"Autolouange" par Chantal M'Garambe
Dix lycéennes se sont retrouvées chez Christine Motte le vendredi 29 avril 2022 pour un atelier- découverte de l’autolouange.
L’autolouange est une pratique très ancienne, un art oratoire millénaire et universel. C’est une sorte de poème, une manière élogieuse, publique et solennelle de se nommer, de célébrer la vie et renouer avec sa créativité. La proclamation est aussi importante. Elle crée du lien avec soi et l’autre et déploie la capacité à s’émerveiller : simplicité d’une écriture en « Je » pour se connecter à soi et les autres.
Cette matinée était animée par Chantal N’Garambe, Rwandaise qui s’est formée avec Marie Millis, une enseignante belge qui a remis cette pratique au gout du jour avec des consignes très simples. A partir de cartes postales, et ensuite de photos, Chantal nous a aidées à écrire, partager et proclamer nos textes. Bons moments d’échanges, d’amitié…. Dépasser ses limites et découvrir une part insoupçonnée de soi. Nous nous sommes envoyées les textes ou phrases que nous avions envie de partager pour en faire un bouquet collectif. Nous avons terminé la matinée par un repas partagé, genre auberge espagnole où nous avons continué à discuter, rire et échanger.
Christine Motte
PASSION NATURE
par Béatrice Robyn
" La Nature est un somptueux théâtre où chaque jour est un spectacle".
Monique Moreau
« En 2004, avec mon mari, nous tombons sous le charme d'une ferme datant de 1870 située à Bouvignies sur un terrain de 5000m2 dans les environs d'Orchies. Dénuée de tout confort, les premières années sont consacrées à sa restauration.
En 2006, nous créons un verger : pommiers, poiriers, cerisiers, pruniers et même un amandier que l'on nous a vendu pour un pêcher.
L'année suivante, nous créons deux plates bandes composées d'arbustes, de plantes vivaces et de rosiers.
Depuis, chaque année, notre jardin évolue avec l'implantation de nouveaux massifs. J'ai à ce sujet une imagination débordante.
Nous nous sommes répartis les tâches : mon mari s'occupe de la pelouse (travail bien allégé par l'acquisition d'un robot) et de la taille des arbres. Je m'occupe des massifs de fleurs et du potager
J'ai un amour particulier pour les rosiers, surtout les roses anglaises,
qui nous offrent du mois de mai jusqu'aux gelées une floraison généreuse et magnifique. J'aime beaucoup aussi les hortensias. Malheureusement ces dernières années les températures estivales excessives les font souffrir un peu malgré les arrosages en eau de pluie que nous recueillons dans des citernes.
Cette activité est devenue pour moi une passion. Quand je suis dans ce jardin, le temps est suspendu, je suis en union avec la Nature, j'oublie mes soucis, j'observe, je prends soin de chaque plante, si l'une d'entre elles semble végéter, je la change de place selon ses besoins.
En plus de notre jardin d'agrément, nous avons très vite implanté un jardin potager qui assure notre consommation de légumes pendant la belle saison et pour certains en hiver.
" Cultiver un potager ce n'est pas seulement produire ses légumes, c'est apprendre à s'émerveiller du mystère de la Vie "
Pierre Rabhi
Notre jardin est vivant.
Nous y travaillons dans le respect de la Nature : pas de pesticides, de produits chimiques, l'emploi de produits naturels est privilégié ce qui permet le développement des petits auxiliaires comme les coccinelles, les abeilles, les papillons, les grenouilles, les crapauds sans oublier les vers de terre. Je pratique le paillis dans mes massifs et dans mon potager c'est à dire que je ne laisse jamais une terre nue. je mets du bois broyé ou des tontes d'herbe. Cela empêche la croissance des plantes indésirables, évite l'évaporation et nourrit le sol. Ce sont les principes de la permaculture.
je suis pleine de gratitude pour tout ce que notre jardin offre à notre regard en émerveillements et je remercie cette terre qui nous nourrit ».
Béatrice Robyn
MON HOBBY :LA PEINTURE SUR PORCELAINE
par Dominique Clinckx
S'occuper les mains vide la tête. Il faut croire que la mienne était bien encombrée car j'ai toujours eu besoin d'occuper mes mains : broderie, tricot, couture, poterie.
N'ayant aucun don pour maîtriser les volumes, seule la peinture sur l'émaillage m'intéressait et je fus ravie lorsque le groupe décida de s'orienter vers la peinture sur porcelaine.
Dévorer les livres traitant le sujet s'avéra vite insuffisant pour progresser.
Seule une main expérimentée peut vous apprendre les diverses façons de charger un pinceau ou les manières de l'utiliser selon l'effet recherché, ce qui m'a amenée à prendre des cours.
Quelle chance d'avoir près de chez moi une artiste travaillant pour un grand décorateur parisien !
Nous sommes une dizaine, heureuses de nous retrouver le lundi, unies par une même passion qui gomme les différences d'âge. Chacune s'enrichit de la créativité de l'autre. Nous échangeons des idées, des « petits trucs », toujours guidées dans la progression du travail par notre prof.
Pas de passage à Limoges sans effectuer une tournée des maisons de porcelaine.
Lorsque mes petites filles venaient en vacances à la maison, je les ai initiées et fus étonnée de la qualité de leur travail. Quel bonheur pour elles de repartir à Lyon chargées de leurs œuvres réalisées à l'intention de Maman, Grand-père ou de la Maîtresse.
Quel bonheur pour moi que ces moments partagés et de les entendre dire que non seulement elles avaient hâte de revenir mais qu'elles aimeraient plus tard peindre sur porcelaine.
Le témoin relais est passé.
Dominique Clinckx
JARDIN ET PHOTOS MES HOBBIES
par Nicole DOUAY
Pendant de nombreuses années, c’est mon mari qui prenait des photos avec un appareil argentique. J’avais envie de profiter du moment présent et ne pas m’embarrasser d’un appareil photo.
En novembre 2005, nous sommes partis au Japon pour admirer les couleurs d’automne. A cette occasion ma fille m’a prêté son appareil photo numérique et ce fut une révélation et le départ d'une grande passion.
Photographier avec un appareil numérique me convenait tout à fait car le nombre de photos est illimité et je reviens souvent d’un voyage avec plus de 1500 photos.
Visiter les jardins japonais au moment des couleurs d’automne, c’est un enchantement et la source d’une émotion intense: je me devais de capturer ces merveilleux paysages. Je ne savais pas où donner de la tête;
les Japonais ont un sens de l'esthétique et de la perfection inégalé ; je me souviens de la visite d’un musée de Tokyo entouré d’un magnifique jardin ; des femmes revêtues de superbes kimonos déambulaient dans le jardin ; je les suivais discrètement : photographier des femmes en kimono avec pour fond les couleurs d’automne, j’étais comblée.
Nous avons eu la chance de faire avec mon mari de très beaux voyages : je me suis vite aperçue qu’outre la beauté de la nature, j’aimais bien photographier les scènes de la vie courante notamment faire des portraites d’enfants. J’aime leur spontanéité, leur regard souvent très expressif, leur gaieté. Bien souvent ils adorent être photographiés à condition qu’on leur montre sur l’écran l’image que l’on a capturée.
En Asie, faire des portraits ne pose pas de problèmes ; je me souviens d’un mariage en cours de préparation où toutes les demoiselles d’honneur nous ont suppliés de les prendre en photo et nous ont laissé leur adresse mail pour qu’on leur envoie les photos.
Nous avons eu l’occasion de faire un voyage au Vietnam avec un groupe de photographes : quel plaisir de pouvoir s’arrêter autant de fois que l’on souhaite, de ne pas se faire houspiller si on retarde le groupe et de partager sa passion. Ce fut un voyage hors des sentiers battus dans les petits villages de pêcheurs ou dans les villages de montagne ou à la campagne avec logement chez l ’habitant
Certains marchés au Vietnam font le bonheur des photographes car toutes les femmes portent le costume traditionnel ; outre les produits locaux, les paysans viennent vendre leurs chevaux, leurs oiseaux. Il y a aussi le marché aux chiens et je me souviens du regard apeuré de ses pauvres bêtes sans oublier les combats de coq.
La nature et mon jardin sont également un thème privilégié. Quel
plaisir de photographier les premières feuilles des érables, les splendides couleurs d'automne
les abeilles qui butinent et les libellules sans oublier les papillons.
Il est essentiel de choisir le moment favorable : au lever ou coucher du soleil car les lumières sont belles et les insectes sont moins agités .
∙ le must c'est quand il y a un peu de rosée ou du givre . un jour sans vent
Depuis que je prends des photos, j’ai l’impression de mémoriser beaucoup plus mes voyages, et c’est un bonheur de regarder les livres que je réalise en ligne après chaque voyage et de fixer des moments familiaux privilégiés.
PASSION PEINTURE
par Marie-Claude Couture
Au sortir d’une vie professionnelle passionnante mais chronophage et énergivore et qui laissait vraiment peu de place à la fantaisie dans un milieu essentiellement masculin, la question s’est posée de savoir comment réveiller les passions que j’avais en sommeil. C’est donc tout naturellement et vraisemblablement héritées de mes attaches familiales, que mes aspirations se sont portées vers la peinture. Le déclic s’est produit à l’occasion d’une exposition parisienne consacrée à l’itinéraire, l’œuvre et le fabuleux destin de « Séraphine de Senlis ». Dans un premier temps, l’apaisement souhaité s’est mû en une forme d’angoisse, celle de troquer la page blanche (qui m’était très familière) par une toile vierge.
Quelles techniques utiliser, gouache, aquarelle, huile… et au service de quels sujets, le paysage, la nature morte, le portrait, l’abstrait ?
Très vite mon inspiration m’a guidée et portée, de façon très intuitive, vers les portraits stylisés de femmes, les « femmes à travers le monde » rencontrées à l’occasion de voyages dans les pays d’Asie et d’Orient.
J’ai pu en ces circonstances appréhender et prendre conscience de la richesse, de la beauté de ces derniers espaces « déconnectés » où vivent des ethnies minoritaires qui préservent culture et traditions.
Au fil des tableaux que j’ai réalisés avec beaucoup d’amateurisme j’ai pris conscience que toutes ces femmes, quels que soient leur pays, leur milieu, leurs croyances, leurs origines ethniques, leurs coutumes, portaient en elles cette beauté qu’elles exaltaient avec un art consommé de tirer profit des accessoires les plus modestes : bijoux (en corne, en coquillages, en os, en dents, en or et en argent), coiffes artisanales héritées de traditions ancestrales, vêtements brodés avec des matériaux de fortune (corde, raphia, soie, laine, poils et crins d’animaux…)
Et, à y regarder de plus près, c’est aussi un peu de leur âme que j’ai essayé de faire transparaître dans ces figures emblématiques d’ethnies gardiennes de traditions millénaires.
Cette passion a constitué un véritable « voyage en terre inconnue », une source d’évasion avec ces femmes du bout des Mondes dont la fierté, la dignité et l’élégance sont de fabuleux témoins de la beauté de leurs âmes.
En attendant de pouvoir à nouveau voyager, je peins d’autres sujets avec autant de plaisir.
Marie-Claude Couture – Anaïs
SOUS LE SIGNE DES ARTS DE LA TABLE
« Je brode, tu brodes, elles brodent… » par Cécile Leurent
Mes filles hériteront chacune d’une nappe brodée de mes blanches mains. S’en serviront-elles ? Ou bien estimeront-elles que leur nappe est trop difficile à repasser –ce qui est un peu vrai-, et la garderont- elles dans leur armoire comme une relique ?
Suis-je une brodeuse experte ? –Certainement pas, je n’ai jamais appris plus que ce que nous faisions en « classe de couture », c’est-à-dire un minimum pour pouvoir recoudre un bouton… d’ailleurs le seul intérêt de ce cours était qu’on se reposait la tête en écoutant la lecture à voix haute d’un livre rarement passionnant.
Pendant une longue période de ma vie, j’ai été « femme au foyer » et j’ai ressenti le besoin d’une activité créatrice. J’ai commencé par broder des petites fleurs sur les poignets d’un chemisier, puis d’autres motifs, toujours sur des vêtements : un perroquet, un canard, un pigeon… mais vient un jour où l’habit est usé, démodé, on n’en veut plus…
Je me suis alors lancée dans un ouvrage plus long. En m’aidant des illustrations de livres d’enfants, j’ai imaginé une ronde de poissons au centre d’une nappe blanche ovale, je l’ai dessinée sur papier, puis décalquée sur le tissu… et en avant le coton à broder de toutes les couleurs, les aiguilles fines, le dé, les petits ciseaux !
Je n’ai aucune méthode, je fais du remplissage au point « lancé plat » - c’est ainsi qu’on appelle cet « art » - c’est très facile !
La deuxième nappe s’appelle « gallinacées » : une famille de cannetons derrière la canne, un coq, sa poule et leurs poussins, un paon orgueilleux… Sur la troisième et dernière : des papillons multicolores, posés en guirlande sur des branches feuillues.
Chaque nappe m’a pris deux ans… Il faut un peu d’imagination, très peu de technique, de la persévérance et de bons yeux… Ces « ouvrages de dames » sont complètement démodés, c’est peut-être ce qui fait leur charme ?
Cécile Leurent