Conférence sur François-René de Chateaubriand 1768-1848 « Une enfance bretonne » et visite de Combourg
Chez Régine le 16 juin dernier Michelle Brieuc nous a évoqué François-René de Chateaubriand, homme politique mais avant tout un des plus grands écrivains de sa génération. Il est considéré comme le précurseur du romantisme français. Toute sa personnalité et son œuvre sont imprégnées de son enfance bretonne.
François-René naît en 1748, à Saint Malo : « Ma mère me fit le funeste présent de la vie ». Son père est le comte René-Auguste de Chateaubriand, de noblesse bretonne ancienne mais ruinée. Sa mère, Apolline de Bédée, a reçu une excellente éducation (institution Saint-Cyr fondée par Mme de Maintenon). FR est le cadet d’une fratrie de six. Il est, pendant trois ans, confié aux soins d’une nourrice, chez sa grand-mère maternelle, à Plancoët . « A peine sorti du sein de ma mère, je connus mon premier exil » . Ces années sont heureuses. L’enfant rend fréquemment visite à son oncle, au manoir de Pluduno « où l’on était en liesse du matin au soir ». Puis l’enfant rejoint le giron familial à Saint-Malo.
René-Auguste acquiert en 1761 le château de Combourg, grâce à des activités commerciales très fructueuses (Corsaire, armateur , négrier). Toute la famille s’y trouve réunie en 1777. La bâtisse est austère, sombre, inconfortable. René Auguste est très autoritaire, taciturne. On y mène une vie de reclus , d’une monotonie mortelle. FR écrit, dans son œuvre majeure , Les Mémoires d’Outre Tombe , à propos de la foire annuelle du village : « Au moins une fois l’an, on voyait à Combourg quelque chose qui ressemblait à de la joie ». La chambre de l’enfant, « pour en faire un homme », est reléguée dans une tour du château. Les terreurs nocturnes de FR marqueront sa psychologie.
Madame de Chateaubriand, autrefois enjouée, se réfugie de plus en plus dans la religion. Livré à lui- même, François-Renė effectue de longues promenades dans le parc du château et les bois environnants, s’adonnant à de profondes rêveries qui exaltent sa mélancolie et son imagination, forgeant en lui un vif sentiment de communion avec la nature qui marquera sa personnalité et toute son œuvre .
« Ce sont les bois de Combourg qui ont fait ce que je suis ». Ses rêveries amoureuses fantasmées le plongent dans des états d’intense euphorie suivis de profonde mélancolie, d’angoisse, l’amenant même à une tentative de suicide. Sa sœur préférée, Lucile, partage son exaltation passionnée et tous ses états d’âme. Elle l’incite, très jeune, à écrire : « Un souffle divin passa sur moi et je me mis à bégayer des vers comme si c’eût été ma langue naturelle ».
L’enfant est brillant, d’intelligence précoce, en perpétuelle interrogation. Mais il est indiscipliné, instable, s’attirant souvent les foudres paternelles. Ses études sont erratiques : d’abord Dol de Bretagne, puis Rennes, pour une carrière dans la marine royale. Puis il envisage, à Dinan , une carrière ecclésiastique. Mais son attirance pour le beau sexe lui fait renoncer à ce nouveau projet.
En 1786, il devient à 17 ans, sous-lieutenant au régiment de Navarre. Il fait alors ses adieux à Combourg. Pour la première fois, s’effectue un échange chargé d’émotion entre FR et son père qui meurt un mois plus tard. La famille est dispersée. FR ne reviendra plus que rarement à Combourg. Sa jeunesse bretonne s’achève.
FR part aux Amériques puis épouse, en 1792, Céleste Buisson de la Vigne, union qui restera sans descendance. Les dangers de la révolution française le font s’exiler, seul, en Angleterre pendant huit ans. Il rédige alors le Génie du Christianisme , s’étant rapproché de la religion dont il fait un brillant plaidoyer.
À son retour, en 1800, il continue une importante œuvre littéraire et entame une longue carrière politique, jusqu’en 1841, embrassant tous les grands événements historiques de son époque. Le couple s’installe au 120 de la rue du bac, à Paris, et y restera jusqu’à la mort.
François-René décède en 1848, un an après son épouse. Il est enterré, selon sa volonté, sur le rocher du Grand Bé, dans la rade de Saint-Malo. « Je reposerai donc en face de cette mer que j’ai tant aimée ».
Victor Hugo admirait profondément FR. : « Être Chateaubriand ou rien ».
Jean d’Ormesson s’est fortement inspiré du romantisme de l’écrivain dans « Mon dernier rêve sera pour vous »
Charles de Gaule a rendu un vibrant hommage à FR dans un de ses discours :
« Quand Chateaubriand portait jusqu’à la cime la gloire émouvante de nos lettres ».
Une visite de Combourg « Sur les pas de Chateaubriand » a complété cette conférence le 24 juin.
Nous nous sommes rendues, toujours sous la houlette de notre amie Michelle, dans cette charmante petite ville. Après une agréable promenade autour du lac, puis un déjeuner très convivial, nous avons effectué l’intéressante visite commentée du château de Combourg, rendu beaucoup plus confortable et riant grâce à des modifications apportées par Violet Leduc.
Un grand merci à Michelle pour cette belle évocation d’un grand personnage à la personnalité brillante, complexe, parfois contradictoire.