARC’H, a travaillé pendant 12 ans au Ministère de l’Intérieur, enseigné, entre autres activités, à l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale, et c’est avec beaucoup de talent et d’humour qu’il nous conte l’histoire d’un des édifices les plus célèbres de France : le Palais de l’Élysée. Ce dernier a un double privilège : en 300 ans, il n’a jamais été pillé et tous ses propriétaires, pourtant d’origines très diverses, ont essayé de l’améliorer et l’embellir.
Son histoire commence au début du XVIIIe s. dans une plaine située entre l’actuel Faubourg St Honoré, le “Grand Cours” (actuel Champs Élysées) et le Marais des Gourdes, occupé essentiellement par des pâturages et des cultures maraîchères. Ce terrain de 12 ha fut acheté par le Comte d’Évreux, Henri-Louis de La Tour d’Auvergne ; devenu riche par alliance il put se rapprocher de Paris et de Philippe d’Orléans, et fit construire, par l’architecte Mollet, un Hôtel qui reste un bel exemple du style “classique” (un vestibule d’entrée, corps de logis double, grand salon, vaste Cour d’honneur…).
En 1753, mort du Comte d’Évreux qui n’a pas d’héritier ; l’Hôtel, mis en vente, est acheté par la Marquise de Pompadour. Cette dernière, avec l’argent de Louis XV (!!!) y réaménagera le premier étage et, surtout, le jardin avec portiques, cascades, labyrinthe et grotte dorée, à la mode à cette époque. A sa mort, elle lèguera l’Hôtel d’Évreux à Louis XV. Celui-ci le transforme en garde-meubles de la Couronne, jusqu’en 1773, date à laquelle l’Hôtel est acheté par un banquier, Nicolas Beaujon. Très riche, ce dernier modifiera profondément les lieux avec des jardins “à l’anglaise”, et y mènera une vie “de patachon” avec ses “douceurs” (5 à 6 maîtresses permanentes !).
En 1786, l’Hôtel est vendu en viager à Louis XVI qui le vend à son tour, en 1787, à sa cousine la Duchesse de Bourbon. Cette dernière épousera les idées de la Révolution et sera arrêtée en 1793. L’Hôtel Élysée Bourbon devient alors “Hôtel de l’Élysée” et connaît par la suite plusieurs affectations :
-Imprimerie Nationale
-garde-meubles des nobles
-salle des ventes.
La Duchesse de Bourbon, libérée en 1797, s’y réinstalle et doit, pour subsister, louer le rez-de-chaussée qui deviendra le lieu de bals populaires et de plaisirs … Elle devra, à nouveau, s’exiler et revendre l’Hôtel à la famille Hovyn qui sera contrainte, à son tour, de le céder, pour faire face à ses dettes, au Maréchal Murat, époux de Caroline, sœur de Napoléon 1er. Il réaménagera l’hôtel avec une énorme Salle des Fêtes (actuelle Salle du Conseil des Ministres) dans laquelle seront donnés des bals, chaque semaine, fréquentés par les grands personnages de l’époque.
Caroline et Murat partis à Naples, Napoléon occupe les lieux et il y signera son abdication, dans le boudoir d’Argent. Le Tsar Alexandre 1er, Louis XVIII, le Duc de Wellington, puis le Duc de Berry s’y succéderont alors, au gré des évènements de l’Histoire. En 1820, Louis-Philippe fait de l’Hôtel la résidence des hôtes étrangers en visite, jusqu’en 1848.
Le 12 septembre 1848, un décret de l’Assemblée Nationale rend l’édifice public en le nommant “Élysée National” et en ouvrant librement ses jardins. Il deviendra la Résidence du Président de la République Française.
Napoléon III le redécorera complètement et l’agrandira pur recevoir les chefs d’Etat à l’Exposition Universelle de 1867. Après la chute de ce dernier, le Palais de l’Élysée sera désormais la résidence officielle de tous les présidents. S’y succéderont des personnages très différents les uns des autres avec, chacun, leur anecdotes, parfois truculentes, entre autres, Mac-Mahon, Thiers, Vincent Auriol, Deschanel, René Coty, de Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande. Parmi ces derniers, les Pompidou ont largement contribué à la modernisation des décors en y introduisant l’Art Contemporain.
Notons que l’Élysée, ce sont 11 179 m2 sur 4 niveaux, 365 pièces (dont 90 en sous-sol), 1000 personnes employées au quotidien (dont 300 militaires et 60 agents pour la sécurité du Président). Ce sont aussi 200 tentures inestimables, 1200 meubles estampillés, 2800 pièces de vaisselle de luxe, 3000 verres de Baccarat, 1200 bouteilles de grands crus, 320 pendules révisées toutes les semaines, 75 véhicules (sans compter les présidentiels !), 500 m2 de cuisine, etc. etc.
Nous participons tous au maintiens de cette belle vitrine de la France … M-F.J.