Les 70 dessins de l’exposition proviennent de l’Italie du XVIe s. et recouvrent trois périodes importantes de l’expression artistique de l’époque : la Renaissance, le Maniérisme et la Contre-Réforme.
Après le déclin de Florence, très influente au XVe s. et la chute des Médicis, Rome prend le relais grâce aux commandes importantes des papes et se lance dans d’immenses chantiers artistiques (Chapelle Sixtine, Basilique Saint-Pierre…). Cette période, dite de Renaissance Classique, sera caractérisée par l’équilibre et l’harmonie des compositions, l’idéalisation des figures et une apparente simplicité.
Parallèlement, à Venise, émerge un autre foyer artistique qui privilégie la lumière et la couleur.
Après les guerres avec la France et l’Empire (Autriche-Espagne) et sous l’influence de Luther, les artistes cherchent, à partir de 1530, des “manières” nouvelles, d’où le “Maniérisme” et ses thèmes ésotériques ou étranges, ses compositions déséquilibrées et ses déformations des corps.
Après le Concile de Trente, avec la Contre-Réforme, les sujets religieux prédomineront et joueront un rôle pédagogique.
Ces trois périodes se liront nettement dans les dessins exposés.
Au départ, ce seront des études, éléments essentiels, points de départ d’œuvres peintes, décorées ou sculptées, en quelque sorte des avant-projets.
Ce sont des détails, des éléments de la nature (Giovanni Naldini : vue de Tivoli), des corps d’après modèles vivants (Francesco Salviati : Homme Nu). Les dessins ne sont pas signés mais rassemblés dans des carnets qui serviront à montrer les projets aux commanditaires.
Puis apparaîtront les grands collectionneurs (Vasari) et les dessins deviendront des œuvres en soi (ex : Tête idéale de Salviati).
Notre guide base essentiellement sa visite sur les différentes techniques pratiquées :
– le papier blanc, écru, beige ou coloré ; le bleu sera surtout utilisé par les Vénitiens, et selon la couleur de fond les techniques employées, et les effets, seront différents (ex : Véronèse : “Figure agenouillée” sur fond bleu).
– la pierre noire, très utilisées au XVIe s. qui permet de varier les traits du gris au noir. D’abord utilisée dans les études préliminaires, elle permet aussi des dessins aboutis, associée à la pierre blanche pour la traduction de la lumière.
– la sanguine (argile + oxyde de fer)dès la fin du XVe s. Léonard de Vinci l’utilisera beaucoup pour les dessins anatomiques, car elle permet un rendu “sensuel” et vivant.
– la plume (oie, coq, cygne, roseau taillé …) qui permet précision et nervosité et suggère les volumes avec des pleins et des déliés.
– les encres, et le lavis, qui enrichira les fonds ou les drapés et permettra une meilleure traduction des ombres et des lumières.
Progressivement les corps s’allongeront, les musculatures seront glorifiées (comme chez Michel-Ange), les feuilles “support” seront entièrement occupées et les sujets deviendront mythologiques ou religieux (ex : Bernardino Campi : La Nativité). Les techniques seront associées pour plus d’efficacité (lavis au pinceau + traits à la plume + rehauts à la gouache, etc.) et chaque dessin sera un véritable petit chef-d’œuvre. Marie-France JUHEL