_.jpgInvitation au voyage à travers 120 chefs d’œuvre du XIXème siècle
« De Delacroix à Gauguin » *
120 des plus belles feuilles sur les 2000 détenues par le musée de Grenoble ont été sorties des tiroirs pour être présentées au public, selon un parcours chrono-thématique. Encadrées pour la circonstance, elles retrouveront la sérénité de leurs écrins obscurs dans 3 mois.

Depuis 2008, c’est la 5ème exposition de ce type organisée par Guy Tosatto, le directeur du musée et le commissaire de l’exposition. Son objectif est de mettre en valeur les collections stockées dans les réserves.

Elles pourront bientôt, de ce fait, être consultées en ligne.
C’est en compagnie de nos amies lyonnaises que nous découvrons ce que certains considèrent comme des ébauches, des esquisses, au mieux des traces fugitives des œuvres abouties. Ce n’est qu’en 1789 que les termes dessein et dessin sont dissociés, l’un étant le préalable de l’autre. Mais il n’y a pas de réalisation sans projet ! Et, au XIXème, les projets abondent.

Siècle du foisonnement culturel et de l’éclectisme, il offre aux créateurs des possibilités infinies.

Nous cheminons du romantisme au réalisme, du réalisme à l’impressionnisme et au symbolisme. Aux détours de ce parcours parfois un peu sinueux, nous croisons Delacroix, Daumier, Corot, Jongkind, Puvis de Chavannes, Fantin-Latour, Gauguin et d’autres peintres ou dessinateurs moins célèbres mais parfois très talentueux.
Les voyages exotiques, pittoresques ou immobiles donnent naissance à des œuvres extrêmement variées. L’artiste se nourrit à de sources multiples : références au passé, au présent, au monde familier, à l’Italie ou à l’Orient visité ou rêvé. Le goût du voyage lointain n’exclut pas la recherche du pittoresque local ou la référence à la tradition et au patrimoine. Le dessinateur pose aussi un regard acéré sur le monde qui l’entoure et qu’il caricature avec talent.
Si le support habituel est le papier, les techniques sont diverses : craie, fusain, pastel, gouache aquarelle… Le rendu final n’est parfois pas très loin de celui de la peinture.
S’il fallait garder en mémoire quelques œuvres significatives, on pourrait citer par ordre chronologique :
*Etude de la draperie pour la Vierge du Sacré-Cœur de Delacroix pour le néoclassicisme.
*Les animaux musiciens de Granville pour la caricature.
*Femme italienne jouant du tambourin de Papety pour l’académisme.
*La Bourne à Pont-en-Royans de Vagnat pour le pittoresque.
*Torrent coulant entre les rochers de Doré pour le romantisme.
*Nymphe désarmant l’Amour de Corot pour le symbolisme.
*Pays-Bas de Jongkind pour le pré-impressionnisme.
*Terre délicieuse de Gauguin pour l’exotisme.

Cette liste, très subjective, ne donne qu’un aperçu de la diversité des œuvres, les influences se croisent et s’enchevêtrent, rendant difficile toute classification.
Et même si cette visite guidée a été « un peu rude » selon l’expression pertinente d’une lycéenne, le grand mérite de cette exposition est de nous faire passer dans les coulisses de la création. L’artiste jette sur le papier le ressenti de l’instant, une impression fugitive qu’il souhaite prolonger, c’est son âme qu’il livre au spectateur. Mieux que dans une peinture aboutie, du croquis transpirent souvent l’authenticité et la vie.
Le 14.05.2018

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