La ville de Granville fait partie de l’Association des “Plus Beaux détours de France”. Nous avons donc sollicité notre grand spécialiste de l’Histoire de la Normandie, François Saint-James, pour y effectuer une visite très documentée, comme d’habitude. Faute de temps pour appréhender la ville dans sa globalité (la visite du port morutier et coquiller sera pour une autre fois !) nous nous sommes limitées à une belle promenade historiques dans la vieille ville, en remontant les rues médiévales jusqu’au sommet du “Cap Lihou” où se trouve l’église des Marins.
Lieu occupé d’abord par les Vikings, aux IXe et Xe s. pour des raisons stratégiques, elle fut réellement fondée, au départ, au XIe s ; par la famille Grant, vassal de Guillaume le Conquérant et devint donc cité corsaire et forteresse de défense du Mons Saint-Michel.
Principales périodes d’évolution jusqu’à nos jours :

-1143 : création de la paroisse Notre-Dame
-1252 : la ville devient la propriété de la famille d’Argouges (Raoul d’Argouges, seigneurs de Gratot, épouse Jeanne de Granville issue de la famille Grant)
-1439 : construction de l’église Notre-Dame du Cap Lihou (que nous visiterons à la fin de notre promenade). Achat de la ville par Sir Thomas de Scales, anglais, lors de la Guerre de Cent ans. Ce dernier fit édifier l’enceinte de la vieille ville, encore présente aujourd’hui.
-1142 : la ville redevient française, avec Louis d’Estouteville, et se met à prospérer. Les bateaux partent pêcher à Terre-Neuve et, à la fin du XVe s. une communauté juive vient s’installer et fait participe au développement du commerce (d’où la rue des juifs).
-Henri IV, Louis XIII et Louis XIV soutiendront fortement la ville qui deviendra un grand centre de constructions navales. Il y aura une importante flotte de vaisseaux armés (jusqu’à 80/90) qui nécessitera un agrandissement des fortifications et du port, sous Vauban.
-changement de fonction de la ville au XIXe s. avec l’aménagement du Chemin de fer qui permet aux touristes parisiens de venir en villégiature (1926 : ouverture de l’Hôtel des Bains).
-le XXe s. voit, entre autres, a création du célèbre Musée Christian Dior dans la maison d’enfance du couturier (Lucien Dior, son père, est un enfant du pays). Noter, également, l’aquarium.

Comme autrefois, nous franchissons le pont-levis (Grand Porte) pour parcourir les ruelles bordées de maisons du XVe dont les rez-de-chaussée sont maintenant occupés par des magasins d’antiquités ou d’objet de “Déco”. Nous parvenons aux casernes des XVIIIe et XIXe qui ont hébergé d’importantes garnisons lorsque la ville jouit un rôle défensif, puis nous montons jusqu’à Notre-Dame du Cap Lihou. Construite au XIVe, agrandie au XVIIe, elle est classée Monument Historique depuis 1930, avec son orgue du XVIIe et ses nombreux ex-voto de marins.
Depuis ce haut-lieu de Granville, nous avons une superbe vue panoramique sur le port consacré essentiellement, maintenant, à des activités de plaisance.

Après le déjeuner pris dans le village se La Lucerne d’Outre-Mer nous devons visiter l’Abbaye, fondée au XIIe s. Malheureusement notre guide, malgré de nombreux coups de fil, ne peut pas nous faire pénétrer dans l’enceinte de l’abbaye et nous devons nous contenter d’une explication du plan et des murs extérieurs.

Un passage par le Prieuré Saint-Léonard, qui appartient maintenant à un particulier mais dont on peut voir l’intérieur qui est en réfection. C’est Guillaume le Conquérant, très peu de temps avant sa mort, en 1087, qui donne le fief de Vains à l’Abbaye bénédictine de Saint-Étienne de Caen. Au XIIe siècle, les religieux y établirent un prieuré roman en granit et schiste, composé d’un manoir et d’une chapelle. Fin du XIVe s. les bâtiments sont négligés et une partie tomba en ruines. Pendant la Révolution, le prieuré fut vendu comme bien national à un particulier qui le transforma en ferme agricole. L’église a été transformée au XIXe siècle en maison d’habitation et la nef en grange. Il possède un clocher roman carré au toit en bâtière, avec une corniche à modillons.

Pour nous consoler de la visite manquée à la Lucerne, François Saint-James nous conduit jusqu’à Avranches afin de nous faire visiter “le Grand Doyenné”. Cette imposante bâtisse appartient à un ami de notre guide et c’est lui qui nous en explique l’évolution au cours des siècles. Construite au XIIe s. elle fut d’abord la résidence d’un chevalier, Jean Paisnel, seigneur de Marcey, puis, jusqu’à la Révolution, celle du doyen des chanoines. Le bâtiment roman a conservé sa structure primitive. Nous avons pu visiter la salle basse divisée en 2 galeries longitudinales, et quatre travées délimitées par trois énormes piliers centraux. Contre un des murs, un bassin est taillé dans la roche. Il est constamment empli d’une eau limpide qui circule à travers le schiste !
Nous ne pourrons pas accéder à la salle haute, qui est la demeure privée de notre hôte, car nous sommes trop nombreuses, mais nous sommes invitées, séparément, à l’occasion… Espérons que nous saurons profiter de cette invitation ! M-F. J.