Dans une postface, Irène Frain écrit :

 « La littérature, c’est l’art de lancer des bouteilles à la mer ».

Femme de lettres, romancière, historienne et journaliste pour différentes revues , elle est également membre fondatrice du Women’s Forum for Economy and Society, ainsi qu’ambassadrice de l’association « aide à l’enfance tibétaine ». Dans cet univers tourné vers la femme et sa représentativité, elle adhére, avec d’autres secrètes épicuriennes, au  « Club des Croqueurs de Chocolat ».

De ses racines bretonnes, elle a la ténacité ancrée en elle. En 1967, elle entre en Khâgne à Nantes  et obtient l’agrégation en lettres classiques, à l’âge de 22 ans. Elle enseigne ces disciplines jusqu’en 1981.

Son premier essai, paru en 1979, y convie la Bretagne, chère à son cœur, puisqu’il s’intitule «  Quand les Bretons peuplaient les mers ». Ce fil conducteur se retrouve à travers divers ouvrages, tels « Le nabab », histoire d’un mousse breton devenu chef de guerre en Inde, ou « La côte d’amour », voire « Les naufragés de l’îleTromelin » qui souligne les rivalités entre marins bretons.

De son expérience journalistique, elle a gardé la quête des traces,celles de ses origines d’abord, comme dans « Le secret de famille », « La maison de la source », ou « Un crime sans importance » qui la fait passer de la quête à l’enquête sur le crime sordide de sa sœur. Cet ouvrage sera salué du prix Interallié en 2020.

Mais elle suit aussi les traces de l’Histoire, au sens étymologique qui peut s’entendre  «  je sais parce que j’ai vu ». Ainsi, à partir de documents, d’archives et de témoignages, suit-elle les traces d’un explorateur américain , pour publier « La forêt des 29 », retraçant le sacrifice de Bishnoïs  pour sauver leurs terres de la déforestation . Il en est de même pour « Les naufragés de l’île Tromelin », qui la mène  aux archives de la Compagnie des Indes, pour évoquer le sort tragique d’esclaves malgaches, quand florissait la traite négrière.

Pour l’ouvrage qui nous concerne ce jour, c’est au travers de manuscrits qu’elle remonte la trace des femmes de Décembristes.

« Je crois qu’un écrivain, comme tout artiste, est quelqu’un qui n’est pas content du réel, est même en colère contre la réalité faite de contraintes, et qu’il a soif de liberté. ». Tels sont ses propos. On retrouve cette dialectique au travers de ses romans, où la dignité humaine est primordiale, tant celle de son père évoqué dans « Sorti de rien », que celle des femmes dont le destin l’ interpelle, celui de Pauline dans le livre que nous présentons, d’Amrita Devi, de Semiavou la malgache, ou encore de Marie Curie et Simone de Beauvoir.

L’Histoire ( avec un grand H) s’enchevêtre avec le récit, l’aventure, celle de ces femmes exceptionnelles et volontaires. A travers ses écrits qui reflètent l’élégance de style d’une femme de lettres, le voyage s’effectue sur tous les continents, et à diverses époques, de la Russie jusqu’aux aux côtes inhospitalières des Iles Eparses, en passant par le « royaume des femmes » de l’Himalaya. On y côtoie la misère et l’opulence, mais la richesse est dans le cœur des êtres humains, de leur force à surmonter les épreuves de la vie, en puisant au fond d’eux-mêmes l’essentiel à transmettre.

Je laisse le dernier mot à son compatriote Yann Queffelec :

« Le talent d’Irène Frain, c’est la vie, le temps jamais perdu ni vaincu ».

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