RIGOLETTO

Le sujet est tiré d’une pièce de Victor Hugo, Le Roi s’amuse, créée en 1832 à la Comédie Française. Francesco Maria Piave conserva les grandes tirades chères à Hugo tout en les abrégeant, de manière à ce qu’elles s’intègrent à l’action sans l’immobiliser.

Victime d’une intrigue peu vraisemblable et de situations trop mélodramatiques, Le Roi s’amuse connut une gloire éphémère. Paradoxalement, le succès de Rigoletto ne se démentira jamais et l’œuvre est demeurée de nos jours l’une des plus populaires de Verdi, immortalisée notamment par l’air célèbre du duc de Mantoue « La donna è mobile » et le quatuor du dernier acte.

Verdi s’éloigne avec Rigoletto des canons du bel canto encore en vigueur à l’époque. S’il sollicite encore la virtuosité pure (en particulier dans l’air de Gilda « Caro nome »), c’est pour l’intégrer à la trame dramatique, pour caractériser un personnage et non plus uniquement pour offrir au spectateur un morceau de beau chant sans rapport avec l’action. Le chœur est un personnage à part entière de l’action, qui concourt à l’évolution du drame. La construction n’est plus fonction de l’alternance d’airs, de duos et d’ensembles, le drame est centré sur les interventions du rôle-titre. De la profération de la malédiction à sa réalisation, Rigoletto suit une rigoureuse progression dramatique.

Rigoletto est créé à La Fenice de Venise le 11 mars 1851.