par Marie-Claude Couture

            Au sortir d’une vie professionnelle passionnante mais chronophage et énergivore et qui laissait vraiment peu de place à la fantaisie dans un milieu essentiellement masculin, la question s’est posée de savoir comment réveiller les passions que j’avais en sommeil. C’est donc tout naturellement  et vraisemblablement  héritées de mes attaches familiales, que mes aspirations se sont portées vers la peinture. Le déclic s’est produit à l’occasion d’une exposition parisienne consacrée à l’itinéraire, l’œuvre et le fabuleux destin de « Séraphine de Senlis ». Dans un premier temps, l’apaisement souhaité s’est mû en une forme d’angoisse, celle de troquer la page blanche (qui m’était très familière) par une toile vierge.

                       Quelles techniques utiliser, gouache, aquarelle, huile… et au service de quels  sujets, le paysage, la nature morte, le portrait, l’abstrait ?

Très vite mon inspiration m’a guidée et portée, de  façon très intuitive, vers les portraits stylisés de femmes, les « femmes à travers le monde » rencontrées à l’occasion  de  voyages dans les pays d’Asie et d’Orient.

      J’ai pu en ces circonstances appréhender et prendre conscience de la richesse, de la beauté de ces derniers espaces « déconnectés » où vivent des ethnies minoritaires qui préservent culture et traditions.

             Au fil des tableaux que j’ai réalisés avec beaucoup d’amateurisme j’ai pris conscience que toutes ces femmes, quels que soient leur pays, leur milieu, leurs croyances, leurs origines ethniques, leurs coutumes, portaient en elles cette beauté qu’elles exaltaient avec un art consommé de tirer profit des accessoires les plus modestes : bijoux (en corne, en coquillages, en os, en dents, en or et en argent), coiffes artisanales héritées de traditions ancestrales, vêtements brodés avec des matériaux de fortune (corde, raphia, soie, laine, poils et crins d’animaux…)

Et, à y regarder de plus près, c’est aussi un peu de leur âme que j’ai essayé de faire transparaître dans ces figures emblématiques d’ethnies gardiennes de traditions millénaires.

            Cette passion a constitué un véritable « voyage en terre inconnue », une source d’évasion avec ces femmes du bout des  Mondes dont la fierté, la dignité et l’élégance sont de fabuleux témoins de la beauté de leurs âmes.

            En attendant de pouvoir à nouveau voyager, je peins d’autres sujets avec autant de plaisir.

Marie-Claude Couture – Anaïs