La table-Un art Français

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Les Compagnons du Tour de France

Les Compagnons du Tour France

Le 3 mai 2023, 18 lycéennes ont visité le musée des Compagnons du Tour de France, rue de la Règle à Limoges. Mr Armand LABARRE, président d’honneur de l’association compagnonnique de Limoges a su livrer les explications indispensables à la compréhension du Compagnonnage.

Si l’on en croit la légende, le compagnonnage se revendique d’une histoire remontant à la construction du temple de Jérusalem 1000 ans avant JC, sous le roi Salomon, auquel s’ajoutent 2 autres fondateurs mythiques, Maître Jacques et le Père Soubise. Toutefois au XIIième, il est dit que le Compagnonnage serait né de l’émergence des chantiers de constructions des bâtiments religieux.

Le Tour de France désigne la formation continue suivie par les itinérants pour devenir Compagnons. Ils travaillent en entreprise le jour et suivent des cours du soir. Le chef d’œuvre désigne un objet conçu par l’itinérant rassemblant plusieurs difficultés techniques apportant la preuve de sa maîtrise. Le Devoir est le terme regroupant les règles et les obligations professionnelles et morales qui rythment ses relations avec les autres Compagnons.

Les Compagnons sont installés à Limoges depuis 1970 à l’emplacement de l’hospice de la Règle et en particulier le réfectoire abritant aujourd’hui le musée et des exemples de chefs d’œuvre individuels et collectifs remarquables. Environ 50 jeunes sont actuellement en formation sur le site de Limoges.

L’association des Compagnons est désormais laïque et les femmes y sont admises depuis environ 20 ans.

L’après-midi a été consacré à visiter les ateliers à Panazol mais aussi l’association « L’Outil en main » dont l’objectif est de faire découvrir les métiers manuels à des jeunes de 9 à 14 ans. Ces ateliers sont animés et encadrés par des Compagnons retraités bénévoles. A ce jour 36 jeunes se sont engagés à suivre ces ateliers pendant 2 ans.

En espérant ainsi susciter des vocations et enrayer la pénurie d’artisans.

Une journée riche en découvertes remarquables, voilà le sentiment unanime des lycéennes présentes

Commentaire et photos : Brigitte Pénicaut


Escapade culturelle à Budapest

27 mars 2023: départ de Limoges pour aller à Budapest passer quatre jours de visites intenses car la ville offre de remarquables monuments: sur la colline de Buda, le château royal, non loin du Bastion des pêcheurs où on peut flâner en admirant le panorama sur la ville ; Pest  propose le Parlement avec son somptueux double escalier de 96 marches tendues de velours rouge et les emblèmes de la nation : la croix et la double couronne du premier monarque hongrois, le roi Etienne. 

Eglise Mathias, aussi appelée Eglise du couronnement

Les lieux de culte valent la visite. Nous avons ainsi découvert à Buda la richesse ornementale de l'église Mathias datant du XVème siècle. Sous les ors de ses murs nous avons pu imaginer le faste du couronnement de l'empereur François-Joseph et son épouse Elizabeth dite Sissi, au son de l'orgue joué par Liszt. A Pest, nous avons découvert la basilique Saint-Etienne, la plus grande de la ville, imposante par son style néo-classique et abritant les reliques de la saint Dextre du roi Etienne. La grande synagogue, la plus grande du monde après celle de New-York, reconnaissable par ses deux tours à bulbe de style mauresque, vaut aussi le détour. Liszt et Saint-Saëns y ont joué de l'orgue et le musée attenant est intéressant.

Sissi

Deux musées ont retenu notre attention : la Galerie Hongroise, dans le château de Buda, où on peut découvrir et admirer les artistes hongrois comme Ripple-Ronai Joseph, le nabi hongrois, ou Munkacsy Mihaly.

Le musée des beaux-arts, quant à lui, propose de superbes tableaux de Goya, Vélasquez, Van Dyck et aurait mérité une plus ample visite !

N'oublions pas non plus les bains, ces fameux bains de sources chaudes : personne ne nage mais, toutes générations confondues, on s'assied, on papote et on passe d'un bassin à l'autre, de l'intérieur à l'extérieur. Oui, l'après-midi passé aux bains Szechenyl restera dans nos mémoires 

Le séjour a comporté aussi des moments forts : la promenade en bateau, le soir, sur le Danube où tous les monuments brillamment éclairés s'offrent aux regards ; le concert de grande qualité à l'académie de musique où l'orchestre symphonique de la radio hongroise nous a régalés de deux symphonies de Schubert et que dire du dîner au son de la musique tzigane, le dernier soir ?

Ainsi, ce fut un séjour dont chacun se souviendra : notre guide, Erika, était aussi charmante que cultivée, le groupe convivial, sympathique et agréable ; enfin, Budapest, tampon entre Orient et Occident, ville chargée d'histoire, si souvent envahie, dominée, blessée mais éprise de liberté, Budapest mérite qu'on s'y arrête !

Compte -rendu : Nicole Labbe

Photos : Corinne Bordas


Exposition Baignol au Four des Casseaux

Visite du Four des Casseaux du 12 janvier 2023.

Environ 35 Lycéennes ont écouté les talents de narrateur et d’historien de Thomas Hirat au sein de ce monument historique de Limoges. L’exposition intitulée « Baignol, père et fils, pionniers de la porcelaine de Limoges » est disposée au milieu des fours .

Étienne Baignol( 1750- 1822), ancien tourneur de la manufacture Royale de Limoges est le 1er grand artisan d’art de la porcelaine. Il fonde la manufacture des Augustins en 1797 dans un ancien couvent ( route de Paris) qui sera la plus prolifique de la ville. Spécialiste des arts de la table de haut niveau, sa porcelaine est remarquable notamment par son blanc très pur.

François, ( 1791-1875) suit les pas de son père en digne héritier. Homme de son temps, il répond aux demandes plus industrielles et s’installe à St Brice sur Vienne.

Camille et Evariste, 3eme génération tentent l’aventure à l’international dans le pays basque mais les affaires ne prennent pas et s’arrêtent à la fin du 19eme. Une centaine de pièces de collections privées sont exposées, magnifiques, témoins historiques de grande qualité et de prouesses techniques provenant de ces pionniers de la porcelaine.

Résumé : Brigitte Bigot

photos : Anne Marie Dumas


Sortie culturelle à Paris : deuxième journée

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Sortie culturelle à Paris : journée du 30 novembre

Une vingtaine de lycéennes se sont donné rendez-vous pour deux journées culturelles dans la capitale, avec un programme riche et varié , particulièrement bien organisé et finalisé par Josette Lapouge .

LE MUSEE DE CLUNY

Seul Musée National en France consacré au Moyen Age , il est le lieu incontournable pour découvrir la civilisation médiévale.

Après plus de 10 ans de travaux, le Musée « Nouvelle Génération » est sorti de son étui un peu « poussiéreux » pour  entrer dans le XXIe siècle.

Plus accessible, plus visible, plus lisible, grâce à une nouvelle muséographie menée avec le souci de préserver les atouts du Musée : site à taille humaine, grande proximité avec les œuvres et harmonie entre bâtiments et collections.

 La refonte du circuit permet d’appréhender l’époque médiévale chronologiquement et de découvrir la diversité des œuvres artistiques , principalement européennes sur un temps long de plus de 1000 ans.

Le circuit commence par le premier Moyen-Age, avec les collections gauloises et romaines

Il se poursuit par le Moyen -Age central où l’on aborde  la période romane, le 1ergothique, avec les sculptures de Notre Dame et la Sainte Chapelle, jusqu’aux années 1320.

La salle appelée «l’ Œuvre de Limoges »présente une quantité impressionnante de chasses , d’émaux et autres œuvres des « arts et du feu » des XII et XIII e siècles.

Tout l’étage est consacré au XIVe et XVe siècle : dans ces espaces dédiés au Moyen Age tardif ,on peut admirer les différentes œuvres de l’Art Italien , de l’Europe du Nord, de l’Art Français du XVe, entre Moyen âge et Renaissance.

La salle dédiée aux tentures de la Dame à la Licorne reste le chef-d’œuvre absolu des collections du Musée et a été conservée dans son écrin premier.

Le circuit se termine par un espace mettant en scène un chœur d’église de la fin du moyen âge avec les stalles de Saint Lucien de Beauvais et des tapisseries représentant les scènes de la vie de Saint Étienne

SOIREE THEATRE

"Une situation délicate"au théatre EDOUARD VII

ALAN AYCKBOURN, auteur anglais le plus joué dans son pays après Shakespeare, anime ce chassé-croisé férocement drôle.

une pièce merveilleusement servie par des acteurs de talent : Elodie NAVARRE, Clotilde COURAU, Max BOUBLIL et Gérard DARMON

                                                                                                                                                

Dans cette pièce très rythmée , les malentendus et les  quiproquos s’enchaînent                                                                                             

 L’intrigue amoureuse est délirante et le spectateur rit énormément , entraînant  les acteurs eux -même dans un fou rire.                                                                     

La catastrophe n’est jamais loin. Et bientôt tous vont se retrouver dans une situation .. très délicate ! 


Exposition Francis Chigot : Un monde de lumières

La ville de Limoges , «  ville des arts et du feu », souligne l’importance de l’œuvre de Francis Chigot , célèbre maître verrier limougeaud du XX ième siècle,et met en valeur les vitraux produits par l’artiste grâce à une mise en scène particulièrement réussie    

Francis Chigot est né à Limoges en 1879 et il y meurt en 1960. Premier prix de l’école des Arts Décoratifs de Limoges , il installe en 1907 son atelier de peinture sur verre en plein centre ville. Pour se faire connaître il participe à de nombreux salons à Paris où son travail qui va du paysage chatoyant de style Art nouveau aux lignes graphiques Art Déco , le fait remarquer.

"l'émailleuse" est la première oeuvre présentée à Paris

Son succès fut autant national , avec la réalisation de vitraux pour de nombreux  édifices religieux : Églises des Saints Anges et Saint Paul -Saint louis  et des édifices civils avec les magnifiques verrières de la gare de Limoges ou des clients privés, qu’international avec de grands chantiers au Canada,Etats-Unis, Haïti ou encore Algérie.

Après la guerre ,on observe une forte demande liée aux besoins de la reconstruction et à l’explosion des villes d’Eaux

Une sélection de quarante vitraux et d’une centaine de documents( maquettes, cartons, esquisses) retracent cinquante trois années d’activité de l’artiste et de son atelier.A travers son œuvre , on peut observer  les différentes tendances artistiques du 20ième siècle.

Les œuvres exposées permettent de montrer la diversité des créations et le talent de Francis Chigot qui, à la manière d’un peintre utilise  « le plomb comme pinceau et le verre comme palette. »

Deux groupes de lycéennes ont effectué la visite de cette magnifique exposition , guidées par Martine Tandeau de Marsac , petite fille de Francis Chigot .


Journée Interclubs – jeudi 6 octobre 2022- Valençay ou l’art de vivre à la Française

C’est avec un grand plaisir que certaines d’entre nous ont retrouvé des amies lycéennes du club d’Orléans et que les autres ont fait connaissance avec ce club dynamique .Anne- Marie a accueilli avec un  plaisir  non dissimulé cette importante délégation d’Orléans dans un établissement hôtelier de Valençay dans lequel nous avons écouté Monsieur Martinet , ancien Président de l’association des Amis de Talleyrand nous conter avec moult détails la vie de cette personnalité hors du commun, figure à la fois décriée et admirée, cependant mal connue et qui fut l’un des plus illustres diplomates que la France ait connu.L’association des Amis de Talleyrand , crée en 1998 est une association internationale qui compte 180 membres , intéressés par l’histoire et qui a pour but de perpétuer et défendre le souvenir de Charles Maurice de Talleyrand Périgord. La Conférence très détaillée et riche de nombreux détails de la vie de cet illustre personnage sera présentée en 2 parties et nous permettra de profiter d’un bon déjeuner, pendant lequel les 2 clubs ont veillé à bien mélanger les convives, afin de mieux faire connaissance. Nous aurons ensuite le plaisir d’écouter notre historien dans le magnifique théâtre du château.

Première conférence 

 L’enfance de Talleyrand , né en 1754 à paris , 2ième de 5 enfants, il est destiné par sa famille à succéder à son oncle Archevèque de Reims ,et elle va d’abord faire de lui un homme d’église, et il dira «  On me force à devenir ecclésiastique, on s’en repentira »

en 1774 , il reçoit les ordres mineurs et présente sa thèse de théologie en Sorbonne

en 1779 , il est ordonné prêtre, ce qui lui permet de dire : « Ils veulent faire de moi un Prêtre , ils vont faire de moi un Affreux »

en 1788 , il est nommé Evêque d’Autun où il n’habitera jamais

Il quitte la prêtrise et mène une vie laïque sous la Révolution

Deuxième conférence

1789 : il prend le parti de la Révolution , il propose la nationalisation des biens de l’église et les met en vente, ce qui lui valut d’être surnommé:"le diable boiteux" ou" monstre mitré"

1790 : il prête serment à la Constitution civile du clergé

Talleyrand traversera et oeuvrera  grâce à sa remarquable intelligence sous  l’Ancien régime, la Révolution, le Consulat, l’Empire, la Restauration et la Monarchie de Juillet, sans trop d’encombre. Ministre des Relations Extérieures, Grand Chambellan,il connaîtra 13 gouvernements et signera 110 traités .

Il fut durant son exceptionnelle carrière, un homme d’action, défenseur des libertés. Sa remarquable intelligence, alliée à une réelle réflexion politique, fit de lui un diplomate d'envergure, capable d'anticiper avec un discernement inégalé certains des grands bouleversements politiques qu'allait connaitre l'Europe au XIXe siècle.Visionnaire, il écrit sur la laïcité,  précurseur du système métrique et de la mixité, il défend l’égalité scolaire entre les sexes . Il laisse à la postérité le soin de démêler les fils de sa personnalité complexe 

"Je veux que pendant des siècles on continue à discuter sur ce que j’ai été , ce que j’ai pensé , ce que j’ai voulu"

 Le château de Valençay

A la suite de cette belle leçon d’histoire, nous allons visiter le château , ses nombreuses pièces et salons , magnifiquement meublées , en commençant par la galerie à arcades de la cour d’honneur où figurent les  tableaux des nombreux ancêtres , riches et célèbres de Talleyrand.Talleyrand y repose dans une crypte qu’il a fait creuser au sein du château

Bien que situé dans l’Indre s’apparente par sa construction aux châteaux de la Loire , le château de Chambord , par exemple.Les propriétaires successifs , la Maison d’Estampes et les Villemorien , en particulier ,ont au fil des générations , transformé par d’importants travaux d’agrandissement et d’embellissement le manoir féodal datant du XII ème siècle en château de plaisance de style Renaissance. Il a été vendu en 1803 à Charles -Maurice de Talleyrand -Périgord, alors ministre des relations extérieures du Consulat, obéissant ainsi à  Bonaparte ,suivant cet ordre :

 « je veux que vous ayez une belle terre , que vous y receviez brillamment le corps diplomatique, les étrangers importants ».

Les divers salons et chambres à coucher (100 pièces et 25 appartements de maître) abritent un somptueux mobilier principalement d’époque Empire.Entre 1808 et 1811 un théâtre à l’italienne de 200 places décoré « à l’antique » fut aménagé dans les communs afin de divertir les Princes d’Espagne , Princes déchus et assignés à résidence à Valençay, Cage dorée , dont le souvenir est évoqué par la chambre du Roi d’Espagne.La superficie du parc est d’une quarantaine d’hectares. Le jardin à la Française date de 1906 , une partie des terres a été transformé en parc animalier.

Brigitte MARTIN


Rabat : congrès et voyage, du 21 au 31 mai 2022

Douze lycéennes et deux accompagnants , telle était la délégation du Lyceum Club du Limousin, un des clubs de France les mieux représentés au Congrès International de Rabat, ce qui fit ma fierté . Deux cent vingt Lycéennes venues de quinze pays des deux hémisphères ont assisté à l’AG de ce Congres International , AG suivie aussi , grâce à la vidéo-transmission par d’autres membres qui n’avaient pu faire le déplacement .

Muriel Hannart , Présidente Internationale , ainsi que Marilyn Mackinder et Monique Gatcher, vice-présidentes des hémisphères sud et nord , ont été réélues dans leur fonction pour un deuxième mandat de trois ans . Le problème majeur reste celui des effectifs en baisse, moins de 424 membres en 2019 et le vieillissement des clubs . Il est indispensable de se» moderniser» , d’être présent sur les Réseaux Sociaux afin d’attirer des jeunes femmes. Je remercie tout particulièrement Éveline Quéroix qui anime remarquablement notre web-site et Sylvie Laganne et Béatrice Theillaud qui ont accepté d’intégrer notre club sur Facebook et Instagram .

Si les clubs de Moscou et de Gênes ont été dissous , un club a été crée en Géorgie et 2 en France; D’autres créations sont espérées …

Quelques grands moments de ce Congrès m’ont particulièrement marquée . Grâce à d’intéressantes rencontres avec  Eric de Kermel , Dima Droubi et Fatma Chraibi , nous avons perçu la place de la femme dans la société marocaine . Mais la passionnante conférence d’Amina Oufroukhi , magistrate au Maroc , nous a éclairées sur le principe d’égalité de droits en termes de violences faites aux femmes, de mariages forcés, de répudiation, de divorce,  de droit des femmes célibataires, de protection sanitaire et sociale des femmes âgées …Il.reste encore beaucoup à faire concernant la polygamie, les certificats de virginité ou les interruptions de grossesse …

Enfin le Leg Carlin de 1000 euros , destiné à soutenir une initiative contribuant à améliorer les conditions de vie des femmes ,a été attribué à une Coopérative féminine marocaine ( choix du Lyceum Club de Rabat ) . Grace à leur production de farine de lentilles , d’élevage de poulets et de fabrication de tapis ,ces femmes au sein de leur foyer peuvent participer au maintien de la scolarité de leurs filles et de leurs garçons .

Le club de Rabat a été chaleureusement remercié pour l’organisation de ce Congres qui a permis de belles rencontres et de belles découvertes ( palais , ryads , jardins , médinas  …) mais aussi fut source de remise en question pour nous , en étant à l’écoute d’autres pays du monde

Anne-Marie 

pré et post congrès


Sur les pas de Simone de Beauvoir

Sur les pas de Simone de Beauvoir : invitation à la lecture

Le cercle de lecture du Lyceum club international du Limousin
(LCIL), animé par Alyette Serbource-Goguel, a passé un moment
exceptionnel chez Martial et Danièle Dauriac, le 30 mai 2022, à
Meyrignac, dans la maison de famille de Simone de Beauvoir

Nous remercions Florence Jaunez, notre écrivaine, de notre faire partager ce moment.

Danièle nous fait découvrir le jardin aux essences rares où tout est souvenir pour la jeune fille rangée : « les petits ponts de rondins », « la rivière anglaise », « l’île minuscule ». Martial, quant à lui, nous a dévoilé photos anciennes, médailles ― reçues pour l’obtention en 1924 de la première partie du baccalauréat avec la mention « bien » et en 1925 pour le
succès à la seconde partie du baccalauréat, dans deux sections différentes, philosophie et mathématiques élémentaires ―, lettres précieuses, bibliothèque, qui nous ont fait entrer dans l’œuvre et l'univers de Simone.
Ce fut un plaisir rare.
Martial nous a aussi conté l’histoire familiale, évoquant l'arrière grand père de Simone, Narcisse Bertrand de Beauvoir, qui se fixant à Tulle pour ses fonctions, après avoir été « contrôleur des contributions à Argentan » (1), acquiert Meyrignac, vers 1840. Son fils aîné, Ernest, grand-père de Simone, « hérite entre autres biens d’un domaine de deux cents
hectares »(2) et se passionne également pour la propriété. Féru des travaux d’Haussman et séduit par les parcs et jardins de Paris où il demeure, il crée le perron et arbore le parc où les arbres se répondent en écho. Devenu veuf, il se retire à Meyrignac, comme son père avant lui, et fait donation de ses biens à ses enfants Gaston, Hélène et Georges. Ce dernier, père de Simone
(1908-1986) et d’Hélène, dite Poupette, est avocat mais fréquente le« Palais » sans conviction. Rentier rapidement ruiné par les emprunts russes, il joue la comédie, à Divonne-les-Bains, « avec une troupe d’amateurs qui se produisait sur la scène du Casino ; ils distrayaient les estivants et le directeur du Grand Hôtel les hébergeait gratis. »(3)


À la mort de leur père Ernest en 1929, Gaston, l’aîné, reste propriétaire de Meyrignac, tandis qu’un changement de vie frappe Georges et sa famille, ils se retrouvent démunis. C’est à cette date que Simone, succession oblige, perdra sa maison d'enfance et de jeunesse, Meyrignac, qui incarne pour elle la liberté, la nature, le bonheur et la naissance de sa
vocation littéraire.
                 « Nous passions l’été en Limousin … »

Martial égrène des pages des Mémoires d'une jeune fille rangée, qui décrivent la parentèle, les lieux fondateurs, le jardin, la nature exaltante :
Nous passions l’été en Limousin, dans la famille de papa. Mon grand-père s’était retiré près d’Uzerche, dans une propriété achetée par son père. Il portait des favoris blancs,
une casquette, la Légion d’honneur, il fredonnait toute la journée. Il me disait le nom des arbres, des fleurs et des oiseaux. Des paons faisaient la roue devant la maison couverte de glycines et de bignonias ; dans la volière, j’admirais les cardinaux à la tête rouge et les faisans dorés. Barrée de cascades artificielles, fleurie de nénuphars, la « rivière anglaise », où nageaient des poissons rouges, enserrait dans ses eaux une île minuscule que deux ponts de rondins reliaient à la terre. Cèdres, wellingtonias, hêtres pourpres, arbres nains du Japon, saules pleureurs, magnolias, araucarias, feuilles persistantes et feuilles caduques, massifs, buissons, fourrés : le parc, entouré de barrières blanches, n’était pas grand, mais si divers que je n’avais jamais fini de l’explorer. Nous le quittions au milieu des vacances pour aller chez la sœur de papa qui avait épousé un hobereau des environs ; ils avaient deux enfants. Ils venaient nous chercher avec « le grand break » que traînaient quatre chevaux. Après le déjeuner de famille, nous nous installions sur les banquettes de cuir bleu qui sentaient la poussière et le soleil. Mon oncle nous escortait à cheval. Au bout de vingt kilomètres, nous arrivions à La Grillère. Le parc, plus vaste et plus sauvage que celui de Meyrignac, mais plus monotone, entourait un vilain château flanqué de tourelles et coiffé
d’ardoises. Tante Hélène me traitait avec indifférence. Tonton Maurice, moustachu, botté,
 une cravache à la main, tantôt silencieux et tantôt courroucé, m’effrayait un peu. Mais je me plaisais avec Robert et Magdeleine, de cinq et trois ans mes aînés. Chez ma tante, comme chez grand-père, on me laissait courir en liberté sur les pelouses, et je pouvais toucher à tout. Grattant le sol, pétrissant la boue, froissant feuilles et corolles, polissant les marrons d’Inde, éclatant sous mon talon des cosses gonflées de vent, j’apprenais ce que n’enseignent ni les livres ni l’autorité. J’apprenais le bouton-d’or et le trèfle, le phlox sucré, le bleu fluorescent des volubilis, le papillon, la bête à bon Dieu, le ver luisant, la rosée, les toiles d’araignée et les fils de la Vierge ; j’apprenais que le rouge du houx est plus rouge que celui du laurier-cerise ou du sorbier, que l’automne dore les pêches et cuivre les feuillages, que le soleil monte et descend dans le ciel sans qu’on le voie jamais bouger. Le foisonnement des couleurs, des odeurs m’exaltait. Partout, dans l’eau verte des pêcheries, dans la houle des prairies, sous les fougères qui coupent, au creux des taillis se cachaient des trésors que je brûlais de découvrir.(4)

Pendant la Première Guerre mondiale, lorsque Simone avait six ans, elle simule dans les jeux d'enfants avec sa sœur et sa cousine les combats entre l'Angleterre, la France et la Russie, faisant état de son étonnante
précocité intellectuelle : « J’inventais des jeux appropriés aux circonstances : j’incarnais Poincaré, ma cousine Georges V, ma sœur, le tsar. Nous tenions des conférences sous les cèdres et nous pourfendions les
Prussiens à coups de sabre. »(5)

Martial nous lit aussi la lettre émouvante, datée du 22 mars 1986, de sa mère Jeanne à Simone, mais cette lettre ne parviendra pas à temps à sa destinataire. L’affection entre les deux cousines est bien réelle, en témoignent les dédicaces de Simone qui parsèment ses livres pieusement offerts et rangés dans le petit salon. D'entrer ainsi dans l'intimité de l'écrivain donne véritablement envie de mieux connaître son œuvre. Nous avons toutes apprécié dans son ouvrage, La Vieillesse, véritable thèse, qui a paru en 1970, son érudition, son style clair et l'acuité de ses réflexions.
Au gré de cette rencontre, nous avons retrouvé les familiers de Simone : Louise, sa gouvernante, ses grands-parents, ses oncles et tantes, Jeanne, sa cousine, « d’un an plus jeune qu’[elle] », Poupette, sa sœur. Sa tante Lili, son père chéri, Françoise, sa mère, d’un caractère austère, qui sans ressources fut assistée par sa fille durant une longue partie de sa vie et qui fut toujours accueillie l’été à Meyrignac par sa nièce.

Le Limousin fut un lieu d'expérience pour Simone de Beauvoir, elle y apprit la déclaration de guerre en 1914, s’initia naïvement aux rudiments de la sexualité, en 1919, y perdit la foi et mentit à sa mère, pendant trois ans, à ce sujet. Elle y décida d'être écrivain. Elle y connut au sens biblique Sartre, en 1929. La rencontre avec Sartre clôt son récit d’enfance et de jeunesse, Simone déclare « Sartre répondait exactement au vœu de mes quinze ans […]. Avec lui je pourrais toujours tout partager. Quand je le quittai au début d’août, je savais que plus jamais il ne sortirait de ma vie. »(5)

Elle vécut aussi en 1929 une série de deuils, et surtout, à cette date, après le décès de son grand-père, Simone n'est plus chez elle à Meyrignac. Les retours à Meyrignac de Simone seront rares, elle n’y reviendra que trois fois, en juillet 1931, en 1943 (faisant le trajet d’Uzerche à Meyrignac à bicyclette), enfin en 1969, mais ce jour, voyant courir une troupe d’enfants blonds dans le parc, elle ne franchit pas la grille. 

Martial et Danièle nous ont fait visiter les lieux, avec simplicité et chaleur, merci à eux pour ces instants incomparables

Florence Jaunez

1.Mémoires d'une jeune fille rangée, page 44

2.Mémoires d'une jeune fille rangée p 44-45

3.Mémoires d'une jeune fille rangée p37

4.Mémoires d'une jeune fille rangéep35-38 édition folio première édition Gallimard 1958

5.Mémoires d'une jeune fille rangée p 38
Prolongements :
La Femme indépendante de Simone de Beauvoir, éditions folio, bref ouvrage qui cite de larges extraits du Deuxième Sexe.
Œuvre autobiographique : cette somme comprend après les Mémoires d’une jeune fille rangée (1958) de la naissance à 1929, La Force de l’âge
(1960) qui couvre la période de 1929 à 1944, La Force des choses (1963) d’août 1944 à l’automne 1962.
« Dans Tout compte fait (1972), Simone de Beauvoir reprend le passé déjà raconté, en l’ordonnant non plus selon la chronologie, mais en fonction de thèmes successifs, tout en complétant le récit de sa vie jusqu’à la date de rédaction du volume. Auparavant, Une mort très douce (1964), occupant une place latérale dans l’ensemble, racontait l’agonie et la mort de
Françoise de Beauvoir telle que sa fille les avait vécues. En 1981, La Cérémonie des adieux clôt l’œuvre entière de Simone de Beauvoir par le récit des dernières années de Sartre (de 1970 à 1980) »(6)