L’Art de la céramique à Grenoble, entre hier et aujourd’hui
Caroline Roussel a conçu cette visite selon un angle original, une matière, KERAMIKOS en grec, et un savoir-faire, en Isère, depuis environ 7000 ans.
Nous voilà donc parties à la rencontre de cette étonnante matière première qu’est l’argile.
Le département de l’Isère, riche en vestiges préhistoriques est d’une grande importance par ses cavernes, ses abris sous roche, ses lacs ou ses étangs. Les conditions d’habitat varient suivant les différences de la nature du sol, la population est sédentaire dans les vallées et agricole dans les vallons. De nombreux objets en céramique ont été retrouvés dans différents sites, évoqués dans de sympathiques maquettes qui nous rapprochent de ces temps lointains où l’ingéniosité humaine s’exerçait pour améliorer les conditions de vie : les briques servaient à diffuser la chaleur à l’intérieur des habitations et les pesons à tendre les fils des métiers à tisser.
Les vestiges exposés montrent, au fil du temps, l’évolution des formes, des ornementations et indiquent, entre autres éléments, l’existence d’échanges avec l’Italie, tels cette série de pots venant de Lombardie.
Fabriqués en terre (argile), ils ont subi une transformation physico-chimique irréversible au cours d’une cuisson plus ou moins élevée. La terre humide est malléable, ensuite on la laisse sécher puis elle passe par deux ou trois cuissons selon le modelage. Sa coloration brune ou orangée est due à la présence d’oxyde de fer. Elle est utilisée pour faire des briques, des poteries ou des objets décoratifs.
Ainsi, de salle en salle, nous découvrons le néolithique (5800 – 2500) puis l’époque gallo-romaine, le Moyen – Age, la Renaissance et le XVIIIe siècle représenté par ces ravissants objets vernissés et décorés de motifs floraux. Les pigments viennent d’oxydes métalliques tels que le manganèse (violet ou pourpre foncé), le fer (rouge), le cuivre (vert), l’antimoine (jaune) et le cobalt pour le bleu.Dans la première moitié du XVIIIe, deux faïenciers ROUX, CHAIX et un commerçant ROY-COMPTE s’installent dans le faubourg Très Cloîtres, puis en 1747 un atelier se crée à La Petite Tronche, soit « au-delà des Cloîtres ». Bien sûr nous pensons à La Faïencerie de La Tronche, ancienne fabrique devenue Le Théâtre de la Faïencerie !
Quittant le Musée de l’Ancien Evêché ou musée d’histoire de l’Isère, nous rejoignons en quelques pas la rue Très Cloîtres, où nous rencontrons deux artisans céramistes qui travaillent chacun à sa manière.
Ivan Mago, designer venu d’Espagne, joint le design, l’art et l’artisanat ; il commence par le dessin, puis vient l’impression en 3D qui lui permet de fabriquer un moule en fibre de maïs dans lequel il verse sa terre. Enfin sortiront différents objets cuits sur place. Les couleurs sont peintes avant d’y verser la terre.
Isabelle Perret, sa voisine, met l’accent sur le geste traditionnel du potier et décore ses œuvres de traits de pinceaux qui évoquent le Japon.
Tous deux, comme de nombreux autres artisans, vendent leurs productions dans la boutique CFI, C’est Fait Ici, dans le centre commercial de La Caserne de Bonne. Vous pouvez admirer leurs œuvres à la caserne de Bonne ou sur : www.cestfaitici.fr
Ainsi s’achève ce très intéressant parcours qui associe histoire, tradition et création contemporaine, autour d’un matériau extrêmement simple, l’argile ou la céramique
F. R, L. B et F. L – Grenoble, Mars 2022