Eric de Colomby, qui a enseigné pendant 3 ans à l’Université de Santiago, a vécu une période mouvementée de l’histoire du Chili où il avait rejoint un oncle propriétaire d’une hacienda et d’un grand territoire d’élevage.
Grand voyageur, il connaît bien l’Amérique du Sud (Pérou, Bolivie) et nous fait partager sa passion pour un pays qu’il regrette.
La République du Chili, de par sa configuration géographique, est intéressante à plus d’un titre. Elle exerce sa souveraineté sur 3 continents : le Chili continental, l’Antarctique et le Pacifique (Île de Pâques, Sada y Gomez ..).
Tout en longueur (4 200 km), le Chili présente une grande variété de climats et de paysages : climat désertique au Nord (désert d’Atacama), tempéré chaud au Centre, tempéré pluvieux et tempéré froid en zones Sud et Australe. Celui de l’Île de Pâques (peuplement d’origine polynésienne) est chaud et pluvieux, celui de l’Antarctique connaît des températures extrêmes.

Sa géographie et son sol sont tout aussi variés :
Ø la Cordillère des Andes, avec ses chaînes de volcans actifs (jusqu’à environ 7 000 m) disposée comme la colonne vertébrale du pays, qui s’abaisse progressivement en allant vers le sud, formant le labyrinthe extraordinaire des canaux fuégiens, pour disparaître sous la mer, réapparaître au sud de la Terre de Feu, rebondir dans un dernier élan au Cap Horn, puis se fondre sous l’océan avant de surgir à nouveau en Antarctique.
Ø au Nord, le désert le plus aride du Monde (le désert d’Atacama), l’Altiplano avec ses hauts plateaux, ses lacs salés, ses flamants roses, ses volcans et ses paysages inoubliables.
Ø au Centre les plaines fertiles, riches de cultures
Ø au Sud, région de grandes fermes d’élevage de moutons, climat de plus en plus froid et humide jusqu’au Cap Horn. C’est la région des extraordinaires canaux fuégiens, aux noms prémonitoires : Ultima Esperanza, Isla de la Desolacion, Port Famine….. Lire à ce sujet le fabuleux roman de Jean Raspail “Adios, Tierra de Fuego”.

Le courant froid de Humbold longe les côtes chiliennes et plonge dans le Pacifique à la hauteur de l’Équateur, là ou il rencontre le courant chaud El Niňo (d’où les phoques sous les cactus des Galápagos). Les déplacements réguliers de ces deux courants sont à l’origine de modifications climatiques importantes au plan mondial (inondations, sécheresses,…).
Le courant de Humbolt est à l’origine des conditions désertiques extrêmes du désert d’Atacama.

L’activité volcanique et sismique est très importante. La terre tremble tous les jours. Le Chili est situé sur la ceinture de feu volcanique du Pacifique, lieu de contact des plaques Nazca et Sud-Américaine. C’est au sud du Chili, dans la région de Valdivia qu’a eu lieu en 1960 le tremblement de terre le plus important jamais enregistré au monde : 9,5 sur l’échelle de Richter (9 pour Fukushima), suivi d’un raz de marée dévastateur dont on peut voir les effets y compris à l’est de l’Île de Pâques ( déplacement de statues Moaï de plusieurs tonnes sur quelques 100 à 200 mètres)

– La population est pluriethnique, essentiellement composée d’européens et de métis.
Le pays sera d’abord colonisé par Pedro de Valdivia, conquistador espagnol. Les autres Européens y arriveront plus récemment à la demande du gouvernement chilien pour le coloniser (essentiellement des Basques et des Allemands, suite au différend chilio-argentin). La culture européenne y est très affirmée.
Les nombreuses tribus indiennes de l’extrême sud chilien (Alacalufes, Yaghans, Onas,…) ont été décimées par les Européens. Seuls les Mapuches, indiens guerriers de la région des Lacs ont su résister.
Au nord on trouve quelques représentants d’indiens quechuas ou aymaras, le Pérou restant leur pays de prédilection.

– Les écosystèmes sont très variés, depuis les cactus et le dépouillement minéral du désert du Nord jusqu’aux forêts impénétrables, remplies de lichens et de mousses de l’extrême Sud, en passant par la végétation méditerranéenne du Centre.

– La faune, liée au climat, est également extrêmement variée. Le drapeau chilien est composé de deux animaux nationaux : le condor et le huemul, petit cervidé de la taille d’un chien des forêts du sud du Chili. La fleur emblème du Chili est la fleur du copihue, que l’on trouve dans les forêts du sud du pays.

– Le Chili possède aussi un sol très varié et très riche en minerais mondialement recherchés. Le plus important en est le cuivre, principale ressource du Chili, avec la mine à ciel ouvert la plus importante au monde, la mine de Chuquicamata dans le désert d’Atacama. Le salpêtre représentait le produit d’exportation le plus important jusqu’à la fin de la Première Guerre Mondiale. Les ruines des mines d’extraction forment un paysage de désolation et de mort impressionnant.

Au plan politique, le Chili, d’abord colonie de l’Empire Espagnol à la suite de Pedro de Valdivia au XVIe siècle, obtiendra son indépendance en 1818 à l’instigation du Général Bernardo O’Higgins.

C’est le pays le plus stable d’Amérique du Sud, avec un système politique calqué sur le nôtre, mais avec un système électif à 1 tour. C’est ainsi que Allende a pu être élu en 1970 avec environ
36 % des voix (35% pour son principal rival Alessandri de la DC). L’échec de sa politique amènera l’arrivée de la Junte Militaire (Augusto Pinochet) au pouvoir avec le coup d’état du 11 septembre 1973. La répression sera très dure.
C’est le pays le moins corrompu d’Amérique du Sud, qui connaît un développement très rapide. Santiago s’est transformée radicalement depuis 1974 (départ de notre conférencier, qui a vécu les évènements pré-cités)), avec une extension très rapide et la construction de nombreuses tours (antisismiques naturellement).