On assiste au XVIIIe s. à un véritable engouement pour Rome et l’Art Italien. Napoléon achète la Villa Médicis qui deviendra un grand foyer culturel ; avec la création du Prix de Rome, elle sera une référence et un tremplin vers la célébrité pour une élite d’artistes.
Celui-ci sera décerné sous forme de concours avec des critères très exigeants, selon les goûts de chaque époque dans des domaines aussi variés que la peinture, l’architecture, la sculpture, etc.. et permettra aux artistes d’être hébergés gratuitement et de travailler dans une ambiance de grande créativité.
Il sera supprimé en 1968 mais beaucoup d’artistes continuent encore actuellement à fréquenter la Villa. Notre Ministre de la Culture, Frédéric Miterrand en fut même un des directeurs et le mari d’une de nos lycéennes (Vivien), le peintre Henri Thomas un des pensionnaires.
Au XVIIIIe s. mécènes, amateurs d’art et artistes s’y côtoient dans une grande effervescence et la Villa reçoit de grands artistes tels Bouchardon, Fragonard, Hubert Robert, François Boucher, etc..
La plupart du temps on va à Rome en bateau et le voyage est long et périlleux. Les futurs étudiants pensionnaires ont largement le temps de faire des croquis : portraits de leurs mécènes tels celui de Joseph Natoire ou celui de Pierre-Jacques Bugeret de Grancourt par François-André Vincent.
A la Villa, les plus chanceux reçoivent d’importantes commandes tels Pierre Subleyras pour Saint Pierre de Rome par un célèbre mécène : le Pape Benoît XIV, mais elle est avant tout une Ecole, avec un enseignement progressif et classique : on commence par copier l’Antique, selon des techniques qui permettent de reproduire fidèlement (quadrillage, prise des proportions, hachures pour le rendu des ombres et des volumes, sanguine ou pierre noire sur fonds bistres ou gris avec des rehauts blancs, etc..)
Certains élèves se spécialiseront dans la peinture des Ruines (façade sud du Palais Poli par Hubert Robert) ou dans le rendu des perspectives atmosphériques (Piranèse : la Fontaine de Trévise). D’autres reprendront les motifs des loges du Vatican pour les réutiliser dans les décors contemporains de l’époque (Pierre-Adrien Paris) ou s’inspireront de sujets mythologiques (Fragonard : Médée tuant ses enfants).
Les débuts de l’archéologie inspireront certains d’entre eux, tel Piranèse qui recrée des architectures éphémères ou Hubert Robert à qui nous devons de très beaux carnets de croquis.
Avec le Romantisme, le paysage deviendra de plus en plus important et permettra aux artistes de se libérer d’un certain académisme. Les sujets seront plus variés : la représentation des spectacles de la rue avec le thème des fêtes et mascarades sera, entre autres, une nouvelle source d’inspiration.
La beauté qui se dégage de tous ces talentueux croquis plein de sensibilité et de finesse nous fait largement oublier leur côté “scolaire” et “académique”.