Edvard MUNCH, peintre norvégien (Lyten 1863- Ekely 1944)
D’une famille à tradition littéraire, Munch entre à l’Ecole des Arts et Métiers de Kristiania (aujourd’hui Oslo) en 1879. Il s’y lie avec les adeptes du Naturalisme et de la peinture de plein air, se mêle au mouvement artistique et littéraire de la “bohème de Kristiania“, et débute avec des portraits de proches, à l’impressionnisme timide. Profondément affecté par la mort de sa mère puis de deux de ses soeurs, il s’oriente vers le thème de la “chambre mortuaire“ avec l’Enfant malade (1885-86). La tuberculose et la mort, qui fournissaient alors des sujets très exploités par les “peintres d’oreiller“, règnent sur son univers; il y ajoute les maladies mentales (dont il se croyait atteint) et la solitude irrémédiable des êtres. Le couple (Le baiser, Amants dans les vagues) et la femme, sujet d’attraction (Madone, Femme rousse aux yeux verts), ou de répulsion (Le Sphinx, Vampire) qui finit par incarner la force dominatrice (Tête d’homme dans les cheveux d’une femme) et destructrice par excellence, inspirèrent ses tableaux et ses plus belles feuilles gravées souvent modifiées (Mélancolie). Le cri, issu d’un de ses poèmes jamais publiés, part de la gravure Fillettes sur un pont, reprise et transformée.
Il cherche la synthèse, une tonalité d’ensemble soumise à une dominante et une atmosphère particulière, effets qui font de lui l’inventeur du Symboliste local. Installé à Paris depuis 1889, il part à Berlin en 1892 pour y passer la période la plus importante de sa carrière, s’initiant à la gravure sur cuivre d’abord (1896) puis à la lithographie et à la xylographie, et se liant avec Strindberg et son monde du théâtre. Il s’écarte des couleurs impressionnistes pour privilégier des tons sourds, concentre la forme et travaille sur sa suite de la Frise de la vie, conception pessimiste du destin de l’homme, présentée au Salon des Indépendants en 1897.
Après une période d’errance dépressive, il se fixe en 1908 en Norvège; grâce aux électrochocs une autre vie commence pour lui, avec un art plus lumineux et plus descriptif, dont une grande commande de fresques.
En 1916, retiré à Ekely ou il s’entoure d’animaux (dont des dindes qu’il disait avoir un goût particulier pour la peinture), il passe son temps à retravailler ses thèmes favoris. B. FIX
